Malheureusement, parce que depuis quelques années, les femmes qui y sont accueillies sont de plus en plus nombreuses. Il faut rappeler ici, d’entrée de jeu, que la Maison La Source est un refuge pour femmes victimes de violence conjugale.
Directrice de l’organisme depuis 1992, Lucie Hénault admet que la dernière année a été passablement remplie avec un important taux d’occupation en hébergement. « Cette année, on va se rapprocher d’un taux d’occupation de 100 %. Nous avons 15 places en hébergement et cela déborde. Et ajoutez à cela les enfants qui accompagnent souvent les mamans… », d’indiquer Lucie Hénault.
Le plus bas taux d’occupation enregistré est de 64 % en 2018-2019 et le plus élevé l’a été en 2021-2022 avec 86 %. « Durant la pandémie, on a dû fermer certaines chambres pour aménager une zone chaude (isolement des personnes atteintes de la COVID). Cela nous a donné un taux d’occupation faussé », rappelle-t-elle.
Et il n’y a pas que le taux d’occupation qui augmente. « La durée d’hébergement est beaucoup plus longue. Nous sommes passés d’une durée de 36 jours en 2021-2022 à 57 jours en 2022-2023 », lance Mme Hénault.
Et qu’est-ce qui explique cette hausse? « La pénurie de logements, le coût des loyers et le fait que les propriétaires hésitent à louer à des femmes seules avec des enfants croyant qu’elles ne seront pas capables de remplir leurs obligations et craignant aussi, dans certains cas, de voir resurgir le conjoint violent dans le décor », explique la directrice générale de la Maison La Source.
Depuis cinq ans, l’organisme accueille entre 70 et 95 femmes en hébergement. En 2022-2023, pas moins de 167 femmes sont venues en consultation pour des services externes (consultation sans hébergement). On compte 20 nouvelles femmes par mois qui demandent les services externes et leur nombre est toujours en hausse.
Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la violence conjugale touche toutes les classes de la société et pas uniquement les gens démunis. « On en voit chez les professionnels, chez les bien nantis comme les moins bien nantis », fait remarquer Mme Hénault qui ajoute que plus les conjoints violents sont éduqués, instruits, plus leurs stratégies de contrôle sont raffinées.
Mais Lucie Hénault, outre le fait de constater une croissance dans les demandes d’aide, craint le développement et l’adaptation aux nouvelles technologies. « Le défi que l’on a maintenant, c’est de composer avec les réseaux sociaux, la géolocalisation. Cela multiplie les moyens, les stratégies de contrôle. Même les jouets, les jeux vidéo, les téléphones intelligents deviennent des moyens de contrôle supplémentaires envers les femmes », déplore-t-elle en conclusion.