Alors que le conseil de la Ville de Sorel-Tracy avait voté à l’unanimité, le 30 mai, pour demander à la MRC de prioriser le terrain synthétique dans le cadre du FRR plutôt que la Corporation, le préfet a d’emblée assuré que le conseil respecterait sa décision initiale.
Il a argumenté que le conseil régional a pris cette décision parce que les maires ne souhaitent pas revenir sur leur décision et ainsi abroger des résolutions déjà entérinées, tout en précisant que la volonté du conseil est aussi de protéger les sommes futures de Sorel-Tracy pour le projet du terrain synthétique.
« Selon les critères d’attribution qu’on s’était donnés, d’un point de vue administratif, on ne pouvait pas contrecarrer ça, tranche le préfet. On a pleinement confiance au DÉPS [Développement économique Pierre-De Saurel] et à Antoine De Tilly […] pour valider et enlever la politique de la décision. »
Néanmoins, à la lumière des derniers événements, Sylvain Dupuis a reconnu que le système d’attribution des montants issus du FRR comportait une faille. C’est pourquoi le conseil régional a décidé de modifier les critères lors des dépôts de prochaines demandes de subvention reliées au FRR. Dorénavant, les organismes qui souhaitent demander une subvention du FRR devront être appuyés par une résolution issue de la municipalité où le projet aura lieu.
« Ce soir, on marque le pas. Avant, ça ne prenait qu’un projet qui avait le support de la municipalité. […] La situation a été corrigée pour s’assurer que les conseils soient au courant des projets déposés », explique Sylvain Dupuis.
Au final, le projet de terrain synthétique de la ville-centre est tout de même admissible au solde de l’enveloppe qui correspond, cette année, à 55 000 $. De plus, la MRC a mentionné que l’enveloppe de l’année prochaine sera complètement dédiée à la Ville de Sorel-Tracy. Le montant de celle-ci reste à déterminer.
Rappelons que la Ville de Sorel-Tracy avait demandé, le 16 mai dernier, un montant de 185 223 $ du FRR pour la construction de son terrain synthétique. Toutefois, le 18 mai, le conseil régional avait plutôt décidé d’octroyer les deux montants provenant d’enveloppes réservées pour Sorel-Tracy et pour des projets issus du territoire de la MRC à la Corporation sous le principe du « premier arrivé premier servi ».
Une décision qui avait indigné plusieurs élus sorelois, prétextant que la Corporation des ÉST était en fait une coquille cachant l’entreprise privée iO Expérience.
Des échanges houleux
Siégeant en tant que maire suppléant de la Ville de Sorel-Tracy puisque Serge Péloquin avait été destitué quelques heures auparavant, Martin Lajeunesse a confié qu’il aurait aimé voir le conseil régional abroger sa résolution du 18 mai et octroyer l’entièreté de l’enveloppe au projet du terrain synthétique. Malgré sa déception, M. Lajeunesse n’a pas demandé le vote sur la résolution.
« Il y a quand même beaucoup de corrections apportées pour les prochaines années. Je vais y aller avec ça pour cette année et c’est évident que l’an prochain, la Ville de Sorel-Tracy déposera le projet de terrain synthétique pour obtenir la subvention totale », indique-t-il.
Aussi, en fin de séance, le conseiller de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, a mitraillé les élus régionaux de questions concernant leur décision d’octroyer le 150 000 $ à la Corporation des Événements de Sorel-Tracy.
« Dans le cadre de la conformité des projets au niveau du FRR et de son attribution, il est clairement écrit dans votre règlement que les entreprises privées ne peuvent pas obtenir ça. On s’entend que dans ce cas-ci, c’est vrai que c’est un OBNL qui vient faire la demande, mais on s’entend que l’enveloppe arrive dans les mains d’Événements Sorel-Tracy et qu’elle est intégralement donnée à iO Expérience », a-t-il lancé au préfet.
« Je suis obligé de te répondre que non seulement c’est conforme aux critères que l’on s’est donnés, mais l’an passé, vous avez fait la même chose, répond Sylvain Dupuis. Vous avez pris l’enveloppe pour Les 7 doigts de la main, vous l’avez donné à un OBNL, qui l’a probablement donné à une compagnie privée ensuite. En réalité, c’est une histoire qui se répète. »
Finalement, le préfet a tempéré la situation en assurant que le nouveau fonctionnement du FRR empêchera dans le futur que des organismes demandent des subventions sans que la municipalité concernée soit informée.
« Si c’était prévu dans vos officines de venir piger dans le FRR, et bien nous on ne le savait pas », conlut Sylvain Dupuis, en réponse à Patrick Péloquin.