Depuis plus de 10 ans maintenant, les médias sociaux ont pris une grande place dans nos vies privées et professionnelles en les mêlant parfois, au point où on se demande comment on faisait pour communiquer avant leur apparition.
Les médias sociaux sont devenus des communautés, mais aussi des lieux d’information pour une large part de la population. Peut-être lisez-vous cette chronique sur la page Facebook du journal Les 2 Rives, bien qu’on la retrouvera dans l’édition papier imprimée et distribuée. Mais, question de génération, il y a des chances que vous n’ayez jamais utilisé l’application TikTok bien qu’elle compte plus de 1,7 milliard d’utilisateurs sur la planète.
Globalement, on connaît les principaux maux causés par l’utilisation abusive des médias sociaux : dépendance, risques de cyberintimidation, anxiété, désinformation et formatage de l’opinion publique. Et puis, il y a surtout ces dangers de sécurité en lien avec le partage des données récoltées par les médias sociaux. Dangers dont on parle de plus en plus.
Depuis la création de Facebook en 2004, les médias sociaux ont évolué, les utilisateurs se sont multipliés et les différentes générations utilisent maintenant des applications distinctes. Quand on sait que 75 % des jeunes utilisent TikTok, on doit en tenir compte.
Les gouvernements du Canada et du Québec annonçaient la semaine dernière qu’ils élimineraient l’application TikTok des appareils qu’ils fournissent à leurs employés. Ils ont été rapidement suivis par Hydro-Québec et par plusieurs villes. La situation est semblable en Europe et aux États-Unis.
Pourquoi? Contrairement à Facebook, Instagram ou YouTube, qui appartiennent tous à des entreprises basées aux États-Unis, TikTok est la propriété d’une entreprise chinoise. Les médias sociaux américains collectent tout autant les données auxquelles leurs utilisateurs leur donnent accès, mais en Chine, une dictature, la loi prévoit qu’une entreprise doit transmettre les données au gouvernement s’il lui en fait la demande. Ce n’est pas le cas aux États-Unis.
La tension internationale entre les États-Unis, l’Europe, la Russie et la Chine crée un environnement où la sécurité des données prend une tout autre dimension. Nos gouvernements cherchent à protéger leurs données sensibles que des employés peuvent avoir accumulées sur les appareils (téléphones portables, tablette, ordinateurs). Les spécialistes en cybersécurité nous disent d’ailleurs que la même interdiction devrait probablement s’appliquer de la même façon aux médias sociaux de propriété américaine. Il faudrait savoir faire la distinction entre ce qui est public, avec des risques de sécurité plus grands, et ce qui est privé.
Comme l’entreprise qui possède TikTok est chinoise, dans le contexte de la tension qui augmente, certains seront tentés de proposer que les institutions, les médias, les personnalités politiques quittent l’application. Mais les spécialistes nous mettent en garde. Comme nos jeunes s’informent et se sont créé des communautés avec TikTok, si on la quitte, qu’y restera-t-il? N’est-ce pas là que réside le danger? Qui occupera le vide ainsi créé?
La polémique TikTok nous oblige à revoir nos stratégies de communication sur les médias sociaux. Il est temps d’engager une vraie conversation publique sur le sujet.