31 octobre 2023 - 08:38
Cégep de Sorel-Tracy
L’Association étudiante revendique des stages rémunérés pour trois techniques
Par: Stéphane Fortier

Aude Lavallée, Paul Drouot et Laurence Mallette-Léonard revendiquent des stages rémunérés au Cégep de Sorel-Tracy. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

De concert avec la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l’Association générale des étudiants et étudiantes du Cégep de Sorel-Tracy (AGEECST) a lancé un appel à la ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, afin de revoir la non-rémunération des stages étudiants dans de nombreux domaines, dont ceux de la santé et de l’éducation.

Justement, au Cégep de Sorel-Tracy, trois techniques sont particulièrement touchées, soit celles des soins infirmiers, l’éducation spécialisée et la Technique de pharmacie.

« Les étudiants sont forcés de rester dans des conditions précaires pour toute la durée de leurs stages obligatoires. Dans certains programmes, le remplacement des anciennes bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires par l’insuffisante bourse incitative Perspective Québec a été condamné, cette dernière n’étant plus accessible à la population étudiante internationale », fait remarquer Laurence Mallette-Léonard, présidente de la FECQ.

Parlant d’étudiant à l’international, Paul Drouot, stagiaire en Techniques d’éducation spécialisée et coordonnateur aux affaires internes de l’AGEECST, témoigne de sa propre expérience. « Mon dernier stage m’a fait perdre plus de 6000 $. La charge était trop pour moi, je n’avais pas les capacités mentales de faire des semaines de plus de 60 heures. J’étais constamment fatigué, irritable, épuisé, démoralisé. Moi j’ai choisi ce programme, parce qu’il rejoint mes valeurs, parce que c’est réellement ce que je veux faire. Mais je refuse d’y laisser ma santé mentale », a-t-il raconté.

« Parce oui, il y a des conséquences économiques à des stages non rémunérés, mais aussi des répercussions sur la santé mentale », souligne-t-il. Paul Drouot s’étonne qu’en situation de pénurie de main-d’œuvre, les employeurs, particulièrement dans le secteur public, ne rémunèrent pas les stages.

L’inflation et la hausse du coût de la vie touchant particulièrement les stagiaires, que ce soit au niveau du logement, de la nourriture et autres dépenses, nombre d’entre eux sont forcés de choisir entre s’endetter ou abandonner leurs études, n’étant pas en mesure de travailler pour subvenir à leurs besoins en même temps de faire un stage pouvant aller jusqu’à 40 heures par semaine. L’impact sur la santé mentale de devoir conjuguer le tout, pour celles et ceux qui persévèrent, est drastique.

« On parle de valoriser les emplois, mais rendre les emplois attrayants, ça commence par des stages rémunérés », lance, de son côté, Aude Lavallée, présidente de l’AGEECST. Cette dernière va également dans le sens de Paul Drouot. « La rémunération des stages contribuerait à l’allègement des horaires de vie des étudiants. Ce qu’on attend de la ministre, ce sont des changements concrets avec un échéancier. En tant qu’association étudiante, nous trouvons horrible de voir nos étudiants en technique dans cet état inhumain », croit-elle.

Iniquité

Pour Laurence Mallette-Léonard, il est inacceptable qu’il n’y ait toujours pas d’équité entre un stagiaire en génie et une stagiaire en soins infirmiers, alors que tous les domaines sont essentiels au bon fonctionnement de la société.

« La dévalorisation des professions non rémunérées nuit activement au recrutement et à l’épanouissement des étudiantes et étudiants qui souhaitent s’y engager, alors que les services publics québécois sont en criante pénurie de main-d’œuvre », indique-t-elle.

Et ce n’est pas le seul exemple d’iniquité. « La composition majoritairement féminine des stagiaires de niveau collégial se situe à 74 %. Les domaines de stages toujours sans rémunération étant historiquement féminins, tandis que les domaines de stages rémunérés sont davantage composés d’hommes », de conclure Mme Mallette-Léonard.

Il y a quelques semaines, alors qu’une manifestation avait lieu devant ses bureaux, la ministre Pascale Déry s’est engagée à trouver un moyen de rémunérer certains stages. « On a des équipes qui travaillent depuis déjà quelques mois sur toutes sortes de scénarios. [… ] Ce que je vous dis aujourd’hui, c’est d’être patients », a-t-elle mentionné aux étudiants, qualifiant de non-sens de ne pas les rémunérer lorsqu’ils étudient à temps plein.

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