3 août 2022 - 08:11
Travailleuse sociale à temps plein et chercheuse à temps partiel
La Contrecœuroise Vicky Lamarche veut améliorer le sort des personnes proches aidantes
Par: Alexandre Brouillard

Vicky Lamarche, travailleuse sociale et chercheuse. Photo gracieuseté

Confrontées aux contraintes d’un système de santé saturé par la pandémie, beaucoup de personnes proches aidantes (PPA) ont sombré dans l’épuisement dans les derniers mois. Ayant à cœur leur mission, la Contrecœuroise Vicky Lamarche travaille quotidiennement à améliorer leur condition par l’entremise de son travail et de ses études universitaires.

Après deux années à travailler à Sorel-Tracy au Centre local de services communautaires (CLSC) comme intervenante en soutien à domicile, Vicky Lamarche a réalisé que beaucoup de PPA vivaient diverses difficultés au quotidien. Le rôle que ces personnes assument entraîne des répercussions sur leur vie de famille, sociale et professionnelle.

« Dans le système de santé, on se concentre sur les gens malades. De l’intérieur, j’ai constaté l’impact sur leurs familles. […] Plus on se questionne sur la réalité des proches aidants, plus on se rend compte qu’il s’agit d’un problème structurel par rapport au réseau de la santé », avance la jeune femme de 26 ans.

Par définition, une personne proche aidante est quelqu’un qui apporte un soutien à un membre de son entourage qui présente une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, et ce, peu importe son âge, son milieu de vie ou son lien avec ce proche.

En 2018, au Québec, environ 28 % de la population agissait à titre de PPA (57,5 % femmes et 42,5 % hommes). Environ 30 % de ces personnes étaient âgées de 45 à 64 ans.

Isolement, appauvrissement et épuisement psychologique et physique ne sont que quelques exemples des nombreux enjeux rencontrés par ces anges gardiens. Au final, trop peu de PPA réussissent à obtenir de l’aide et ne savent pas où se diriger.

Face à ces enjeux, Vicky Lamarche a décidé d’aider les PPA en se lançant dans la recherche. Ainsi, par l’entremise de sa maîtrise, elle étudie la discrimination à l’emploi vécue par les PPA. Aussi, cet été, elle collabore aux recherches menées par le Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), centre affilié universitaire du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

« J’ai toujours été intéressée par l’impact que les gens malades peuvent avoir sur leur famille. Je trouve que c’est un aspect peu considéré dans le réseau de la santé. La maîtrise me permet de pousser ma réflexion plus loin », confie celle qui occupe aussi la fonction de travailleuse sociale dans un organisme.

Reconnaître les personnes proches aidantes

Laissées pour compte plus souvent qu’à leur tour dans les dernières années, les PPA ont vu l’Assemblée nationale adopter la première politique nationale sur la proche aidance au Québec en avril 2021. Par l’entremise de celle-ci, le gouvernement du Québec souhaite reconnaître l’apport considérable des PPA à la société québécoise.

Bien qu’il s’agisse d’un pas dans la bonne direction, la coordonnatrice du domaine d’expertise en proche aidance au CREGÉS, Anna Andrianova, affirme que pour améliorer leur condition, les PPA doivent tout d’abord se reconnaître comme telles et aller chercher de l’aide au besoin.

« Bien souvent, les personnes proches aidantes ne se reconnaissent pas. Ce qui les amène souvent à s’isoler et à s’épuiser », avance la coordonnatrice.

« Ils croient parfois qu’ils ne sont pas proches aidants parce qu’ils aident quelqu’un de leur famille, renchérit Mme Lamarche. On veut donc sensibiliser les gens à se reconnaître comme proche aidant et les encourager à aller chercher de l’aide dans les organismes reconnus. »

Dans la région, deux organismes viennent en aide aux PPA, soit l’Association des aidants naturels du Bas-Richelieu situé à Sorel-Tracy et les Aidants naturels des Seigneuries situés à Contrecœur. Le réseau de la santé offre aussi des services d’aide aux PPA.

Ces endroits offrent entre autres des rencontres d’évaluation pour comprendre les besoins des proches aidants pour ensuite les soutenir de différentes façons, comme par l’entremise d’activités informatives pour mieux les outiller dans leur rôle.

« Les PPA ne doivent pas hésiter à aller chercher de l’aide. Les organismes les dirigent vers les bonnes ressources pour obtenir un soutien adéquat », conclut Vicky Lamarche.

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