« Depuis trois mois, cette situation affecte grandement notre entreprise », reconnait le président-directeur général de Kildair, Daniel Morin. « On n’a reçu qu’une seule expédition par train. Et le port est moins occupé aussi. Heureusement, les secteurs du mazout lourd et du bitume sont toujours actifs et livrés par train, ce qui aide à compe
Discrétion absolue
De son côté, le transporteur CN n’est pas du tout loquace sur le contenu des wagons qui circulent sur la Rive-Sud de Montréal vers Sorel-Tracy.
Son porte-parole Pierre-Yves Boivin dit ne pas commenter les décisions d’expédition de ses clients. Même celles qui sont passées.
« Toutefois, conformément à la réglementation fédérale, des rapports détaillant la nature et les volumes de marchandises dangereuses sont transmis aux responsables des mesures d’urgence des municipalités », précise-t-il.
À Sorel-Tracy, c’est le maire Serge Péloquin qui porte cette responsabilité.
« L’industrie ferroviaire a développé une application mobile, AskRail, à l’intention des responsables des mesures d’urgence afin de leur fournir l’information en temps réel sur le contenu des trains. Près de 1500 intervenants des mesures d’urgence l’utilisent déjà », a conclu M. Boivin.
Oui, le maire est informé chaque fois qu’un convoi important de wagons de brut est acheminé vers Kildair, reconnait le porte-parole de la Ville de Sorel-Tracy, Louis Latraverse. « Mais pour des raisons de sécurité, il existe une entente de confidentialité sur cette information », complète-t-il, laconique.
Il spécifie cependant que le comité sur le transport des matières dangereuses, que M. Péloquin copréside avec la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire, dévoilera bientôt un rapport contenant de nombreuses recommandations.
On se rappelle que depuis juin 2014, Kildair effectue l’entreposage et l’expédition du pétrole bitumineux de Suncor. L’entreprise peut recevoir jusqu’à 60 wagons citernes par jour. Une entente qui a soulevé l’ire de plusieurs citoyens.
Un mouvement actif
Denis Robillard, du Regroupement contre le bitumineux et pour le développement durable, est un de ceux-là. L’élément déclencheur de la naissance de son groupe fut certes l’arrivée du pétrole bitumineux chez Kildair, dit-il. « À cette préoccupation, nous avons cru bon ajouter le développement durable. »
Car le nombre de trains avec wagons-citernes qui circulent dans la région ne diminue pas. « Je ne peux dire le nombre mais il en passe régulièrement », note-t-il. Que transportent-ils? Il ne saurait le dire.
« Chose certaine, Kildair reçoit des produits et en expédie par bateau », avance-t-il.
Son rêve le plus fou serait de mobiliser les gens autour de l’objectif de développer des énergies alternatives au pétrole. S’il poursuit cette bataille, c’est aussi qu’il trouve bien paradoxales les positions du Québec en la matière. « Ici, on n’est pas nécessairement pour le pétrole mais on investit dans le développement pétrolier. On n’est pas pour l’usage du pipeline inversé mais on ne fait pas tous les tests à la bonne pression pour vérifier sa condition. »
Elle tiendra dans quelques semaines son assemblée générale de fondation.
Quant au port de Montréal, sa directrice des communications, Mélanie Nadeau, n’était pas en mesure de préciser combien de pétroliers avaient quitté ses quais en 2015. Mais, a-t-elle précisé, depuis le renversement du pipeline d’Enbridge, le port a reçu deux pétroliers depuis le début décembre.