Forcément, je trempais agréablement dans ce milieu.
Je regardais agir les intervenants. Je les admirais. L’un d’eux, Rodrigue Dufault, qui d’ailleurs a choisi les couleurs de l’équipe à sa création puisqu’il admirait les Celtics de Boston, est décédé subitement, dans sa maison, seul.
Ce fut un choc. Les personnes dévouées de cette intensité ne courent pas les rues. On doit les respecter, les apprécier lorsqu’elles passent.
D’ailleurs, avec deux autres parents de joueuses, nous avions décidé de lui rendre hommage en offrant une plaque-souvenir que nous avions nous-mêmes défrayé les coûts et qui a été longtemps boudée par les autorités de l’ESFL puisque l’idée n’émanait pas d’eux.
En fait, c’est comme si nous les avions insultés.
À cette époque, Jean-Claude Lavallée s’impliquait. Beaucoup moins spectaculaire, sa discrétion le différenciait des autres. J’étais journaliste dans ce temps-là et quand je lui demandais une entrevue, il déclinait. Je sentais qu’il ne se dévouait pas pour la reconnaissance. Il s’impliquait, car il adorait ça.
Monsieur Lavallée se sentait à l’aise dans ce milieu. Il ne pouvait s’en passer. Régulièrement, lorsque j’allais chercher mes filles après un entraînement, je le voyais. Lors des matchs à domicile, il se faisait un devoir d’y assister.
Au fil des années, je n’ai pu m’empêcher de le baptiser : le père du basketball à Sorel-Tracy. Et je n’étais pas le seul à le croire!
Récemment, Monsieur Lavallée est décédé.
Au cours des dernières années, il m’est arrivé de le croiser par inadvertance et sa façon de faire n’avait pas changé.
Son humilité caractéristique faisait en sorte que les gens qui gravitaient autour de lui adoraient leur expérience. Je n’ai jamais vu Monsieur Lavallée en colère ou en train de réprimander une autre personne. Il parlait tout doucement, comme s’il ne voulait pas que d’autres l’entendent.
Ses valeurs humaines étaient solides et son influence, tout autant.
Il mérite qu’on ne l’oublie pas. Son travail, son implication furent trop souvent dans l’ombre, et ce, parce qu’il le voulait bien. Toutefois, il mériterait que l’ESFL lui consacre un endroit dans son enceinte.
Je pense que les jeunes d’aujourd’hui et ceux qui viendront auront besoin de l’exemple projeté par de telles personnes. C’est de cette façon que l’on contribue à construire un monde meilleur.
Ceux et celles qui ont eu le privilège de graviter autour de Monsieur Lavallée seraient entièrement en accord avec un tel projet. Il ne faut surtout pas que le temps efface toute cette vie qu’il a consacrée au basketball.
Je sais qu’il est difficile pour certains de reconnaître la valeur d’une autre personne. Ils se disent que s’ils agissent de la sorte pour lui, ils se verront dans l’obligation de le faire pour d’autres. Or, ce n’est pas de cette façon que ça fonctionne.
Il faut mériter une telle reconnaissance, davantage lorsque vous ne le faisiez pas pour être honoré.
S’il vivait, il serait en désaccord avec cet hommage, j’en suis persuadé.
Là, il ne peut plus empêcher les gens de reconnaître ses mérites, car c’est la moindre des choses.
Lorsque votre principale préoccupation dans la vie est le basketball et de voir les jeunes s’émanciper, disons qu’il ne l’a pas volé.
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