Le contexte est particulier. À la séance du 8 juin du Conseil de la MRC, la Cour supérieure devrait avoir rendu sa décision à la suite de l’Action en déclaration d’inhabilité de Serge Péloquin à titre de maire de Sorel-Tracy, déposée devant elle par la Commission municipale du Québec (CMQ). Si la destitution de Serge Péloquin était décidée par la Cour supérieure, ce n’est pas ce dernier qui siégera au Conseil de la MRC, mais un autre membre du Conseil. Ce qui changera la donne au moment des échanges entre les conseillers régionaux, et de la décision qu’ils prendront.
La MRC nous assure avoir respecté toutes les règles d’attribution en octroyant les 150 000 $ à la Corporation des événements de Sorel-Tracy. On sait que la somme transitera par cette corporation qui en versera la totalité à iO Expérience, une entreprise dont le fils de Serge Péloquin est un des propriétaires.
Réglons toute suite une chose : tout le monde a le droit de gagner sa vie, y compris le fils du maire, et on doit reconnaître la qualité du projet, ainsi que le démontre le succès du premier événement d’iO Expérience de la saison, vendredi dernier. La question n’est absolument pas là.
Elle est ailleurs. Plus on avance dans ce dossier, plus on constate qu’il y a des éléments qui doivent être clarifiés. Quel a été le véritable rôle de Serge Péloquin dans l’attribution de cette subvention à la Corporation des spectacles? Quel est la raison d’être de cette Corporation et pourquoi a-t-elle été créée? Selon ce que nous apprennent les travaux du Conseil de Ville de Sorel-Tracy, particulièrement lors de la séance extraordinaire du 30 mai dernier, Serge Péloquin n’a jamais informé ses collègues de la MRC des démarches visant à demander que les montants du FRR, les fameux 150 000 $, soient versés au financement du terrain de gazon synthétique. Or, le fait de ne pas intervenir en soutien au choix du Conseil de Ville, est-ce une façon d’intervenir en faveur du projet iO Expérience? Le silence sur un des deux projets ne laisse-t-il pas tout le champ libre à l’autre? En toute connaissance de cause?
Ce ne sera pas facile, pour les membres du Conseil de la MRC, de trancher. Le 18 mai dernier, lors de la dernière séance, une décision a été prise : celle de verser cet important montant à la Corporation des événements pour soutenir iO Expérience. Est-ce possible de revenir en arrière et pourquoi le faire? Qu’est-ce qui motiverait le Conseil de la MRC à changer la décision? Quelles en seraient les conséquences éthiques, légales et politiques?
L’attitude pour le moins ambiguë de Serge Péloquin dans ce dossier, à ce moment-ci de sa carrière politique, placent les membres des deux Conseils, à la Ville et à la MRC, dans des situations dont il ne sera pas facile de s’extirper. C’est un fâcheux héritage et la région s’en serait bien passé.