16 mars 2023 - 09:04
Été 2023
La Coop J.E.T. prend une pause
Par: Rachel Gauthier

La cohorte de 2016 coupait symboliquement le ruban pour souligner l’ouverture de la coopérative pour la saison estivale. Photo gracieuseté

La coopérative jeunesse de services de la région de Sorel-Tracy suspend ses activités pour la saison estivale puisqu’elle est confrontée à plusieurs enjeux. Les responsables de la coopérative en profiteront pour réévaluer la mission du projet et les besoins des jeunes.

Alors qu’elle aurait entamé sa 33e année, la Coop J.E.T. (Coopérative Jeunesse Entreprenante et Travaillante), parrainée par le Carrefour Jeunesse-emploi (CJE) de Pierre-De Saurel, a annoncé sur sa page Facebook le 6 mars dernier ne pas revenir à l’été 2023. Depuis sa fondation en 1991, la coopérative, qui regroupe des jeunes entre 13 et 17 ans, se veut un lieu de formations sur le modèle coopératif et le monde entrepreneurial. Elle offre également une première expérience de travail aux jeunes puisque les coopérants proposent plusieurs services à la population comme la tonte de gazon, l’entretien ménager, le gardiennage ou la peinture.

L’agente de développement du CJE et superviseure de la coopérative, Cindy Tellier, a révélé que la Coop J.E.T. fait face à trois enjeux : la pénurie de main-d’œuvre, les troubles de comportement chez les jeunes et la difficulté à assurer les plus jeunes membres de la coopérative.

En raison de la pénurie de main-d’œuvre, la coopérative a recruté un nombre plus important de coopérants entre 11 et 14 ans. D’ailleurs, la cohorte de l’été passé n’était pas une cohorte pleine; elle ne comptait que 10 jeunes. Des adolescents de 13 et de 14 ans ont même abandonné le projet après avoir trouvé du travail ailleurs au salaire minimum. La gestion des contrats a donc été plus ardue en raison du manque de coopérants.

De plus, Mme Tellier a constaté que les jeunes de 11 ou de 12 ans n’étaient pas prêts à entrer sur le marché du travail. « Ils ont besoin de plus de coaching au niveau du savoir-être, comme d’apprendre à être ponctuel et respectueux », souligne-t-elle, en précisant que certains jeunes avaient des troubles de comportement ou de santé mentale. Les interventions étaient plus souvent nécessaires.

Les coopératives doivent toujours assurer les jeunes via des programmes d’assurance. Cependant, le programme habituellement utilisé, le Fonds de solidarité FTQ (Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec), a limité l’âge minimal des jeunes à 13 ans, ce qui s’est révélé problématique en raison du recrutement des jeunes de 11 et de 12 ans. L’équipe a donc dû chercher d’autres assureurs pour les plus jeunes coopérants. Selon Cindy Tellier, cet enjeu était national puisque toutes les coopératives à travers le Québec ont été confrontées à cette difficulté.

Une nouvelle vocation

À la lumière de ces trois problématiques, Mme Tellier se questionne sur la mission de la coopérative. Elle ne croit plus que la Coop J.E.T. réponde aux objectifs des années précédentes comme celui d’offrir une première expérience de travail aux jeunes. Son équipe entame donc un processus de réflexion.

Elle avance que la coopérative pourrait offrir des formations sur l’estime de soi et sur le savoir-être pour répondre aux besoins des jeunes qui semblent plus criants sur ces sujets-là. Elle mentionne également le « trou de services » entre le camp de jour et le marché du travail. Les jeunes se retrouvent coincés entre ces deux étapes.

« On s’est beaucoup questionné. Je ne suis pas la seule qui a cette réflexion-là. Quand on a nos rencontres régionales, le portrait des autres coopératives est sensiblement le même. […] On a décidé de prendre une pause pour cet été et de réfléchir sur comment on veut la Coop dans les prochaines années », dévoile Cindy Tellier.

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