Pour Patrick Fortin, président de CLIC Montérégie, un réseau linguistique qui offre l’enseignement des langues, il est aberrant que certains employeurs se basent sur la langue pour embaucher ou non un employé. « J’entends encore aujourd’hui des dirigeants d’entreprises déclarer qu’ils n’engagent pas des candidats qui ne parlent pas le français! Ils ne doivent pas mettre de côté de bons candidats sur la base de la langue. Ils devraient plutôt les engager et mettre comme condition d’emploi d’apprendre le français », déclare-t-il.
Malgré les réticences de certains employeurs, de nombreux travailleurs étrangers arrivent dans la région sans parler le français. Afin de favoriser leur intégration, divers organismes, tels que l’Orienthèque, un centre d’orientation et de services d’intégration de la main-d’oeuvre, épaule les entreprises au quotidien. « Nous offrons du soutien aux employeurs avec leurs responsabilités à l’égard des travailleurs étrangers. Ce sont souvent eux qui nous appellent pour les aider avec les travailleurs étrangers », mentionne Mélanie Hébert, chargée de développement à l’Orienthèque.
Lorsqu’un travailleur étranger arrive dans son nouveau milieu de travail au Québec, l’employeur doit tout d’abord mettre à sa disposition tous les outils nécessaires pour apprendre le français. « En tant que province francophone, il est primordial que les nouveaux arrivants parlent et entendent parler français au travail. C’est la prémisse ainsi qu’une obligation légale. […] L’immersion totale est la meilleure façon d’apprendre une nouvelle langue », soutient M. Fortin.
En plus de la francisation, l’employeur doit tout mettre en œuvre pour bien préparer l’arrivée d’un travailleur étranger et pour favoriser son intégration. Notamment en offrant un salaire compétitif qui correspond aux normes de l’entreprise ainsi que de bonnes conditions de travail.
Face à toutes ces responsabilités, l’Orienthèque peut également venir en aide aux nouveaux arrivants, qui peuvent éprouver des difficultés à cause de la barrière linguistique. « Nous les aidons à trouver leurs logements et nous organisons des visites de la région. Nous nous occupons aussi parfois de leurs premières démarches concernant leurs assurances et même avec l’inscription des enfants à l’école. Nous sommes comme un GPS social […] parce qu’il n’est pas facile de faire toutes ces démarches sans parler français », explique Mme Hébert.
Des responsabilités légales et morales
Pour M. Fortin, lorsqu’un employeur embauche des gens à l’international, il s’engage à prendre en charge le travailleur étranger et par le fait même sa famille. C’est ainsi que les responsabilités légales se transforment la plupart du temps en responsabilités morales.
« On peut penser à l’entreprise CNC Tracy qui était restée impliquée auprès d’Hanna Horbanova pour l’aider à rester au Canada. L’entreprise avait jadis une obligation légale envers son mari, Ihor Horbanov, qui est décédé dans un accident de la route le 11 mars 2019. Malgré cela, dans les mois suivant la tragédie, l’entreprise avait décidé de continuer d’aider Hanna et ses enfants. L’entreprise prenait donc en main ses responsabilités morales envers la famille d’Ihor », conclut M. Fortin.
À suivre la semaine prochaine
Vous pourrez lire la suite et fin de notre dossier dans le journal de la semaine prochaine alors que nous présenterons des portraits de travailleurs étrangers de la région.
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