28 mai 2024 - 08:13
Un policier sorelois sauve une femme d’une mort certaine contre vents et marées
« Je n’ai pas hésité parce que lorsqu’on entre dans la police, on veut sauver et aider des gens » – Eliott Duchesne
Par: Alexandre Brouillard

De gauche à droite : Jocelyn Montembeault (capitaine responsable du poste de Sorel-Tracy), Eliott Duchesne et Jean-François Brousseau (sergent responsable de la relève). Photo gracieuseté

De gauche à droite : le capitaine du poste de Sorel-Tracy Jocelyn Montembeault, les policiers Eliott Duchesne et Gabrielle Caron ainsi que la lieutenante Annie Lussier. Photo gracieuseté

Le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel et le premier ministre François Legault entourent le policier Eliott Duchesne. Photo gracieuseté

Tous les héros ne portent pas une cape. C’est le cas de l’agent sorelois Eliott Duchesne qui a sauvé in extremis une femme des eaux froides du fleuve Saint-Laurent, le 24 septembre 2023. Un exploit qui lui a valu la Médaille pour action méritoire de la part du ministère de la Sécurité publique.

Vers midi, les agents de la Sûreté du Québec (SQ), Eliott Duchesne et Gabrielle Caron, arrivaient sur la rive du fleuve Saint-Laurent, à Sainte-Anne-de-Sorel, pour porter assistance à une personne suicidaire. Selon un témoin, une dame de 43 ans avait sauté à l’eau à l’arrière d’une résidence.

Le 24 septembre, la température extérieure était d’environ 16 °C, tandis que l’eau du fleuve Saint-Laurent était à seulement 18,6 °C (65 °F). Néanmoins, dès son arrivée sur les lieux, Eliott Duchesne s’est lancé à l’eau sans se poser de question. Il avait un devoir à accomplir, alors que la dame s’éloignait rapidement de la rive, emportée par le courant.

« Quand on est sur l’adrénaline, il n’y a pas vraiment place à l’hésitation. Je pense que la plupart de mes collègues auraient fait la même chose. Je n’ai pas hésité parce que lorsqu’on entre dans la police, on veut sauver et aider des gens », relate le policier, en entrevue.

Ce dernier a fait preuve de beaucoup de courage pour réaliser ce fait d’armes. Il admet que tout s’est passé très rapidement et qu’il ne pouvait pas prendre « 10 ou 15 secondes pour réfléchir ».

« Quand j’ai mis les pieds dans l’eau, je me suis dit « Oh! C’est froid ». Mais l’adrénaline a embarqué. J’étais tellement concentré sur ma mission, que je ne ressentais pas la température de l’eau. Je n’ai pas vu le nombre de mètres passer non plus. Dans ma tête, c’est sûr que j’y arrivais », confie généreusement Eliott Duchesne.

Le Sorelois a nagé sur une distance de plus de 100 mètres pour rejoindre la dame, toujours consciente, mais à bout de souffle. Sur le chemin de retour, l’ampleur de sa décision et de la tâche qui restait à accomplir l’a frappée de plein fouet, comme les vagues qui l’ont submergé à quelques reprises. Il était toutefois résolu à ramener la dame sur rive saine et sauve.

« À un certain moment, une vague a fait en sorte que la personne m’a embarqué un peu sur la tête. J’ai été submergé dans l’eau du fleuve, et je dirais qu’à ce moment-là, j’ai eu une petite frousse », reconnaît M. Duchesne.

Travail d’équipe

Alors qu’Eliott Duchesne puisait dans ses énergies pour ramener la dame sur la terre ferme, sa collègue Gabrielle Caron a parcouru environ 60 mètres à la nage vers eux pour leur remettre des vestes de flottaison.

Les deux agents ont finalement réussi leur mission. La dame a été transportée à l’Hôtel-Dieu de Sorel. De son côté, le policier sorelois s’en soit sorti avec des symptômes d’hypothermie.

« L’agente Caron a beaucoup de mérite dans cette intervention, accorde Eliott Duchesne. À la fin, j’étais vraiment à bout de force à tenter de sortir la dame. Quand j’ai vu mes partenaires sur le bord de la rive qui se dépêchaient pour aller chercher des vestes de flottaison, ça m’a donné beaucoup de motivation. C’est vraiment un beau travail d’équipe. »

Quelques minutes après l’intervention, ses collègues l’ont apporté à l’hôpital pour s’assurer de son état de santé. « J’avais rencontré les ambulanciers, mais 10 minutes après, j’ai eu des haut et bas de température. Je me sentais vraiment moins bien », relate-t-il.

Reconnaissance

En octobre, la bravoure d’Eliott Duchesne a été soulignée au poste de Sorel-Tracy où il a reçu un certificat soulignant son courage et sa bravoure. Sa collègue, Gabrielle Caron, a aussi reçu un certificat pour souligner son apport lors de l’opération.

Puis, il y a quelques jours, l’agent sorelois s’est rendu à l’École nationale de police du Québec (ENPQ), à Nicolet, pour recevoir la Médaille pour action méritoire, soulignant son acte exceptionnel. Cet événement s’est déroulé durant la Journée de reconnaissance policière. Depuis 1972, le ministère de la Sécurité publique a remis 886 décorations et citations, dont 444 Médailles pour action méritoire.

« Le ministre de la Sécurité publique et le premier ministre étaient là. C’était vraiment bien et une belle cérémonie », confie Eliott Duchesne.

La police, une affaire de famille

Le Sorelois a d’ailleurs reçu l’appui et la reconnaissance de plusieurs membres de sa famille qui sont policiers, dont son père, son frère ainsi que des cousins et cousines. « Toute ma famille comprenait le geste que j’avais fait, mais ils comprenaient aussi les risques qui venaient avec. C’est sûr qu’ils étaient inquiets, mais ils étaient vraiment fiers de moi », conclut-il.

« Vif d’esprit, l’agent Eliott Duchesne a rapidement jugé la situation comme étant hautement critique. Sans hésiter, il s’est courageusement jeté à l’eau, malgré la menace pour sa propre sécurité. Son intervention spontanée a permis de sauver la vie de cette dame en péril qui dérivait dans les eaux du fleuve Saint-Laurent. La Médaille pour action méritoire qui l’honore reconnaît la grandeur de son geste remarquable », a indiqué le ministère de la Sécurité publique via communiqué.

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