Est-ce que c’est parce que c’est l’été et que les médias sont en manque de nouvelles? Tous les jours, ils nous racontent des histoires effrayantes qui se passent un peu partout sur la planète. Des records de chaleur, même dans les océans.
Début juillet, j’étais en Colombie-Britannique. Dix jours de ciel bleu, 24 °C le jour, des nuits fraîches. L’été idéal. Un contraste avec ce qui se passait ici, alors que la nature se déchaînait : des orages violents, des arbres qui ne résistent pas, des tornades et le nord qui brûlait toujours. Depuis, la Colombie-Britannique doit lutter contre de féroces feux de forêt, elle aussi. Elle n’est pas épargnée, bien au contraire, et depuis quelques années déjà.
J’étais là-bas avec ma nièce de 16 ans, Gabrielle. À travers les préoccupations quotidiennes propres à son âge et sa génération, un certain regard sur ce qui se passe actuellement. Un regard d’une lucidité qui fait peur.
Nous nous préparions à monter sur le traversier qui nous mènerait de Saltery Bay à Earls Cove, sur la Sunshine Coast, au nord de la ville de Vancouver. Une traversée de 50 minutes à travers des paysages grandioses. La beauté de la nature lorsqu’elle n’est pas menaçante.
Il fallait arriver au quai un peu à l’avance, nous nous sommes installés à l’ombre, sous les arbres, en profitant de la quiétude de l’endroit. Ma nièce a décidé d’écrire ce qui lui passait par la tête, elle m’a partagé son texte.
« Je lis, inspirant cet air qui semble disparaître dans ce qui est devenu ce trou existentiel, regardant la mer qui brille de mille feux. Ce soleil perçant qui la traverse sans aucune peur. Bientôt, ce même soleil va percer cette couche protectrice où nous mettons beaucoup trop de confiance et d’espoir. Je lis devant ses montagnes vieillissantes qui ont traversé bien plus que de la simple pluie. Je crains qu’elles ne disparaissent seulement à cause de notre propre confort. (…) Pourtant aucune larme ne se verse, aucun regret ne se lit sur les étranges visages de ces gens. Je lis devant ces feuilles plus vertes que nos meilleures énergies. Sachant très bien qu’un jour elles finiront par se transformer en cendres polluantes. Seules, par terre, où les humains vont les ignorer de leurs yeux aveugles. »
Je ne vous ai pas promis que son texte vous remonterait le moral… Prenons ce texte pour ce qu’il est, un regard, l’expression d’un moment. Peut-être aussi le contraste avec ce que nous avions sous les yeux au moment où elle l’a écrit et avec les nouvelles assez terrifiantes qui se rendaient jusqu’à nous.
J’aurais voulu la rassurer, lui dire que « tout va bien aller ». Ce n’est pas possible. Bien sûr, il s’est passé quelque chose, en juillet. Nous avons vu que notre avenir n’est plus ce qu’il était.
Pourtant, les couchers de soleil sont toujours aussi beaux.