26 septembre 2023 - 07:59
Incapable de me situer
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Il y a des semaines comme cela où il est difficile de se faire une tête sur les situations qui se présentent. La semaine dernière en était une.

D’abord, la négociation du secteur public qui perdure. Les syndiqués manifestent. Certains ont déjà voté des mandats de grève générale – 96 % chez les enseignants du cégep d’ici. Il y a fort à parier que les autres travailleurs de l’éducation et de la santé en feront autant sous peu.

Je peux comprendre leurs attentes pour améliorer leurs conditions de travail – horaires, organisation, salaires – et ce en pleine inflation. Ils décrient les offres déposées de 13 % d’augmentation sur cinq ans, loin de leurs demandes de 21 % sur trois ans. N’ont-ils pas raison de rappeler que les députés ont augmenté de 30 % leur rémunération et que le Conseil du trésor a offert aux policiers de la SQ une augmentation de 21 % d’ailleurs rejetée? Et ce, alors que Québec a salué bien bas les employés qui ont tenu le fort pendant la pandémie en qualifiant même certains « d’anges »? L’offre actuelle ne traduit pas cette reconnaissance. Et je crains bien qu’insatisfaits, plusieurs expérimentés et de la relève quitteront leur emploi vers la retraite ou vers le secteur privé. Et ce, au détriment des services publics offerts.

En cette période d’inflation qui nous affecte tous, j’admets qu’ils demandent plus, ne voulant pas s’appauvrir. Mais je m’inquiète aussi des effets que cette négo aura sur mes propres revenus de retraitée.

Je reconnais le rôle essentiel qu’ils contribuent au Québec et dans nos vies. Je paye ma juste part d’impôts qui financent le bon fonctionnement de l’État. Comment donc concilier ma solidarité à leur égard et l’assurance que mes revenus seront adéquats jusqu’à la fin de mes jours? Je me le demande encore!

Et Charbone?

Même réaction face à la décision de Sorel-Tracy de couper les liens avec Charbone, faute de paiements dus pour son bail et ses taxes. 125 000 $ en tout.

Oui, un propriétaire doit pouvoir tirer profit de ses investissements. J’y adhère. Mais une ville est-elle un propriétaire comme les autres?

Elle dispose d’une réserve de terrains qu’elle peut vendre, louer ou céder à des entrepreneurs voulant s’établir sur son territoire. Car elle a aussi comme mandat de stimuler le développement de ce dernier et la création d’emplois pour ses gens.

Pour ce, elle compte notamment sur l’arrivée de nouvelles entreprises. Autant que possible des entreprises de pointe. Notamment en environnement, avait-elle défini dans sa planification.

Justement Charbone produira de l’hydrogène vert. C’est d’ailleurs avec fierté que la Ville avait pris des arrangements avec la jeune entreprise pour permettre son implantation.

A-t-elle raison de s’impatienter au point de couper les ponts? Est-elle en droit d’agir ainsi? Probablement.

Mais ce faisant, elle met un point final à cette contribution à la lutte aux changements climatiques dont elle se dit si préoccupée et à une synergie à laquelle elle convoque pairs et entrepreneurs dans divers dossiers.

Comme payeur de taxes, je me dis qu’il est essentiel que toutes les entreprises bénéficient d’un coup de pouce ponctuel comme elles doivent payer leurs dus. Comme citoyenne et contribuable, je vois dans cette décision le refus d’être partie prenante d’un développement prometteur, mais à long terme seulement. Je suis partagée!

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