24 avril 2024 - 08:37
Entretien avec un politicien originaire de Sorel-Tracy
Jean-Martin Aussant a toujours eu la souveraineté du Québec à cœur
Par: Stéphane Fortier

Jean-Martin Aussant a fondé le parti Option nationale après avoir été député pour le Parti Québécois. Photo gracieuseté.

Jean-Martin Aussant, né à Sorel au tout début des années 1970, n’a jamais caché ses couleurs politiques au fil des années et, encore aujourd’hui, il n’y a pas de Québécois plus convaincu que lui que la souveraineté est la seule issue gagnante pour le Québec.

Si Jean-Martin Aussant est natif de Sorel, on peut dire qu’il n’aura fait que passer dans la région. « Je viens de deux familles, soit les Robillard du côté de Tracy et des Aussant du côté de Sorel. Mon père était instructeur à l’école de police de Nicolet. Même si j’ai grandi et fait mes études primaires et secondaires à Nicolet, je suis toujours resté attaché à Sorel-Tracy, nous y allions souvent lorsque j’étais enfant. Toute ma famille était là. Il y avait encore beaucoup de Robillard et de Aussant. J’y ai encore de la famille, des cousins, des cousines », de rappeler M. Aussant.

Jean-Martin Aussant acquiert d’abord une formation en piano classique au Collège Notre-Dame-de-l’Assomption à Nicolet. Il obtient par la suite son diplôme d’études collégiales en sciences au Cégep de Trois-Rivières. En 1993, il est diplômé en administration des affaires et fait des études en actuariat à l’Université Laval. Il se rend en Angleterre où il fréquente la Aston Business School de Birmingham. 

« Jacques Parizeau me fascinait. Il était mon inspiration. Je le connaissais de réputation au début et je l’ai connu personnellement plus tard. Comme lui, je voulais devenir professeur d’économie », nous dit Jean-Martin Aussant, qui vient d’une famille souverainiste.

« Souverainiste, moi je l’ai toujours été. Mes lectures, réflexions, mes rencontres et l’histoire m’ont encore plus confirmé dans mes convictions », explique celui qui a vécu pendant cinq ans en Angleterre, soit une année pour étudier et quatre autres pour y travailler.

Il complète également une maîtrise en sciences économiques à l’Université de Montréal en 1995. « En 1994-1995, je représentais un groupe qui s’appelait Les économistes pour la souveraineté », se souvient-il.

Il se rend ensuite à Barcelone en Espagne afin d’amorcer un doctorat en analyse économique. En 1997, de retour, il travaille comme consultant chez Barra International à Montréal.

La politique

Ce n’est vraiment qu’au milieu des années 2000 que Jean-Martin Aussant songe à plonger activement dans l’arène politique. « Je ne pensais vraiment pas faire de la politique active. Mais quand l’Action démocratique du Québec (ADQ) a remporté les élections dans Nicolet, là je me suis dit que cela ne me plaisait pas tellement que ma mère soit dans une circonscription adéquiste. À la base, je n’aimais pas leur plateforme. En juin 2008, j’avais 38 ans. J’ai contacté le Parti Québécois (PQ) et je me suis présenté dans la course à l’investiture dans Nicolet-Yamaska. Je l’ai emportée. L’élection était en décembre. Suite à l’élection, nous étions l’opposition officielle et on m’a donné des responsabilités en lien avec l’économie », relate Jean-Martin Aussant.

Avant la fin de son mandat, Jean-Martin Aussant quitte le PQ. « Je ne suis pas parti sur un coup de tête. J’étais en désaccord avec le parti qui donnait moins d’importance à la souveraineté, alors que je m’étais engagé pour ce seul but. Le PQ voulait gagner les élections sans parler de souveraineté. On m’avait dit qu’il ne fallait pas parler de ce qui pouvait faire voter les Québécois autrement », raconte M. Aussant.

Au cours de cette campagne, d’ailleurs, les libéraux de Jean Charest n’ont eu de cesse de faire voleter le spectre d’un référendum advenant l’élection du PQ.

Ce dernier claque la porte du parti en 2011 et décide de siéger comme député indépendant. En septembre de la même année, il fonde le parti Option nationale, un parti souverainiste et progressiste qui fait de l’indépendance du Québec le cœur de sa raison d’être. « Dans les statuts d’Option nationale, il était prévu de fusionner avec un autre parti souverainiste, ce qui s’est produit avec Québec Solidaire par la suite », de dire M. Aussant.

Après une implication en politique active de cinq ans, il quitte en juin 2013 pour retourner à Londres, où il travaillera deux ans pour Morgan Stanley Capital, le même employeur pour qui il avait travaillé auparavant. « Quand je suis sorti de la politique, j’avais des offres d’emploi de partout… sauf du Québec. J’ai eu des offres de l’Asie, du Moyen-Orient, mais c’était plus simple de retourner en Angleterre. De retour au Québec, je me suis joint à Jean-François Lisée, devenu entretemps chef du PQ. Il ne promettait pas un référendum sur la souveraineté, mais je voulais donner un tour de roue de plus. Mon rôle aurait été de préparer l’accès à la souveraineté », rappelle-t-il.

Aux élections de 2018, il ne parvient pas à se faire élire dans Pointe-aux-Trembles et il retourne travailler dans son domaine, l’économie et les finances. « Comme député, j’ai fait une croix sur la politique. Il serait très surprenant que je me représente, mais mon option ne changera jamais. Le PQ est tombé à trois députés (quatre maintenant avec Pascal Paradis), mais il ne faut jamais parier sur la mort d’une idée et d’un parti. Je continue néanmoins de suivre la politique », de conclure le Sorelois d’origine qui est aujourd’hui vice-président principal chez Gestion Optimum.

Série d’entrevues

Jean-Martin Aussant est le sixième politicien ou ex-politicien originaire de Sorel-Tracy à répondre à nos questions dans le cadre d’une longue entrevue. Pour lire les entretiens avec Martin Coiteux, Simon Allaire, Jonathan Valois, François Paradis et Éric Caire, vous pouvez consulter le www.les2rives.com. Au cours des prochaines semaines, ne manquez pas l’entretien avec Marilène Gill, députée du Bloc québécois dans la circonscription de Manicouagan.

image
image