3 mars 2020 - 14:47
Marie-Pier Lefebvre de la Ferme St-Ours
La fierté de mettre son propre grain de sel sept générations plus tard
Par: Jean-Philippe Morin

Marie-Pier Lefebvre est fière de représenter la septième génération de la Ferme St-Ours. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Marie-Pier Lefebvre représente la septième génération de la Ferme St-Ours. La jeune entrepreneuse est embarquée dans l’aventure en 2015 et se dit fière d’avoir tracé son propre parcours avant de revenir à ses racines.

« Quand j’étais jeune, je travaillais à récolter les œufs, faire la tournée des poulaillers, etc. J’ai ensuite démontré un intérêt dans l’aspect comptabilité, donc j’ai travaillé pendant un été dans les bureaux de la ferme. Ce qui m’a amenée à compléter mes études pour avoir mon diplôme de CPA et travailler dans le marché. Mais j’avais toujours la flamme pas trop loin de mon cœur et c’est pourquoi j’ai voulu m’impliquer dans la relève familiale. Je voulais m’assurer de me bâtir une crédibilité et faire mon propre nom avant, pas seulement me faire voir comme la fille de mes parents. Ça m’a permis d’être très outillée, d’avoir vu autre chose », souligne la jeune entrepreneuse.

C’est un projet de partenariat avec un poulailler au Nouveau-Brunswick qui a confirmé son entrée dans l’entreprise. La Ferme St-Ours s’occupe du volet administratif de cette ferme. À partir de ce moment, c’est-à-dire il y a presque cinq ans, elle a fait le saut à temps plein à Saint-Ours. Et depuis deux ans, son frère David Lefebvre et son cousin Jonathan Laperle l’accompagnent dans cette relève familiale.

« La famille, ça fait partie de nos valeurs et de notre modèle d’entreprise. Plusieurs familles travaillent avec nous aussi dans nos fermes à Saint-Charles, L’Ange-Gardien et Saint-Hugues. Même les enfants de nos employés commencent à travailler sur la ferme », se réjouit-elle.

Comme ses parents [Martine Bourgeois et Serge Lefebvre] et sa tante [Chantal Bourgeois] sont encore impliqués dans l’entreprise, des défis peuvent survenir à l’occasion. « Mais on s’aime tous, on a tous du respect un pour l’autre. La communication permet toujours de régler les situations. C’est un bel équilibre entre l’expérience et la nouveauté. On sort de l’école, on arrive avec plein d’idées et de projets. De l’autre côté, ils ont l’expérience, ils ont fait plein de choix à travers les années. C’est un privilège de travailler avec eux », relate Mme Lefebvre.

Faire sa place

Même si elles sont de plus en plus nombreuses dans l’agriculture, les femmes sont encore en minorité. Toutefois, Marie-Pier Lefebvre ne sentait pas qu’être une femme représentait un défi supplémentaire lorsqu’elle a décidé de plonger tête première dans l’entreprise.

« Dans mon cas, avec ma tante et ma mère qui étaient déjà dans ce domaine, je n’ai jamais perçu de barrière. Par contre, sur le terrain, c’est beaucoup des hommes. C’est vrai qu’il y a une réalité où il faut un peu plus faire notre place, gagner en crédibilité, démontrer qu’on connaît la production. Mais somme toute, il y a une ouverture et un profond respect de part et d’autre. […] Je me souviens que ma mère, plus jeune, avait dû lever la main pour dire à son père : «moi aussi je suis là, je suis intéressée«. Pour ma part, je n’ai jamais eu à le faire », témoigne-t-elle.

Grosse année

L’année 2020 représente une grande année de changements pour Marie-Pier Lefebvre, qui attend la venue d’un troisième enfant. En plus, la Ferme St-Ours prendra un pas de géant puisque d’imposants travaux ont lieu.

« À partir d’octobre 2020, toutes nos productions seront en liberté ou biologiques, c’est-à-dire que toutes nos poules seront en liberté. Les travaux à la ferme consistent donc à convertir un poulailler en biologique. Ce sont des gros changements, mais les consommateurs sont rendus là », conclut-elle.

Sur ses quatre sites de production, la Ferme St-Ours dispose d’environ 200 000 poules, dont 60 000 biologiques. Elle dispose aussi de 5800 entailles pour la production de sirop d’érable. Une cinquantaine d’employés travaillent à la Ferme St-Ours, dont une trentaine à temps plein.

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