En 2024, le baromètre n’est pas au beau fixe pour les femmes.
J’ai toujours pensé que la condition des femmes, le respect des droits de femmes, leurs avancées, constituent des indicateurs de civilisation. Je ne vois pas pourquoi je devrais penser autrement maintenant. Surtout avec ce qui se passe aux États-Unis. Je ne comprends pas pourquoi nous devrions accepter de reculer sur l’égalité des droits.
Après quelques années à l’étranger, dans un Moyen-Orient aux réalités bien différentes des nôtres, je suis revenu au Québec en octobre 1989. Quelques semaines seulement avant que 14 jeunes femmes soient les victimes d’un attentat dont on sait aujourd’hui qu’il était misogyne et antiféministe. Je ne suis pas certain d’avoir vraiment compris à l’époque ce qu’il y avait derrière cette tuerie. Même si ça ne devrait pas être le cas, certaines choses sont longues à décanter pour qu’on en tire réellement les leçons et pour que l’on comprenne vraiment.
Encore aujourd’hui, si on en croit les discours ambiants, certains hommes ont de la difficulté à admettre que les femmes occupent leur place dans l’espace public et transportent leur malaise dans l’espace privé. La violence faite aux femmes progresse. On peut trouver ça inquiétant, troublant et même révoltant, mais ça n’arrête pas.
Ce qui est différent, et extrêmement préoccupant, c’est que ce discours misogyne est maintenant porté par des élus, des gens qui occupent des fonctions de premier plan, des hommes de pouvoir dans nos sociétés. Leurs statuts accordent de la légitimité à ce discours qui n’osait pas vraiment s’affranchir. Comment définir autrement le rôle que joue Donald Trump?
De ce côté-ci du 45e parallèle, nous semblons être à l’abri de ces revirements de l’histoire, mais, le sommes-nous vraiment? Le droit des femmes de contrôler leur corps, le droit à l’avortement (même s’il existe de réels enjeux d’accessibilité qui en limitent l’exercice) n’est pour l’instant pas remis en question. Pourrait-il l’être avec l’élection d’un gouvernement conservateur à Ottawa?
Tout semble si fragile.
La société québécoise a besoin de compter sur tous ses membres. Elle a besoin que chacune et chacun puisse contribuer au maximum de ses capacités, de ses compétences, de ses ambitions. C’est la principale raison de la recherche de l’équité.
C’est aussi vrai, chez nous, dans notre région. Faut-il souligner combien notre leadership politique est masculin? Certainement progressiste, mais masculin quand même.
Il ne faut pas commettre l’erreur de croire que le « progrès », que les grandes avancées, soient inéluctables. Tout peut voler en éclat, on le constate.
Il faut trouver un moyen que les filles et les jeunes femmes n’aient jamais moins de droits que leurs mères. Nous ne voulons pas d’une telle société.
Cette chronique prend congé pour quelques semaines. De retour le 14 janvier. Joyeuses Fêtes!