Pour l’instant, c’est à la Ville de Sorel-Tracy d’assumer la facture pour la différence de 8,67 M$, mais « la Ville poursuit actuellement ses démarches auprès du gouvernement afin de bonifier les subventions reçues », explique la cheffe de division au Service des communications, Maude Péloquin. D’ailleurs, au cours de séances publiques précédentes, des règlements d’emprunt ont été adoptés pour payer cette facture.
Le député Jean-Bernard Émond assure qu’il soutient la Ville dans ses démarches auprès du gouvernement du Québec. « La décontamination du terrain était une étape essentielle, ce site ayant une valeur stratégique pour nos projets de développement économique régional », explique-t-il.
Plus bas soumissionnaire à 6,63 M$
Selon le directeur des communications, Dominic Brassard, la Ville devait être propriétaire du terrain pour pouvoir accéder à la subvention de 10 M$ du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. « Avant l’achat du terrain, de nombreuses études et suivis avaient été réalisés par une firme mandatée par Investissement Québec (IQ), dont une étude de caractérisation environnementale complète en 2022. Sur la base de ces études, la Ville disposait d’une estimation détaillée des coûts de réhabilitation. Cette estimation laissait présager que le coût de réhabilitation sera bien inférieur à la subvention de 10 M$ du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie », souligne-t-il.
Après avoir acquis le terrain, la Ville a embauché une firme professionnelle en environnement pour l’assister dans la planification et la surveillance des travaux. Sur recommandation de cette firme, une étude de caractérisation supplémentaire a été effectuée et incluait des forages pour préciser la nature et l’étendue de la contamination du site.
« Les données recueillies lors de cette seconde étude ont été intégrées aux documents d’appel d’offres pour la sélection de l’entrepreneur responsable des travaux. Nous avions alors une estimation budgétaire des travaux qui était de 8,85 M$ + taxes, considérant que la Ville récupère les taxes pour ce projet. Au moment d’octroyer le contrat, la soumission du plus bas soumissionnaire conforme, Loiselle, était à 6,63 M$ + taxes, donc largement inférieure à la subvention disponible. Ce prix de soumission nous donnait une bonne marge de manœuvre pour gérer des contingences de chantier », mentionne M. Brassard.
Dix fois plus de carburant à bateau
Or, durant les travaux, de plus grandes quantités que prévu d’hydrocarbures (carburant à bateau) ont été trouvées. Elles étaient en fait 10 fois supérieures à ce qui était estimé dans les études.
« Les sols contaminés par ces hydrocarbures coûtent très cher à gérer puisqu’ils doivent légalement être disposés comme des matières résiduelles dangereuses dans des sites spécialisés », spécifie Dominic Brassard.
Parmi les autres facteurs ayant influencé la hausse des coûts, notons le volume plus important que prévu de matières résiduelles destinées à l’enfouissement, la nature des matières résiduelles retrouvées dans le site qui étaient différentes de ce qui avait été estimé dans les études ainsi que les travaux d’excavation plus importants que prévus dans plusieurs zones du terrain pour respecter les normes en vigueur en matière de décontamination.
« Il faut comprendre que les projets de décontamination de site sont encadrés par des lois et des normes très strictes. Tout ce qui est trouvé et qui est sorti du site est mesuré et tracé. La réalisation des travaux est encadrée par la réglementation en vigueur et le plan de réhabilitation a été approuvé par le [ministère de l’Environnement]. Cet encadrement laisse très peu de marge pour modifier les méthodes de travail en cours de chantier pour sauver des coûts », expose le directeur des communications de la Ville.
Malgré cette explosion de coûts, la Ville n’a pas songé interrompre le chantier. « La décision de réhabiliter le 1800, chemin Saint-Roch a été prise afin de pouvoir développer ce terrain à des fins économiques. Mettre fin aux travaux en cours de route n’aurait pas permis d’y amener des projets économiques. Il n’aurait donc pas été possible de revaloriser le site et de profiter des investissements qu’il pourrait générer », conclut Dominic Brassard.
Rappelons que les travaux ont débuté officiellement le 10 juin 2024 et se sont terminés le 20 décembre 2024.
Une entreprise bientôt annoncée?
En visite dans des installations dans le secteur de l’aérospatiale le 9 juin dernier, le premier ministre François Legault a parlé de l’expertise du Québec non seulement dans l’aéronautique ou l’aérospatiale, mais aussi dans le secteur maritime. « Il y a beaucoup de choses dans la défense. Oui, il y a des avions, puis c’est le Québec qui est le meilleur dans l’aéronautique et l’aérospatiale. Maintenant, il y a des bateaux, les navires, les brise-glaces, les sous-marins. Bon, nous, on a Davie à Lévis, puis on a aussi un chantier qui est à Sorel », s’est-il avancé, sans donner plus de détails.
Il est donc porté de croire qu’une annonce serait imminente pour l’implantation d’une entreprise du secteur maritime au 1800, chemin St-Roch. Rappelons que lors de sa visite le 4 septembre 2020 à Sorel-Tracy, François Legault a avancé que la condition pour que le gouvernement paie pour une décontamination de terrain est qu’une entreprise soit identifiée à prime abord.
« Je lui [au maire de l’époque] ai promis que s’il trouvait une entreprise pour s’établir sur ce terrain, je suis prêt, au nom du gouvernement, à le décontaminer. Je l’ai fait à d’autres endroits au Québec. Le gouvernement paie pour la décontamination, mais on n’ira pas le faire s’il n’y a pas de projet pour s’y implanter », avait-il mentionné à ce moment.