Ce dernier a reçu Les 2 Rives à l’hôtel de ville dans le cadre d’une longue entrevue pour notamment parler d’économie.
D’abord, concernant l’industrie navale, le maire constate un « boom économique » qui survient actuellement pour une raison précise. Le 16 novembre 2023, devant des conseillers d’Investissement Québec, une délégation soreloise a présenté les atouts de la région.
« Ce n’est pas de la magie. Ça arrive parce qu’on a décidé de faire une représentation de la région avec tous les partenaires qui montrent une cohérence régionale. On leur a fait un pitch régional en leur montrant tous les terrains disponibles. Le lendemain, les téléphones ont commencé à sonner et ils ne cessent pas depuis ce temps. Les conseillers vantent la ville et vont dire aux entreprises que leur projet va réussir chez nous grâce aux terrains disponibles, à la population qui augmente, aux services disponibles comme la formation, etc. », indique le maire.
Les terrains disponibles sont situés dans les deux parcs industriels, soit Joseph-Simard et Ludger-Simard. Patrick Péloquin a d’ailleurs révélé que l’intention de la Ville était que le parc Ludger-Simard soit exclusivement dédié à l’industrie maritime pour les nouvelles entreprises à venir. « Depuis bientôt deux ans, nos démarches sont très sérieuses », soutient-il.
500 M$ en investissements à venir?
Quant au parc Joseph-Simard (ou ZIP Saint-Laurent), plusieurs millions de pieds carrés sont toujours disponibles pour de nouvelles entreprises. Lors d’un dîner devant des gens d’affaires le 28 mars dernier, Patrick Péloquin avait frappé l’imaginaire en annonçant des projets d’investissement totalisant 500 M$. En entrevue, le maire a réitéré que ce n’est pas un chiffre lancé en l’air.
« Je suis confiant d’arriver aux 500 M$, ce sont des discussions qu’on a avec de nombreuses entreprises et c’est le résultat de démarches qu’on fait depuis deux ans. Je ne me suis jamais avancé sur le temps parce que quand on parle d’investissements [privés], on ne contrôle pas le calendrier. Sur le fond des choses, ces investissements ont déjà commencé et vont se poursuivre », assure-t-il.
Le premier investissement majeur (50 M$) était celui de Machinex, présentement en construction dans le parc Joseph-Simard. Des annonces subséquentes ont été faites, dont celle de Pierre Lefebvre Toyota (12 M$) et d’autres devraient suivre, dont celle de TDF Canada, qui a obtenu un bloc d’énergie pour implanter une usine à Sorel-Tracy.
En parlant de Machinex et d’entreprises potentielles dans le parc Joseph-Simard, Patrick Péloquin s’emballe. « On veut faire du développement économique réfléchi. Quand il y a une implantation industrielle, on se pose la question : «qu’est-ce qu’on peut attirer comme entreprise qui va tirer profit de cette implantation?« Par exemple, avec Machinex, toute la consigne du Québec va venir à Sorel-Tracy. Machinex va revendre les produits de consigne à Consignaction, mais nous on travaille pour que des entreprises tirent profit du plastique et de l’aluminium qui va avoir chez Machinex. On peut attirer une entreprise qui peut utiliser le plastique ou qui va inclure du plastique recyclé dans sa production. On travaille à attirer une entreprise qui va tirer profit d’un gisement d’aluminium. Ce sont des facteurs d’attractivité qui sont en lien avec l’économie circulaire. Ces entreprises pourraient sauver un coût faramineux de transport », raconte-t-il, en ajoutant que ce parc industriel se remplit « à bonne vitesse ».
Des enjeux
Selon le maire, deux défis se dressent toutefois dans le chemin, dont la disponibilité énergétique concernant les blocs d’électricité. « Si une entreprise veut s’installer chez nous et demande 10 mégawatts (MW), le délai change », prévient-il.
Le deuxième enjeu relève de la mobilité, selon lui. « On attend une étude de mobilité de la MRC pour les marchandises. Avec l’arrivée du port de Contrecœur, c’est un enjeu au niveau du transport. Où iront les camions qui vont aller vers l’est du Québec? Les autoroutes 30 et 20, il y a déjà pas mal de congestion. Ce qu’on veut, c’est que l’A30 aille vers l’est », dévoile-t-il.
Quant au projet de pont entre les rives nord et sud, Patrick Péloquin sait qu’il s’aventure sur un terrain glissant. « C’est un projet de milliards $ que le gouvernement du Québec ne fera jamais. Si la Ville de Québec est incapable, malgré la volonté du premier ministre, d’avoir un troisième pont… Il ne faut pas penser que l’idée d’un pont est la solution à tout », croit-il, en lançant par le fait même une flèche à la Société des traversiers du Québec.
