8 février 2018 - 11:41
« Je vais me battre pour celles qui n’ont pas osé parler » – Johanne Leclerc
Par: Sarah-Eve Charland

Johanne Leclerc continue de dénoncer la sanction disciplinaire pour avoir refusé d'effectuer du temps supplémentaire obligatoire. (Photo : Sarah-Eve Charland)

Deux jours après avoir dénoncé sa suspension pour avoir refusé du temps supplémentaire obligatoire (TSO) sur les réseaux sociaux, l’infirmière auxiliaire Johanne Leclerc de l’Hôtel-Dieu de Sorel est rassurée de voir l’appui de ses collègues et de la population.

Son message a été publié le 6 février sur Facebook. Au matin du 8 février, près de 60 000 personnes avaient partagé sa publication. « Au début, je visais mes collègues pour leur aviser ce qui s’était passé. Je vois ça comme un cri du cœur. J’ai été la porte-parole de beaucoup de personnes. J’ai été entendue. […] Ça me touche de savoir que la population est derrière moi. Si personne n’en parle, ça ne changera pas », affirme-t-elle.

Elle a publié le message la même journée où elle a appris sa suspension. Elle voulait briser le silence pour faire bouger les choses. « Je trouvais ça injuste. À cause de ma suspension, je pensais à mes collègues qui ont dû travailler avec une personne en moins ou à l’employeur qui a dû payer une personne en temps supplémentaire. Au final, ce n’est pas très cohérent. »

Le 26 janvier, elle a terminé un quart de travail de nuit. Son gestionnaire lui a demandé de rester pour effectuer un TSO. Elle a refusé puisqu’elle doit prendre une médication laissée chez elle. Elle a affirmé ne pas être apte à travailler sans cette médication.

« Si je crée une erreur, ça va être ma faute », mentionne-t-elle.

Durant cette nuit, les infirmières au département de chirurgie ont travaillé avec une équipe réduite. « On vit à l’envers parce qu’on travaille la nuit. La fatigue se fait encore plus ressentir au matin. En chirurgie, ça nécessite des soins plus rapprochés. Ça nécessite donc une plus grande vigilance. »

Le président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) en Montérégie-Est, Jean-Michel Varin, tient à rappeler les droits des salariés. « Le droit au refus ne vient pas avec le nombre de TSO que les employés ont effectué. Ça va avec la capacité de chacun. Il faut être capable de refuser lorsqu’on n’est plus apte à travailler. »

Le syndicat a dénoncé cette suspension. Selon M. Varin, l’infirmière auxiliaire présentait un dossier vierge. « C’est une mesure déraisonnable. Il n’y a pas eu de gradation dans les sanctions. On parle d’un premier refus et ses raisons étaient légitimes. »

Les raisons de la suspension diffèrent, selon l’employeur

Selon la porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Montérégie-Est, Catherine Latendresse, la sanction disciplinaire aurait été attribuée parce que l’infirmière auxiliaire a quitté avant la mise en place d’une solution.

« Devant son refus, le gestionnaire lui a demandé de rester le temps qu’il réorganise le travail et mette en place une solution pour assurer la continuité des soins auprès des patients. L’infirmière auxiliaire a malgré tout quitté l’établissement. La mesure disciplinaire est en lien avec son départ avant la mise en place d’une solution », assure Mme Latendresse.

Johanne Leclerc a une version différente de l’histoire. Elle assure avoir attendu près de 45 minutes après la fin de son quart de travail. Son gestionnaire aurait quitté les lieux après avoir obligé l’infirmière auxiliaire à rester. Cette dernière ne pouvait pas demeurer sur les lieux puisqu’elle devait prendre une médication. Elle a choisi de quitter.

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