4 août 2015 - 00:00
Kildair devra payer les indemnités à la famille de la victime
Par: Julie Lambert
Kildair devra payer les indemnités à la suite de la mort d’un travailleur, André Vidal, dans ses installations en août 2012. | TC Média - Archives

Kildair devra payer les indemnités à la suite de la mort d’un travailleur, André Vidal, dans ses installations en août 2012. | TC Média - Archives

Trois ans après la mort d’un travailleur, André Vidal, électrocuté dans une de ses installations, Kildair devra payer les indemnités à la CSST et à sa famille. Un jugement établit que l’entreprise a manqué à son devoir avec un lieu de travail jugé dangereux.

Le 13 août 2012, l’électricien André Vidal a perdu la vie alors qu’il faisait des travaux dans un bâtiment de Kildair. Le travailleur se déplaçait sur un chemin de câbles situé à 1,29 mètre sous le plafond quand il a trébuché en enjambant un tuyau métallique.

Il est alors tombé sur un luminaire fluorescent qui contenait des câbles dénudés et qui touchaient au boîtier métallique. Le boîtier ainsi mis sous tension, l’électricien a été électrocuté et on a constaté son décès à l’hôpital.

L’entreprise sous-contractante Conrad Lavoie (1983) inc, qui employait M. Vidal, avait été déclarée responsable de l’accident. Parmi les causes à son origine, la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) a identifié en 2013 une gestion de la santé et de la sécurité déficiente quant aux travaux de retrait de câbles électriques.

Selon le constat remis par la CSST, c’était à l’employeur de payer les indemnités à la CSST et à la famille de la victime. Néanmoins, l’entreprise Conrad Lavoie jugeait que cette responsabilité revenait à l’entreprise Kildair puisque ce sont ses installations qui étaient défectueuses.

Luminaires dangereux

Elle a porté le dossier devant la Commission des lésions professionnelles (CLP). Le dossier a été entendu en juin dernier par le juge administratif, Alain Vaillancourt, qui a rendu sa décision le 10 juillet dernier.

Dans ce jugement, on peut lire que la preuve a révélé que le travailleur ne s’était pas électrocuté en coupant un câble sous tension […], mais plutôt lorsqu’il a perdu l’équilibre et est tombé sur le luminaire situé à proximité.

« La preuve est prépondérante pour conclure que, n’eût été l’installation déficiente des luminaires, le travailleur ne se serait pas électrocuté malgré sa chute sur le luminaire. Rien dans la preuve ne permet de conclure que le travailleur, fut-il électricien, pouvait se douter des défectuosités d’installation des luminaires et de l’important risque d’électrocution en découlant », peut-on y lire.

Dans le document, on mentionne également que « le tribunal a jugé que la situation est assimilable à un guet-apens, à un piège et qu’il est injuste d’imputer à Lavoie les coûts reliés à cet incident ».

L’entreprise Conrad Lavoie a également porté le constat d’infraction émis par la CSST en appel devant la Cour du Québec pour les mêmes raisons. Selon l’entreprise, l’accident ne pouvait pas être évité même si son employé avait été bien formé. Une décision est attendue au cours des prochaines semaines, la cause ayant été entendue également en juin dernier.

Le jugement reçoit un accueil mitigé

Le jugement rendu dans le dossier d’indemnisation du travailleur décédé dans les installations Kildair, André Vidal, ne fait pas l’unanimité. Alors qu’une des deux entreprises en cause dans cette affaire est satisfaite que justice soit rendue, l’autre pense faire appel.

Un proche du dossier employé chez Conrad Lavoie se réjouissait de la conclusion du juge administratif, André Vaillancourt. Selon lui, il est juste qu’une entreprise de cette ampleur assume les frais et les coûts inhérents à l’accident.

« Nous sommes contents, mais cela ne ramènera pas André Vidal. Le bâtiment n’était pas conforme. Kildair n’a jamais fait d’inspection pour s’assurer des problèmes qu’il pourrait présenter après l’achat de cette installation à Hydro-Québec. On ne voulait pas que cette grosse entreprise s’en lave les mains alors qu’elle n’avait pas fait les vérifications nécessaires », souligne-t-il.

Le directeur des opérations chez Kildair, Daniel Morin, venait tout juste de recevoir le jugement. Il ne savait pas encore si l’entreprise allait en appeler de la décision, mais des discussions allaient avoir lieu pour déterminer la marche à suivre dans les prochaines semaines.

Si l’incident est regrettable, M. Morin souligne qu’aucune inspection n’avait été effectuée après l’achat des bâtiments acquis d’Hydro-Québec en 2011. C’était justement pour les remettre à niveau que les employés de son sous-contractant travaillaient sur les lieux à cette époque.

« La décision ne fait pas notre affaire. On a jugé en fin compte que c’était au propriétaire des installations que revenait cette responsabilité. Nous avions acquis les installations sans savoir qu’elles avaient des défectuosités et c’est justement en voulant faire des améliorations électriques que l’incident est arrivé. C’est malheureux, mais depuis, le système a été complètement changé », assure M. Morin.

Selon la porte-parole de la Commission des lésions professionnelles, Johanne Roy, la décision est finale et sans appel. Elle peut être révoquée seulement pour trois motifs, soit l’ajout d’un fait nouveau qui justifie une décision différente, qu’une partie n’a pas pu se faire entendre pendant la cause ou qu’il y ait un problème sur le fond.

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