Simonne Bergeron est en forme. Elle est autonome avec sa marchette. Elle ne fait pas d’Alzheimer, de démence ou d’errance. En octobre dernier, alors âgée de 107 ans, elle était toujours propriétaire de sa maison à Saint-Joseph-de-Sorel. Elle y a résidé pendant 78 ans. Dans cette demeure bigénérationnelle, Simonne Bergeron avait des voisins, soit sa fille Nicole Bergeron et son gendre Robert Gignac, qui sont ses proches aidants depuis maintenant 16 ans et qui lui ont permis d’y vivre aussi longtemps. Elle les surnomme affectueusement ses « deux anges ». Cependant, en raison d’un virus respiratoire, Simonne a dû être hospitalisée. Puis, la décision a été prise : Mme Bergeron a signé son premier bail à vie à la Résidence du Carré Royal.
Atteinte de la COVID-19, celle qui est née le 10 décembre 1914 a célébré son anniversaire à distance grâce à plusieurs conférences Zoom avec sa famille tout en étant accompagnée de sa petite-fille et proche aidante, Nathalie Bergeron. Heureusement, ses symptômes ne sont pas trop virulents.
« On est chanceux d’avoir la famille qu’on a, mais on est surtout très chanceux d’avoir des spécialistes qui nous accompagnent. Ils accompagnent grand-mère, mais ils nous accompagnent aussi. Il faut rendre hommage aux préposés, aux auxiliaires et aux résidences privées. On en a entendu des histoires d’horreur, mais ce sont des minorités. […] Il faut leur dire merci », soutient Nathalie.
Émue, Nathalie poursuit en mentionnant la chance qu’elle a de pouvoir passer ce temps-là avec la centenaire. « J’en parle depuis des années de ma grand-mère sur les médias sociaux. Elle est inspirante comme femme. Elle a connu la grippe espagnole et la COVID-19. Elle nous partage sa sagesse et son regard franc », développe sa petite-fille.
Son histoire
Simonne est née à Saint-Léonard-d’Aston au sein d’une famille de sept enfants. Toute jeune, elle a connu la Première Guerre mondiale. Elle a marié son « beau brun », Alfred Bergeron, le cousin de son père, qui a dû payer une dispense à l’Église en raison de leur lien familial. « Il fallait qu’il paye pour m’avoir », lance-t-elle en riant.
En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont arrivés à Sorel-Tracy puisqu’Alfred Bergeron a été embauché à Marine Industries. Simonne est restée à la maison pour s’occuper des enfants. Ils en ont eu sept : Lise, Normand, Nicole, Michel, Gilles, Richard et Denis.
Simonne a aussi vécu l’obtention du droit de vote pour les femmes en 1940. Elle ne suivait pas les recommandations politiques de son mari ou de qui que ce soit. « Je votais pour qui je voulais! C’est secret le vote! », souligne-t-elle.
La famille Bergeron a été parmi les premières familles de Saint-Joseph-de-Sorel à posséder une télévision. « Tout le monde s’en venait voir la télévision en regardant par la fenêtre. Rendu à 11 h, nous autres on se couchait, les voisins eux autres ne travaillaient pas. Ils voulaient qu’on la laisse jusqu’à une heure du matin. Il fallait dormir nous autres. Mais, quand on était là, ils venaient la voir. Mais, quand on n’était plus là et qu’on se couchait, la télévision, on la fermait », témoigne Simonne le sourire aux lèvres.
Elle raconte que les fins de semaine, Alfred et elle sortaient pour aller danser ou jouer aux cartes pendant que les plus vieux enfants gardaient les plus jeunes. « C’était bien. Ç’a été notre vie », constate-t-elle.
Son positivisme
Existe-t-il un secret pour une telle longévité? Elle répond franchement : « Je n’en ai pas. On continue. On fait ce qu’on a à faire. »
« Grand-maman, on ne l’a jamais entendu parler en mal de qui que ce soit. Elle est une femme positive. […] Elle voit toujours le verre à moitié plein et jamais à moitié vide », ajoute Nathalie, sa petite-fille. Ainsi, le positivisme de Simonne Bergeron serait peut-être le fameux secret de sa grand-mère.
À la fin de l’entrevue, Simonne et Nathalie montrent une photo de famille. La famille Bergeron comprend sept enfants, huit petits-enfants, douze arrière-petit-enfants et trois arrière-arrière-petit-enfants. « Ce n’est pas près de s’éteindre », conclut fièrement Simonne Bergeron.