6 octobre 2015 - 00:00
Le nombre d’élèves à besoin particulier a doublé en six ans
Par: Sarah-Eve Charland
Le nombre d’élèves HDAA a doublé en six ans à la Commission scolaire de Sorel-Tracy. | depositphotos.com

Le nombre d’élèves HDAA a doublé en six ans à la Commission scolaire de Sorel-Tracy. | depositphotos.com

Le nombre d’élèves ayant un handicap ou une difficulté d’apprentissage ou d’adaptation (HDAA) à la Commission scolaire (CS) de Sorel-Tracy a doublé en six ans. L’augmentation du dépistage préventif en serait la cause, selon l’organisme.

De 2007-2008 à 2013-2014, le nombre d’élèves HDAA est passé de 121 à 239. C’est ce que révèle le plan stratégique 2014-2019 de la CS lancé publiquement le 25 septembre. Le nombre d’élèves au niveau préscolaire, primaire et secondaire s’élèvait à 5081 en 2013-2014.

« L’ensemble du Québec a constaté une augmentation marquée de cette clientèle. On diagnostique de façon préventive, et ce, plus qu’avant. C’est une cause positive. Plus tôt on les aide, plus les chances de réussite sont élevées », affirme la directrice adjointe aux services éducatifs de la CS, Élise Mathieu.

Le gouvernement du Québec a mis en place, il y a plusieurs années, une politique d’adaptation scolaire qui se compose en plusieurs volets, dont celui du diagnostic.

« Les enseignants doivent être à l’affût et dépister le plus tôt possible. Dès qu’ils ont des doutes, l’enfant est référé au secteur de la santé. C’est un professionnel du milieu qui peut établir un diagnostic », ajoute-t-elle.

Le nombre de déficiences auditive, visuelle ou intellectuelle stagne au fil des ans. La hausse est surtout marquée pour les élèves ayant un spectre de l’autisme. Le nombre d’élèves autistes est passé de 84 en 2011 à 150 en 2016.

Des outils

La CS a dû s’adapter au fil des ans, mentionne Mme Mathieu. Une conseillère pédagogique et une technicienne en éducation spécialisée sont embauchées expressément pour s’occuper de cette clientèle.

Malgré les compressions budgétaires répétitives, elle assure qu’elles ont eu peu d’impacts sur les services aux élèves.

La CS a aussi établi une collaboration avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) de la Montérégie-Est.

« Les intervenants du CRDI nous avisent chaque année du nombre d’enfants autistes qui rentreront en maternelle. On peut donc agir un an à l’avance. Des outils sont déjà en place lorsqu’ils arrivent à l’école », explique Mme Mathieu.

Les jeunes autistes ont peu de services, déplorent les parents qui ont décidé de se tourner vers le privé. Une situation que constatent les spécialistes.

Des services insuffisants déplorent parents et spécialistes

Une mère de la région, Carole (nom fictif), qui a préféré taire son nom, affirme recevoir de moins en moins de services pour son fils qui a un trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité et un spectre de l’autisme.

Depuis deux ans, il ne reçoit plus de service en orthophonie et a vu le nombre d’heures offert par une éducatrice spécialisée diminué de six heures à quatre heures l’année dernière.

« On s’attend à nouveau à des compressions cette année. Les services sont coupés d’année en année. Il n’y a plus d’aide aux devoirs. On a décidé d’engager une orthopédagogue pour l’aider par ses devoirs. Sans ça, je suis certaine qu’il se serait retrouvé dans une classe spécialisée », croit-elle.

En plus de ces services, elle s’est également tourné vers le privé pour ceux d’un ergothérapeute puisqu’il y a aucun service de ce genre offert par les écoles de la région.

Selon Béatrice Perron de l’organisme Autisme Montérégie, les parents membres de la région de Sorel-Tracy semblent moins satisfaits des services de la Commission scolaire (CS) de Sorel-Tracy que ceux des autres régions.

« Nous n’avons pas de données exhaustives pour appuyer cela. Ce sont des impressions. Nous avons remarqué une différence entre la satisfaction des services à Sorel-Tracy et ailleurs. »

Privé vs public

Benoit Houde a fondé son entreprise privée en orthopédagogie et en soutien psychosocial afin de répondre à la demande sur le territoire. Le phénomène est fascinant, ajoute-t-il.

« Les diagnostics sont payants pour les cliniques. Les enseignants sont brainwasher à les dépister. Des élèves se retrouvent avec des diagnostics, mais n’ont pas de services. Ça sert à quoi? Dans certains cas, on peut s’occuper de la problématique par d’autres moyens », soutient-il.

Il n’y va pas de main morte en dénonçant le peu de services offerts dans le secteur public, certain que les gens vont effectuer un virage vers le secteur privé d’ici quelques années.

« On priorise les élèves ayant des diagnostics. On concentre donc le peu de services, engendré par les compressions budgétaires, aux élèves qui ont des diagnostics. On met de côté ceux qui accusent un retard scolaire », mentionne-t-il.

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