J’arrivais de mon passage de deux ans avec le journal Sport Illustré à Montréal, car à Sorel-Tracy, les responsables des journaux de l’époque m’avaient dit qu’ils n’avaient pas besoin de mes services. Je ne me suis pas laissé abattre.
Mon rêve : journaliste sportif d’un quotidien montréalais. Entrevue avec Jacques Beauchamp, on m’accepte. Mais, à la dernière minute, Jean-Yvon Houle de La Voix métropolitaine vient me rencontrer alors que je disputais une partie à la balle molle. Il me raconte qu’il a l’intention de créer un autre hebdo. « Il sera publié le samedi, il sera vendu. J’ai besoin d’un gars aux sports ». Il avait forcément eu des échos de mon passage sur l’île.
J’ai accepté, car je n’aimais pas l’atmosphère qui régnait à Montréal.
Je me souviens de la première fois que je suis entré dans les bureaux du journal, dans l’édifice actuel du Tire-Bouchon. La première personne que j’ai vue est Louise Grégoire-Racicot, embauchée peu de temps avant moi.
J’ai rapidement réalisé que cette femme commandait la dignité. Son calme, son aura, sa personnalité faisaient en sorte que l’on n’avait pas le choix de la respecter. Elle savait écouter, ne parlait pas beaucoup, posait des questions, laissant tout le plancher à celle ou celui qu’elle rencontrait.
Même si je l’ai côtoyée pendant plusieurs années, j’ai peu de souvenirs qui me viennent à l’esprit. Sa discrétion m’intimidait. Avec mon verbomoteur, continuellement en ébullition, je me voyais mal aller la rencontrer pour lui parler d’un but spectaculaire de Guy Lafleur, réussi la veille dans une partie contre Toronto.
Je la regardais du coin de l’œil. Même de cette façon, elle m’influençait.
Lorsqu’elle me parlait, sa voix calmait mes ardeurs et cela même si c’est arrivé rarement. Je me rappelle que Jean-Yvon Houle l’aimait bien. Il lui accordait un grand vote de confiance et avec raison.
Dans ce temps-là, il y avait M. Yvon Beaudry, un autre personnage qui ne cassait pas de vaisselle. Imaginez une discussion entre eux!
Jeune fringant, de l’énergie à revendre, disons que nos styles ne se rejoignaient pas tellement.
Ce qui m’impressionnait le plus chez Louise et ce qui démontre ses grandes qualités journalistiques est qu’elle aura écrit jusqu’à la toute fin. Ça ne ment pas.
Lorsque j’ai reçu un appel téléphonique de Jean-Philippe Morin il y a quelques semaines, m’informant que Louise était malade, je me suis inquiété. Du coup, il m’a demandé à pied levé si je pouvais la remplacer.
Vous imaginez le bel honneur pour moi de prendre la place de cette femme!
Jamais, au grand jamais j’aurais cru qu’un jour, j’allais pouvoir lui succéder.
Je ne suis pas du même style et surtout, je ne détiens pas son bagage journalistique. Les gens qu’elle rencontrait apprenaient rapidement qu’il devenait très ardu de la duper. De là le grand respect qu’on lui vouait.
Je suis très fier d’avoir travaillé avec elle, même si ça fait plusieurs années.
Je le sais que tout le monde est remplaçable, mais son style, sa classe, sa grande personnalité vont nous manquer.
Louise, ce fut un privilège et éventuellement, je trouverai bien le moyen de te décrire en détail ce fameux but de Guy Lafleur!
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