« Je crois que la Commission ne considère pas le Pérou comme un endroit dangereux », explique d’emblée Marcos Antonio Arcos Medina.
En 2019, Marcos avait pris la décision, avec empressement et contre sa volonté, de quitter le Pérou natal avec sa femme Mirla Barahona et ses fils Axel et Gianmarco. « Nous étions victimes d’extorsion, confie-t-il à voix basse. Du jour au lendemain, les membres de ma famille se faisaient suivre par des individus que nous ne connaissions pas. Ils surveillaient nos moindres faits et gestes. Ensuite, ils nous ont demandé 6000 $ américains, menaçant de s’en prendre à nous si on ne payait pas. Ils savaient exactement où nous trouver. »
Avant de quitter le Pérou, la famille de Marcos menait une vie rangée, et ce, dans de très bonnes conditions. « Je travaillais dans le domaine de la topographie, tandis que ma femme travaillait à l’hôpital. Mes enfants allaient à l’université. On gagnait bien notre vie. Tout allait bien », assure le paternel de 52 ans.
Rapidement, sous les menaces d’atteinte à leur vie, la famille a décidé de quitter le Pérou. Ils ont d’abord débarqué aux États-Unis pour finalement traverser la frontière terrestre entre les États-Unis et le Canada en 2019. Devenus demandeurs d’asile, ils avaient enclenché le processus pour devenir réfugiés.
La famille s’était d’abord installée dans les Cantons de l’Est. Là-bas, Marcos a travaillé comme charpentier-menuisier et même chez Bombardier. Par la force de choses, la famille s’est finalement dirigée vers Sorel-Tracy. « Au début, je voulais que ma femme et mes fils se concentrent sur les cours de francisation. Moi, je travaillais. Puis, à Sorel, ma femme et mes fils se sont trouvé des boulots, tout comme moi. J’ai finalement commencé la francisation aussi pour pouvoir mieux évoluer au travail », explique Marcos.
À Sorel-Tracy, la famille a trouvé un endroit qui leur plaisait à 100 %. Chaque membre s’intégrait bien à leur communauté d’adoption et se voyait vivre ici longtemps. Même que Gianmarco a marié une Soreloise, Coralie Despaties. « On participe activement à la vie de la communauté. On veut rester ici », insiste Marcos.
30 jours pour quitter le pays
Depuis son arrivée à Sorel-Tracy, la famille péruvienne filait le parfait bonheur. Jusqu’à la semaine dernière… Le temps s’est arrêté pour Marcos et sa famille. Alors que le déracinement précipité du Pérou semblait loin derrière eux, ils ont reçu, début octobre, l’avis de quitter le Canada d’ici 30 jours.
Depuis, la famille vit beaucoup de stress. « On est en contact avec notre avocat. On va sûrement porter la décision en appel et rester sur le territoire durant les procédures », laisse tomber avec tristesse Marcos. « C’est difficile à vivre, ajoute Coralie, la femme de Gianmarco. On ne connaît pas ce que le futur nous réserve. Je suis vraiment chamboulée. »
Malgré l’ordonnance, la famille veut tout faire pour ne pas retourner dans son pays natal. « On ne veut pas retourner au Pérou! On était en danger en 2019, on l’est encore en 2025. On craint vraiment pour notre vie, surtout que les tensions se sont exacerbées au Pérou dans les dernières semaines », confie Marcos.
En effet, le 15 octobre, le journal Le Monde rapportait que le fléau de l’insécurité soufflait dans ce pays d’Amérique latine. « On se fait assassiner pour 5 soles [2 $CAN]! L’extorsion s’est institutionnalisée, c’est devenu un impôt de plus à verser à différentes bandes criminelles. Si tu ne paies pas, on te tue! » a dit un citoyen péruvien au journal.
Malgré la situation, Marcos ne critique pas le gouvernement du Canada. « On ne veut pas créer une polémique. On est vraiment de bonne foi. On souhaite seulement que l’instance reconsidère notre situation et nous donne le statut de réfugié », conclut Marcos Antonio Arcos Medina.
La Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) ne pouvait ni confirmer ni infirmer qu’elle possède des renseignements en lien avec Marc Antonio Arcos Medina et sa famille. « Les dossiers des demandeurs d’asile sont confidentiels et les audiences connexes sont tenues à huis clos », informe le CISR via courriel.







