27 août 2024 - 08:05
Le défi de deux élus municipaux
Par: Stéphane Fortier

Le maire de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin lorsqu’il a prêté serment le 5 décembre 2022. Photothèque | Les 2 Rives ©

La mairesse de Contrecœur, Maud Allaire, estime que le rôle d’élu est du 24/7. Photothèque | Les 2 Rives ©

On se demande parfois si les maires et les conseillers municipaux méritent le salaire qu’ils touchent pour remplir leur fonction. Les deux premiers magistrats dont la ville a le plus de population dans la région, Patrick Péloquin à Sorel-Tracy et Maud Allaire à Contrecœur, assurent que leur rôle au quotidien est plaisant, mais exigeant.

Patrick Péloquin, qui a fait son entrée en politique en 2013 alors qu’il avait d’abord été élu comme conseiller municipal, est devenu maire de cette ville de plus de 35 000 habitants en 2022. Il s’investissait déjà beaucoup comme conseiller, mais en tant que maire, il est tombé dans le cycle infernal du 24/7.
Non seulement vaque-t-il à ses occupations de maire durant le jour, où s’entrecoupent de multiples rencontres avec différents intervenants du milieu, économique comme communautaire, sans oublier la MRC et l’équipe de l’administration municipale, mais il doit souvent se libérer pour des événements qui ont lieu le soir et la fin de semaine.
« Le volet représentation de la région est important comme l’est celui auprès des organismes paramunicipaux et des citoyens », souligne le maire de Sorel-Tracy, qui ajoute qu’il ne s’empêche pas pour autant de se livrer à des activités de loisirs comme la balle molle l’été et le hockey l’hiver.
Et la vie de famille? « C’est très demandant d’assumer ces responsabilités et heureusement, j’ai la chance d’avoir des enfants qui sont maintenant de jeunes adultes. Certains ont de jeunes enfants et c’est plus difficile. C’est un mode de vie et il faut l’accepter comme tel. Il peut arriver toutefois que, comme maire, on assiste à des événements où les membres de ta famille peuvent t’accompagner », fait-il tout de même remarquer.

Relations avec les citoyens

Patrick Péloquin est parfaitement conscient que d’être maire d’une ville comme Sorel-Tracy implique des relations avec les citoyens qui peuvent contenir quelques soubresauts. « J’ai géré des classes d’adolescents pendant 20 ans, mentionne le maire en riant. Sérieusement, tout doit se faire dans le respect. Il y a déjà eu des séances du conseil épiques ici. La politique est un débat d’idées et cela doit le rester. Débattons sur les idées, par sur les gens. »
Il y a peu de temps, il a été décidé d’augmenter le salaire des conseillers municipaux, mais celui du maire est resté stable. « Les responsabilités des membres du conseil se sont accrues. Présider des comités comme ils le font leur demande d’investir beaucoup de temps », assure-t-il.

Ça brasse parfois à Contrecœur

Avant d’être à la tête de la Ville, Maud Allaire a occupé un poste de conseillère municipale pendant huit ans. « Mes collègues vous diraient qu’il est important d’avoir une expérience au niveau municipal. Je connaissais bien les rouages de la machine quand je suis arrivée en poste », nous dit d’abord Maud Allaire.
Les séances du conseil, une foule de documents à lire, faire de la représentation sur divers comités, favoriser le développement économique, rencontrer les organismes sur une base régulière, siéger sur de multiples comités et sur la table de la MRC ainsi que participer à des activités les soirs et les fins de semaine; il s’agir là de nombreuses occupations de la première citoyenne. « C’est vraiment du 24/7 et on parle d’un horaire atypique, même lorsque je dois me rendre en ergothérapie, les gens ne voient pas une patiente comme une autre, mais la mairesse de Contrecoeur », fait-elle remarquer, elle qui affirme qu’elle ne peut se permettre d’être en arrêt de travail, malgré son état de santé, ayant été victime d’une entorse cervicale. « Nous avons de gros dossiers à traiter et je suis en gestion de croissance, cela demande beaucoup de représentations sans oublier la planification stratégique qui nous guide », souligne Mme Allaire qui ajoute que pour être efficace, il faut prendre le temps de soigner sa préparation.

Comprendre le rôle des élus

Ce que Maud Allaire trouve parfois le plus difficile à apprivoiser, ce sont les séances publiques du conseil municipal et surtout, la période de questions. « J’ai un peu de difficulté avec les citoyens enquêteurs qui sont devenus un phénomène courant au Québec, commente Mme Allaire. Depuis la pandémie, les mœurs ont évolué en politique. Les gens voient les choses différemment. Les citoyens ne comprennent pas toujours le rôle de l’élu. Les gens veulent tout, tout de suite, mais ils doivent comprendre que les choses prennent du temps. Nous avons un code d’éthique, un code de déontologie à respecter, pas les citoyens. Il faut qu’ils sachent combien nous sommes dévoués, combien nous nous investissons », lance la mairesse de Contrecœur.

Somme toute, le job d’élu municipal est rarement de tout repos, s’il faut en croire ceux et celles qui y baignent de façon quotidienne.

image
Articles Similaires
Nos élus trop payés… ou pas assez?
« Petite municipalité ou non, il y a beaucoup à faire » – Gilles Salvas
Analyse d’une professeure associée de gestion municipale
Rémunération des élus : la taille de la municipalité n’est pas le seul critère
image