À l’âge de 12 ans, Marcel Bourgeois a dû quitter l’école pour travailler avec son père sur la ferme. Grâce à sa curiosité et sa soif d’apprendre, il a acquis les secrets de la production laitière, de la terre et de l’acériculture en observant, en écoutant et en lisant les journaux.
Il avait une passion pour la nature, la forêt et les arbres. Il affectionnait particulièrement l’érablière familiale et a procédé à la plantation de plusieurs dizaines d’arbres pour l’agrandir.
En 1961, sa femme Solange Préfontaine et lui sont devenus propriétaires de la ferme familiale. Ils étaient la cinquième génération sur la terre. À cette époque, la Ferme St-Ours opérait en production laitière avec un cheptel de 200 vaches de race Ayrshire pur sang. Alors qu’ils sont propriétaires, la superficie cultivable en grandes cultures passera de 65 à 185 hectares.
Avec leurs enfants Gaétan, Martine, Marie-Josée, Chantal et Patrick, ils ont fait le tour des expositions agricoles.
En septembre 1987, un feu a ravagé l’étable principale. Avec l’aide d’amis et de la famille, les animaux sont sauvés et la bâtisse est reconstruite. En 1993, ils ont décidé de léguer leurs parts à leurs enfants. Ce sont deux des filles du couple, Martine et Chantal, ainsi que leur gendre Serge qui reprennent les rênes et convertissent la ferme pour la production avicole.
Au fil des ans, Marcel Bourgeois et sa femme ont été reconnus à plusieurs reprises. Ils ont remporté la médaille d’argent de l’Ordre national du mérite agricole en 1976, la troisième place du Mérite forestier de la région de Montréal en 1981, la mention d’honneur de la famille terrienne en 1998 et le prix de l’Excellence agricole du Gala agricole du Bas-Richelieu en 2006. Toutefois, selon sa fille Martine Bourgeois, maintenant copropriétaire et vice-présidente de l’entreprise, une de ses plus grandes fiertés était le titre de famille agricole de l’année reçu en 2018 par la Fondation de la famille terrienne.
« C’était comme l’accomplissement de toute une vie, autant au niveau professionnel que de l’implication sociale et de la famille. Sa fierté, c’était sa famille. On a tous cheminé avec lui. Quand on était sur la ferme, on suivait papa, on allait à l’étable, on allait dans les champs. L’important pour lui, c’était un travail bien fait. Ses valeurs, c’était le respect des personnes, des partenaires, des animaux, de la terre, de la nature, de la forêt, des employés. Beaucoup de respect envers les employés. Ça, il nous l’a toujours inculqué », souligne-t-elle.
Il a aussi été dirigeant de l’UPA Saint-Hyacinthe ainsi que président de l’Association Ayrshire du Québec et directeur au niveau national. Il s’est également impliqué au niveau des activités paroissiales.
Marcel Bourgeois a toujours été près de sa famille. Il y a environ trois ans, il a reçu un iPad lui permettant de parler par vidéoconférence avec ses petits-enfants.
Sa fille confirme que tous se souviennent de lui comme un homme rassembleur d’une grande sagesse. Chaque anniversaire était une occasion de se regrouper. Une fois par an, toute la famille se rassemblait à l’érablière familiale pour cuisiner et profiter du temps ensemble.
Selon des témoignages qu’elle a reçus, Martine Bourgeois affirme que son père était un mentor pour plusieurs et que sa porte était toujours ouverte. Il aimait la vie et chaque petit bonheur qu’elle lui offrait.
Des souvenirs gravés
Marcel Bourgeois était également ébéniste. Il a réalisé de petites tables à pique-nique pour chacun de ses petits-enfants et des chevaux à bascule pour ses arrières-petits-enfants. Un jour, sa famille lui avait donné le défi de faire quelque chose en bois pour chaque membre. Chacun proposait ce qu’il voulait, comme un bijou ou un accessoire. Il les avait tous réalisés. « C’était fait avec le bois qu’il prenait dans sa forêt. C’est comme un legs qu’il nous a laissé », souligne sa fille.
Pour son 60e anniversaire de mariage, la famille lui a offert un érable, arbre significatif pour lui. Chaque participant à la fête avait apporté un pot de terre de chez lui. Ainsi, pour planter l’arbre dans son jardin, ils ont utilisé de la terre provenant de partout au Québec.
Martine Bourgeois se rappelle qu’il ramenait souvent le dicton « La famille, c’est comme les branches d’un arbre, chacun prend des directions différentes, mais les racines sont toujours les mêmes ».