30 octobre 2015 - 00:00
Le cinéaste Danic Champoux et le référendum de 1995
Par: Louise Grégoire-Racicot
Danic Champoux dans son camion Ford à bord duquel il fait la tournée de ses interlocuteurs. | TC Média = Gracieuseté URBANIA

Danic Champoux dans son camion Ford à bord duquel il fait la tournée de ses interlocuteurs. | TC Média = Gracieuseté URBANIA

« Ça fait 20 ans », documentaire bien personnel du cinéaste sorelois Danic Champoux, a été diffusé le 29 octobre, dans le cadre des grands reportages de la chaîne ICI RDI.

Bien personnel, parce qu’il en est partie prenante, circulant à bord de son camion Ford rouge 1972, pour aller d’un interviewé à l’autre : Marc Cassivi, Simon Beaulieu, Mathieu Bock-Côté, Réal Champoux, Daniel Boucher, etc.

Des gens connus, d’autres moins. Des gens dans la fin trentaine, qui, comme lui ont voté OUI au référendum de 1995 et revoteraient OUI. De fait, un seul de ses interlocuteurs a voté NON, disant avoir toujours regretté de l’avoir fait.

Danic Champoux s’enquiert auprès d’eux de ce qui est advenu du désir d’indépendance au cours des dernières décennies. Peut-on se remettre de la défaite?, leur demande-t-il. Lui est toujours souverainiste. Il ne s’en cache pas.

Huit semaines de travail

« J’ai eu huit semaines pour faire ce film. À l’été, je n’avais même pas idée que Radio-Canada me le commanderait. J’ai dû faire appel à mes vieux réflexes de la Course autour du monde à laquelle j’avais participé en 1996-97. »

De fait, explique-t-il, il y a deux ans, il avait proposé un film sur les 20 ans du référendum à RDI. « À la fin d’août, le diffuseur me demande de faire une version rapide de ce que j’avais imaginé. Je leur ai rappelé que je ne suis ni journaliste, ni politicologue et que je ne pourrais pas non plus être objectif sur ce sujet. Ils ont accepté. »

Voilà un film où il a eu toute la liberté du contenu. Une chose rare, dit-il. Résultat: son documentaire est atypique, comme tout ce qu’il fait. Inclassable aussi, si différent de ce qu’il a fait récemment avec Mom et moi ou Autoportrait sans moi.

Mais il est toujours égal à lui-même et ses mots pour le dire sont ceux de tous les jours. Il garde son accent sorelois et ne manque pas encore une fois de circuler en images dans sa ville natale. Il affirme des choses, questionne des événements, ne craint pas de manifester ses doutes, ses options.

« J’ai eu du plaisir à le faire même si ce n’est pas toujours facile de revivre cette défaite. Mais j’ai aimé revoir le discours de Parizeau, l’annonce de la victoire du NON par Bernard Derome. Pour ma génération, ce référendum a été un grand traumatisme. Je trouve toujours ça choquant de replonger là-dedans. »

Il s’est dit étonné des nombreux messages reçus au cours de la projection du documentaire. « Une tonne de félicitations de gens que je ne connais même pas. J’étais à l’aréna avec mon fils quand ils ont commencé à entrer. Certains me disaient même que le film réveillait leur désir de se rembarquer en faveur de la souveraineté. »

Il est possible de le revoir sur ICI Tou.tv. Le cinéaste compte bien qu’il soit aussi projeté aux Rendez-vous du cinéma québécois.

Entretemps, il met la dernière main sur un documentaire tourné en Louisiane que RDI diffusera au début de l’hiver et a amorcé un film-conte inspiré par son enfance et sa mère.

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