Le propriétaire actuel, Richard Bibeau, évalue à plus de 300 000 $ le coût d’une démolition, pour laquelle, de plus, des autorisations du ministère de la Culture des communications comme de la Ville de Sorel-Tracy seraient nécessaires.
Alors on se retrouve maintenant devant un cul-de-sac. Si on évite la démolition à court terme à cause des coûts élevés que cela engendrerait pour le propriétaire, le bâtiment n’est pas prêt à renaître. Il faudrait lui trouver une nouvelle mission, peut-être de nouveaux promoteurs et surtout des fonds importants pour lui redonner un certain lustre et le remettre aux normes. Est-ce même possible de se lancer dans une pareille aventure sans le soutien de fonds publics? Et qu’arrivera-t-il à l’édifice si on ne trouve pas de solution à sa préservation et à sa renaissance sur une période relativement courte?
La Ville se propose pour accompagner un projet de reconversion, mais, comme le souligne le maire Patrick Péloquin, il s’agit d’un bâtiment privé qui n’appartient pas à la Ville.
Notre relation avec le patrimoine immobilier est ambiguë. Il est certainement source de fierté pour plusieurs d’entre nous, mais devant la vétusté de certains édifices, faute de fonds, nous nous retrouvons rapidement démunis. Dans sa dernière Politique culturelle, adoptée en 2023, la MRC nous rappelait que 300 bâtiments anciens, construits avant 1940, ont été répertoriés sur le territoire des 12 municipalités qui la constitue. Signe des temps peut-être, ce répertoire n’est malheureusement déjà plus disponible en ligne.
On a vu avec la saga de la « petite maison rouge », angle Prince et Victoria, comment la volonté de préserver un édifice peut engendrer de graves maux de tête aux élus municipaux. On peut ajouter à leurs préoccupations la situation désastreuse des églises, souvent le principal édifice patrimonial d’un village ou d’un quartier.
Le temps continuera à passer et ces bâtiments prendront de l’âge. On comptera sur les propriétaires, parce qu’ils sont pratiquement tous privés, pour les entretenir et les préserver. Tout cela est bien fragile. Si les municipalités peuvent citer des édifices patrimoniaux, et certaines dans la région l’ont fait, le soutien aux propriétaires, surtout financier, est au mieux très limité. La marge de manœuvre municipale est réellement faible. Ça saute aux yeux lorsque des situations comme celle de l’édifice Cyrille-Labelle reviennent dans l’actualité. Quand c’est l’actualité qui commande, on fait de la gestion au cas par cas. Ce n’est probablement pas la meilleure façon de gérer notre patrimoine immobilier.
En attendant, on souhaitera que Richard Bibeau maintienne en ordre l’édifice dont il est le propriétaire. Mais c’est évidemment très lourd pour lui et on peut comprendre ses hésitations à investir encore plus dans un édifice dépourvu de mission. Le propriétaire indique qu’il y aurait des projets sur la table. On ne peut que souhaiter qu’ils se concrétisent dans un avenir proche.