1 mars 2023 - 07:55
Intimidation : une mère et sa fille n’en peuvent plus et lancent un cri du cœur
Par: Jean-Philippe Morin

Cindy Charland et sa fille Jenny Boudrias lancent un cri du cœur contre l’intimidation. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Une mère et sa fille de 11 ans ont utilisé les réseaux sociaux la semaine dernière afin de lancer un cri du cœur pour que cesse l’intimidation dont cette dernière est victime.

Cindy Charland n’en peut plus de voir sa fille Jenny Boudrias se faire intimider. C’est pourquoi elle a publié un message sur Facebook, le 18 février, qui a été relayé par une centaine de personnes. Plus tard dans la semaine, le 22 février, c’est Jenny elle-même qui a publié une longue vidéo d’une vingtaine de minutes en décrivant son histoire de fond en comble.

Selon la publication de la mère, l’intimidation dure depuis trois ans, mais elle s’est intensifiée dans la dernière année, alors que Jenny est en sixième année à l’École Laplume et ses intimidatrices sont en première secondaire à l’École Bernard-Gariépy. Une amitié rompue avec une autre élève serait à l’origine de cette escalade.

« Les deux premières années, c’était des calls de conne, de vache. Elle ne s’en faisait pas avec ça, révèle Cindy Charland en entrevue. Mais cette année, elles se sont rendues sur le terrain de l’école pour la filmer. Elles ont pris une photo d’elle à l’âge de 7 ans, quand elle était plus ronde, et l’ont publiée sur les réseaux sociaux. La goutte qui a fait déborder le vase, c’est la semaine passée, quand ma fille est allée au Colisée Cardin pour voir les Éperviers, elle s’est cachée dans une cabine des toilettes et elles ont dit qu’elles se mettraient à trois pour lui crisser une volée. »

Mme Charland raconte également que l’été dernier, une vingtaine de personnes se sont rendues sur son terrain privé pour intimider sa fille. La police a été appelée à plusieurs reprises et une fois, une plainte de menaces de mort a été retenue envers l’intimidatrice de Jenny.

La mère veut passer un message afin de sensibiliser la population au fait que ce n’est pas seulement au secondaire que l’intimidation existe, mais aussi au primaire. Elle n’en veut toutefois pas à la police ou au Centre de services scolaire, qui « fait son possible ».

De son côté, Jenny Boudrias se dit désespérée. Même si elle est épaulée par ses proches et sa famille, elle se dit à bout de ressources. Elle s’est déjà auto-mutilée et elle prend constamment des anti-dépresseurs. « J’aurais besoin que quelqu’un m’aide d’un côté psychologique. Je fais souvent des crises de panique, de l’anxiété. J’ai beaucoup perdu confiance en moi. […] Je pogne les nerfs après les gens pour rien des fois, j’ai de la difficulté à contenir ma colère, mais c’est involontaire », narre-t-elle dans sa vidéo.

« Ce n’est pas normal que ma fille ait peur d’aller se promener au centre d’achats ou qu’elle ne puisse pas aller aux Éperviers sans se faire achaler », ajoute sa mère.

Dans une école privée

Jenny ne veut absolument pas aller à l’École Bernard-Gariépy l’an prochain, où ses intimidatrices vont. C’est pourquoi sa mère lui paiera un collège privé malgré qu’elle n’en ait pas les moyens avec six enfants à la maison.

« Il n’y a que le salaire de mon conjoint qui entre à la maison puisque j’ai six enfants. J’ai quand même décidé de l’envoyer au privé parce que je ne peux pas lui faire vivre ça. Ce n’est pas normal que ce soit nous les pénalisées. Ma fille n’est pas blanche comme neige, je le sais. Elle a dit des choses blessantes, mais jamais elle ne s’est alliée avec d’autres pour aller intimider une personne. Il faut que ça cesse et c’est pour ça qu’on sort publiquement », exprime Mme Charland.

« On m’a déjà dit de déménager, mais pourquoi c’est moi qui déménagerais si c’est moi qui subis ça? […] J’ai fait des choses que je regrette, mais c’était pour me défendre. […] L’intimidation, ça n’a l’air de rien, mais c’est vraiment intense quand tu la subis. J’y vais un jour à la fois », conclut Jenny dans son message sur Facebook.

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