Selon le directeur général du Biophare, Marc Mineau, il y a près de 20 ans que le ministère de la Culture n’avait pas ouvert un tel programme. Toujours sur la corde raide au niveau du financement de son fonctionnement, l’établissement aurait besoin de ce coup de pouce, soutient-il, surtout que l’occasion ne se représentera peut-être pas de sitôt. Cette aide financière pourrait s’élever à 125 000$, selon M. Mineau.
Si l’institution n’est pas menacée par cette décision, M. Mineau ne comprend pas pourquoi le gouvernement a rejeté sa candidature.
« Nous devons sans cesse aller chercher des fonds en mettant sur pied de nouveaux projets. La lettre de refus n’explique pas la décision. C’est incompréhensible. On nous répond seulement que nous ne correspondons pas aux champs de compétence du ministère, ce qui est faux », assure-t-il.
La porte-parole du ministère de la Culture, Anne-Sophie Lacroix, souligne que le Biophare, par sa vocation de mise en valeur du patrimoine naturel, ne correspond pas aux champs de compétence muséale qui couvrent le patrimoine, les arts, les lettres et l’industrie culturelle.
« Sur le site Internet du Biophare, on peut voir que le musée rejoint directement une mission environnementale, ce qui ne correspond pas à nos critères. Le musée est tout de même soutenu. On verse des subventions pour ses projets d’exposition », souligne-t-elle.
Mme Lacroix ajoute que ces critères ont été rendus publics il y a plus d’un an lors de la révision du programme. Même s’ils n’ont pas été tous appliqués à ce moment-là, les institutions muséales pouvaient en prendre connaissance et avoir un temps de transition pour s’ajuster à ceux-ci, mentionne-t-elle.
La balle dans camp du gouvernement
Ces nouveautés apportées au programme découlent du rapport du Groupe de travail sur l’avenir du réseau muséal déposé en novembre 2013. Ce rapport soulignait entre autres que l’action des musées dépasse parfois la sphère culturelle et peut rejoindre la mission d’autres pouvoirs publics.
Cette décision est dénoncée par M. Mineau qui croit que tous les musées sans exception devraient continuer d’être soutenus par le ministère de la Culture puisque c’est ce dernier qui détient les compétences en la matière.
« C’est une totale méconnaissance de qui on est. Ce type d’exposition ne représente que 15% de notre contenu. Pour obtenir des subventions au niveau fédéral, nous devions avoir un sujet d’ordre national qui est celui de la Biosphère du lac Saint-Pierre. Le ministère ne peut pas nous reprocher notre exposition virtuelle traitant de l’environnement pour expliquer sa décision », affirme-t-il.
Malgré le dépôt d’une pétition à l’Assemblée nationale en mai prochain, le ministère ne reviendra pas sur sa décision, explique Mme Lacroix.
« Le programme est actuellement en vigueur et ne sera pas appelé à être modifié avant sa prochaine révision. La norme prend fin le 31 mars 2019. Il y a une liste de critères et elle ne changera pas », conclut-elle.
Le milieu se porte à la rescousse du musée sorelois
Les démarches du Biophare ont trouvé écho auprès de la population et du milieu muséal. Une pétition mise en ligne cette semaine compte plus de 800 noms et sera déposée à l’Assemblée nationale en mai par le député de Richelieu, Sylvain Rochon.
Selon M. Rochon, il est inconcevable que la candidature du Biophare ait été refusée de cette façon.
Il compte bien soutenir les prétentions du musée sorelois qui désire être admissible au Programme d’aide au fonctionnement pour les institutions muséales.
M. Rochon a déjà fait des démarches auprès de sa collègue du Parti québécois responsable de cette question et députée de Joliette, Véronique Hivon, et compte en faire aussi auprès du ministre de la Culture, Luc Fortin, au courant des prochaines semaines.
« C’est une aberration qu’une institution muséale de cette qualité avec des expositions saluées à de maintes occasions se soit fait répondre qu’elle n’était pas admissible au programme. Je m’explique très mal cette décision. J’ai envie de me battre de toutes mes forces », assure le député de Richelieu.
Sans vouloir commenter le cas du Biophare, la présidente de la Société des musées du Québec (SMQ), Katy Tari, soutient quant à elle que cette façon de compartimenter les subventions selon leur spécificité disqualifie un bon nombre de musées québécois à ce programme puisque certains portent davantage sur des sujets spécifiques comme la science ou même l’agriculture.
« C’est une grande problématique. Notre organisme croit qu’un musée doit être un lieu d’éducation et de diffusion. Loin de nous l’idée de vouloir compartimenter les musées selon leurs particularités. Les musées sont multidisciplinaires et ils forment un tout. C’est extrêmement important de maintenir un réseau ayant plusieurs visages », souligne Mme Tari.
La pétition est disponible en ligne sur le site Internet de l’Assemblée nationale au www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-5951.