« Il faut absolument que la Société des traversiers ait un plan de mobilité qui réponde aux besoins, ce qui n’est pas le cas présentement. Ça leur prend une plus grande rapidité d’action et de réaction pour éviter les interruptions de transport parce que ça affecte le développement économique régional », ajoute-t-il.
Le maire ajoute du même souffle que son idée de passerelle entre les rives du Richelieu, près du parc Dorimène-Desjardins, est toujours active. Des plans d’une étude de faisabilité sont attendus cet automne.
Équilibre économie/environnement
En 2022, en campagne électorale, Patrick Péloquin soulignait l’importance de trouver un équilibre entre l’environnement (coupe d’arbres) et le développement domiciliaire (nombre de portes). A-t-il trouvé cet équilibre?
« Oui, mais on poursuit [le travail], répond le maire. Avant, il y avait du développement sauvage, des coupes à blanc, des constructions résidentielles souvent unifamiliales, qui prennent de l’espace, de l’étalement urbain… Tout ça faisait en sorte que les boisés disparaissaient un à un. »
Une politique de l’arbre a été adoptée en juillet 2022, puis une réglementation a suivi. Par exemple, dans les nouveaux développements, un quota est en vigueur concernant le nombre d’arbres en façade et dans la cour arrière. Il y a aussi une obligation de garder 20 % de terrains boisés.
« Cela dit, il faut quand même vivre avec un héritage du passé, c’est-à-dire avec un schéma d’aménagement à la MRC qui date de 1988. Heureusement, on est en démarche pour le changer. En 1988, on avait établi des zones d’habitation sur le territoire dans les boisés parce qu’on n’avait pas cette sensibilité-là. Aujourd’hui, changer une zone d’habitation alors qu’un terrain appartient à un propriétaire… Légalement, je ne peux rien faire », explique-t-il.
Patrick Péloquin favorise la densification d’espaces disponibles, proposant les constructions en hauteur. « Ça fait moins d’étalement et ça coûte moins cher. Et ça crée des logements pour attirer des travailleurs, ce qui est la clé dans le développement économique », mentionne-t-il.
Patrick Péloquin parle de 2300 portes autorisées et 1500 en étude. Et sans trop en dévoiler, il a aussi l’ambition de créer un parc national à Sorel-Tracy « afin de protéger des espaces et mettre en valeur des milieux naturels ».
Centre-ville
En campagne électorale, Patrick Péloquin dévoilait qu’il espérerait voir des incubateurs industriels dans des locaux au centre-ville afin d’encourager la relève entrepreneuriale et l’innovation. Il donnait en exemple l’édifice Cyrille-Labelle, qui pourrait servir de bureaux à étage avec un rez-de-chaussée commercial. En 2024, le projet est en cours, annonce-t-il. « La Ville ne va pas acheter le Marine Cabaret [Cyrille-Labelle]. Par contre, la Ville est facilitatrice pour que le projet se fasse. On a rencontré des partenaires privés qui élaborent un projet. Dans les pourparlers, on parle d’un espace d’incubateur pour des start-up. »
Toujours au centre-ville, la prochaine étape est la réfection du quai Richelieu, dont les travaux débuteront en 2025. D’autres travaux sont prévus sur la rue George en 2026. La Ville a également des projets dans des espaces vacants pour redynamiser le centre-ville.
Jeux du Québec
Les yeux de Patrick Péloquin illuminent lorsqu’il aborde la candidature de la ville pour les Jeux du Québec à l’été 2027. Il parle d’une mobilisation sans précédent. « Sans même avoir les résultats, c’est un succès en partant. Avoir à la même table tout ce monde comme la Ville, le Centre de services scolaire, le Cégep, le CISSS de la Montérégie-Est… tout le monde se parle, et pas juste à propos des Jeux, mais aussi d’enjeux régionaux », se réjouit-il.
Alors que l’appel d’offres concernant la construction du complexe aquatique s’ouvrira début novembre, il devrait être prêt pour les Jeux à l’été 2027. Bâtir une piste d’athlétisme et une piste de BMX est dans les plans.
Est-ce que ces deux derniers projets sont conditionnels à l’obtention des Jeux? « Il faudra voir pour la piste de BMX, mais pour nous, c’est une orientation municipale. On va continuer de développer nos infrastructures sportives. »
Projet majeur en tourisme
En conclusion, Patrick Péloquin a révélé que Tourisme Région Sorel-Tracy, qui est maintenant affilié avec Développement économique Pierre-De Saurel, fera bientôt du démarchage pour du développement touristique.
« Avant, l’Office du tourisme ne donnait que de l’information aux touristes. Maintenant, on va développer l’offre de tourisme. Il y a notamment un projet de centre de congrès et d’un hôtel en cours. On aimerait que ce soit sur le bord de l’eau, au centre-ville. C’est un projet très réel et on est dans les démarches. Le tourisme d’affaires est très profitable. Il y a un intérêt et il y a un besoin », conclut-il.