7 avril 2022 - 08:36
Inflation et guerre en Ukraine
Le portefeuille des agriculteurs touché de plein fouet
Par: Alexandre Brouillard

Le président de l’UPA Richelieu-Yamaska, Yan Bussières, estime que l’inflation et la guerre en Ukraine impactent directement les finances des agriculteurs. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les derniers mois n’ont pas été de tout repos du point de vue économique; pandémie, guerre en Ukraine et inflation ont secoué les cordons de la bourse. Les agriculteurs sont directement impactés par ces soubresauts et ce sont les consommateurs qui risquent de payer la facture finale.

Lors des dernières semaines, les agriculteurs doivent composer avec la hausse de prix de différents produits essentiels à leur travail, comme les grains, les fertilisants, le carburant, etc.

« Ce n’est pas évident pour personne récemment, lance d’emblée le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska, Yan Bussières. Oui, les consommateurs et les gens en général sont touchés par l’inflation et tous les autres événements, mais les agriculteurs aussi sont touchés de plein fouet. »

Par exemple, le prix de certains engrais utiles afin d’assurer un meilleur rendement des cultures a explosé dans la dernière année (voir tableau). Par exemple, le prix de l’ammoniac anhydre a plus que doublé entre mars 2021 et 2022, passant de 949 $ la tonne à 2091 $ la tonne.

La flambée des engrais s’additionne à l’augmentation du prix de certaines céréales. Une situation d’autant plus observable depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février dernier, alors que ce dernier est l’un des principaux pays exportateurs de blé au monde.

« La hausse des prix de certains grains et même de céréales a un impact direct dans nos poches, déplore M. Bussières. Ce sont des produits essentiels à l’élevage d’animaux, on n’a donc pas le choix de s’en procurer. C’est sans parler du prix de l’essence qui nous touche aussi directement. »

Le président de l’UPA Richelieu-Yamaska croit que ce seront les consommateurs qui écoperont au bout de la ligne. « C’est dommage parce qu’ils vont se faire refiler la facture. On constate déjà que l’épicerie coûte plus cher », indique-t-il.

Ajustement du prix du lait

En 2021, la Commission canadienne du lait avait recommandé un ajustement du prix du lait dans l’objectif de compenser la flambée du coût des intrants. Ainsi, les producteurs laitiers bénéficient, depuis le 1er février dernier, d’un ajustement de 8,4 % du prix du lait. Pour le mois de février 2021, le revenu moyen à la ferme a ainsi augmenté de 6,37 $ l’hectolitre.

Toutefois, cet ajustement ne concorde pas à la réalité actuelle des agriculteurs. « C’est un pas dans la bonne direction, mais la situation s’est empirée depuis que cette décision avait été prise », soutient M. Bussières.

Il invite donc les consommateurs à favoriser l’achat local dans ces temps plus difficiles pour le portefeuille des agriculteurs. « On ne manque pas d’offre dans la région, on peut penser à la Ferme du Barbu et à tous les autres qui offrent des produits de notre région », conclut Yan Bussières.

Augmentation des prix d’engrais et de céréales

Maïs : 308 $/tonne (février 2021) 345 $/tonne (février 2022)

Orge : 293 $/tonne (février 2021) 341 $/tonne (février 2022)

Potasse : 594 $/tonne (mars 2021) 1146 $/tonne (mars 2022)

Urée : 696 $/tonne (mars 2021) 1247 $/tonne (mars 2022)

Source : ACC, CBOT, Banque du Canada et DNT.

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