« Je commence à peine à sortir et parler sans pleurer, indique-t-elle avec aplomb. J’ai quitté mon emploi quand c’est arrivé et je ne travaille pas depuis. Je veux recommencer bientôt. »
Rappel des faits : le 24 septembre 2022, Synthia Bussières ainsi que ses enfants Éliam (5 ans) et Zac (2 ans) ont été retrouvés inconscients dans leur condo de Brossard par les pompiers, intervenus sur les lieux d’un incendie. Leur décès a été constaté peu de temps après à l’hôpital.
Le conjoint de Synthia, Mohamad Al Ballouz, a été accusé de deux meurtres prémédités envers ses enfants, de meurtre non prémédité envers sa conjointe et d’incendie criminel. L’homme de 36 ans s’est vu refuser sa remise en liberté durant la durée de procédures.
« Synthia, en un mot, c’est la bonté. Je ne l’entendais jamais quand elle était enfant! Elle était avec cet homme depuis une douzaine d’années, mais dans les deux dernières années, elle avait changé. Je ne la reconnaissais plus », confie sa mère.
La Soreloise a revu sa fille pour deux dernières fois en juillet 2022, puis en août 2022, soit environ un mois avant le drame. Synthia est aussi allée chez sa sœur le 4 septembre 2022, soit 20 jours avant de mourir. « En août, je voyais que quelque chose n’allait pas, mais je n’ai rien dit. Je ne voulais pas avoir l’air de la mère qui se mêle de quelque chose qui ne la regarde pas. Je trouvais qu’elle avait maigri. Ma fille m’a aussi dit qu’elle semblait correcte quand elle l’a vue, alors on était quand même loin de se douter que quelque chose arriverait. »
Un an d’enfer
Au cours de la dernière année, Sylvie Guertin n’a pas eu le temps de faire son deuil. Elle a entre autres dû embaucher un avocat concernant un litige avec les parents de l’accusé ainsi qu’un notaire pour la vente du condo, qui n’est pas finalisée.
En plus, depuis un an, la Soreloise ne fait qu’attendre. Attendre que les démarches judiciaires avancent. « Tous ces délais nous affectent tous et on ne peut faire notre deuil tant et aussi longtemps que le procès n’aura pas lieu. La souffrance que je vis dans mon cœur de mère et de grand-mère ne s’explique pas. Il n’y a pas de mots et rien au monde ne pourra m’enlever cette peine, mais quand je vais savoir qu’il sera condamné et aura sa sentence je pourrai me dire que la justice sera rendue pour Synthia, Éliam et Zac », indique-t-elle.
C’est pourquoi la marche qu’elle a organisée avec l’organisme Com’Femme de Brossard le 25 septembre dernier à Longueuil est si importante, insiste-t-elle. Entre 100 et 125 personnes y ont pris part, dont certaines de la Maison La Source de Sorel-Tracy. « On veut que le ministre Simon Jolin-Barrette embauche des juges. Il en a promis 14 et aucun n’a été embauché. On veut qu’il embauche des greffiers et des greffières. Il manque de personnel pour que les causes avancent. Il va y avoir de plus en plus d’arrêts Jordan. »
L’enquête préliminaire de Mohamad Al Ballouz est prévue en janvier 2024, soit 16 mois après le drame. Mme Guertin a peur que le délai de 30 mois de l’arrêt Jordan s’applique si la cause s’éternise. « On parle de l’enquête préliminaire, on ne sait pas encore quand aura lieu le procès. Il faut agir », conclut-elle.