C’est du moins ce qu’a suggéré la procureure de la Couronne, Me Geneviève Beaudin, aux représentations sur sentence de Luc-David Nelis, le 12 octobre au palais de justice de Sorel-Tracy.

Selon ce qu’on a pu apprendre à la Cour, Luc-David Nelis a, tout juste avant de subir un procès il y a quelques mois, plaidé coupable à trois chefs d’accusation, soit de harcèlement, de possession et de distribution de pornographie juvénile, puisque la victime était mineure.

Me Beaudin a suggéré une peine de six mois de prison à purger de façon consécutive pour chacun des trois chefs, donc 18 mois de prison en tout. Quant à l’avocate de la défense, Me Laurence Legault-Denis, elle a demandé à ce que son client écope d’une sentence suspendue assortie d’une probation et de 240 heures de travaux communautaires. Ou, tout au plus, d’une peine dans la collectivité.

Ébats sexuels sur Pornhub

Selon ce qu’a relaté Me Beaudin, Luc-David Nelis a, en 2018, partagé une relation sexuelle qu’il a eue avec une ex-copine sur le site Web Pornhub. La vidéo serait restée sur le site pendant environ deux mois.

« Mais avant qu’elle soit retirée, on n’a pas d’assurance qu’elle n’a pas été téléchargée ou distribuée par qui que ce soit dans le monde. Une fois sur Internet, on n’a plus de contrôle », a indiqué Me Beaudin.

Les mois qui ont suivi, Nelis a harcelé la victime, ce à quoi il a aussi plaidé coupable.

Après que la vidéo ait été publiée sur Internet, la victime aurait alors demandé à l’accusé de l’effacer de son cellulaire, ce qu’il a dit qu’il ferait. Mais lors de l’arrestation de Nelis en 2021, il était toujours en possession des fichiers.

La procureure de la Couronne a aussi plaidé que ces gestes avaient eu un impact important sur la victime. « Elle éprouve encore aujourd’hui des craintes. C’est difficile pour elle de faire confiance [en un homme], elle s’est sentie manipulée », a-t-elle soutenu, en ajoutant que le risque de récidive était présent, selon le rapport présentenciel.

« Je regrette »

En répondant aux questions de son avocate, Luc-David Nelis a mentionné à plusieurs reprises regretter ses gestes qui datent d’il y a cinq ans.

« C’est la pire boulette que j’ai pu faire dans ma vie. Je consommais de la drogue dans le temps, je ne voyais pas les conséquences de mes actions. Je suis vraiment désolé, le but n’était pas de lui faire de la peine. Ce que j’ai fait est vraiment stupide. J’ai vieilli depuis, je veux rester droit. Tous les jours, je regrette ce que j’ai fait », a-t-il mentionné.

Son père a aussi témoigné en faveur de son fils. « Ce qui est arrivé est inacceptable. Je suis père d’une fille aussi, je compatis avec [la victime]. Aujourd’hui Luc-David a 24, bientôt 25 ans. Il a avancé, il est dédié à sa passion, la musique. Il est totalement conscient de ce qui est arrivé et de la gravité de ses gestes. Il a réalisé qu’il y avait un prix à payer. Comme père, je ne pense pas que la prison va l’aider. »

Dans ses représentations, Me Legault-Denis a souligné que la peine de 18 mois demandée par la Couronne était exagérée étant donné les facteurs atténuants comme le plaidoyer de culpabilité, le jeune âge de l’accusé au moment des faits et ses remords sincères. Elle a aussi mentionné qu’il a le soutien de sa famille et qu’il a respecté ses conditions.

Le juge Denys Noël rendra sa décision sur la peine le 24 octobre prochain.

Rappeur amateur

Avant son arrestation, Luc-David Nelis avait sorti un album de huit chansons intitulé Abîmer. Le site Web journalduhiphop.ca avait d’ailleurs publié une entrevue avec lui à ce sujet en 2021. Après son arrestation, en 2022, celui qui se fait appeler Nelis dans le milieu a publié une autre chanson « Au bout de la Terre ». Il a assuré, lors des représentations sur sentence, ne pas avoir accédé à Internet pour propulser sa chanson puisque ses conditions lui interdisaient de le faire.