24 novembre 2021 - 07:01
Alors que l’APM s’apprête à lancer un appel d’offres international
La fin de l’agrandissement du terminal de Contrecœur repoussée à 2026
Par: Jean-Philippe Morin

L’agrandissement du Port de Montréal à Contrecœur sera complété d’ici la fin de 2026, alors que l’appel de qualification sera lancé dans les prochains jours. Photo gracieuseté/APM

L’Administration portuaire de Montréal (APM) a décidé de changer d’approche pour trouver le groupe d’entrepreneurs qui procédera à l’agrandissement du terminal de conteneurs à Contrecœur. Ce changement de cap amène donc les gestionnaires du projet à repousser le début des travaux en 2023 et la mise en exploitation du site en 2026.

En janvier 2021, l’APM avait qualifié trois équipes d’entreprises pour la conception et la construction du terminal, soit Ancre Contrecœur, CAP Contrecœur et Kiewit-Pomerleau. Toutefois, l’organisation a décidé de retourner en appel d’offres, cette fois à l’international.

« On a pris un pas de recul », admet le chef principal, Affaires publiques et Communications du projet Contrecœur, Louis-Philippe Péloquin.

« On avait une approche design and build au départ, donc l’appel de qualification était seulement pour la conception et la construction. On a décidé d’y aller plutôt avec un appel de qualification international de type CCFEM [Conception, Construction, Financement, Exploitation et Maintenance]. C’est beaucoup plus complet et on pense que cette approche est plus appropriée pour aller chercher encore plus d’expertise pour un projet de cette envergure », ajoute M. Péloquin.

Ce nouvel appel de qualification international est débuté depuis le mardi 23 novembre. Les entreprises sélectionnées lors du premier appel d’offres peuvent soumissionner à nouveau. Cinq dossiers de candidature avaient été déposés en janvier 2021, mais l’engouement pourrait être plus grand cette fois.

« Lors d’une rencontre avec des soumissionnaires potentiels il y a quelques jours, il y avait près de 150 personnes connectées en ligne. À l’international, c’est sûr que l’engouement est plus grand. L’appel de qualification se terminera en mars 2022 et les trois finalistes seront connus à ce moment. L’appel d’offres sera lancé en avril 2022 », souligne le chef des communications du projet.

Chevalier cuivré

Un reportage de Découverte diffusé il y a quelques jours à Radio-Canada mettait en lumière la fragilité du chevalier cuivré, un poisson en voie de disparition. Son habitat se situe dans le fleuve où le terminal de Contrecœur sera agrandi.

Le projet entraînera la destruction de 0,9 hectare d’habitat naturel du chevalier cuivré sur 30 000 hectares, soit 0,0003 % de la superficie totale. L’APM a déjà annoncé qu’elle planterait 1,8 hectare d’herbier pour compenser cette perte.

Des biologistes, avec en tête Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) Québec, doutent toutefois que cette opération fonctionnera, surtout qu’elle n’a jamais été pratiquée.

« On a soumis nos plans de compensation au ministère [de l’Environnement] et ils ont été validés. On est confiants, mais surtout fiers des mesures compensatoires qu’on va mettre en place », affirme le directeur Administration et développement du projet Contrecœur, Laurent Fafard.

L’APM assure qu’elle respectera les 355 conditions, en plus de la centaine de recommandations afin d’obtenir ses permis environnementaux. Le projet doit toujours obtenir un permis concernant la Loi sur les espèces en péril. SNAP-Québec a déjà annoncé qu’elle contestera la validité du projet devant les tribunaux si le permis était octroyé à l’APM.

« S’ils veulent contester le processus, ils sont en droit de le faire. Ce que je peux dire, c’est que nous aussi, on a des biologistes dans notre équipe qui veulent s’assurer que tout soit fait dans les règles de l’art. Ils veulent que ça réussisse et nos mesures compensatoires vont dans ce sens », explique M. Fafard.

Selon MM. Péloquin et Fafard, nul doute que l’engouement et les appuis autour du projet sont grands. « Il y a eu un build up important dans la dernière année, que ce soit la subvention de 55 M$ du gouvernement du Québec en janvier, le feu vert d’Ottawa en mars et le lancement de l’appel de qualification en novembre. Tous les paliers de gouvernement, que ce soit le fédéral, le provincial ou le municipal sont enthousiastes », assure Laurent Fafard.

Un prix qui rejaillit sur l’APM

L’APM a gagné un prix dans la catégorie Opportunity and Equity lors du 13e North America Strategic Infrastructure Leadership Forum qui s’est tenu en octobre, aux États-Unis. L’organisme CG/LA Infrastructure, basé à Washington, a reconnu le travail de l’APM dans son projet à Contrecœur.

Cette catégorie souligne le projet en Amérique du Nord qui génère les meilleures retombées à long terme en matière de bien-être des communautés desservies et de création d’emplois directs et indirects.

Rappelons que ce projet permettra de créer 5000 emplois lors de la construction et 1000 lors de l’exploitation du terminal. Il est toujours estimé à 950 M$ et permettra, à terme, d’accueillir 1,15 million de conteneurs ÉVP (équivalant vingt pieds).

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