2 avril 2024 - 08:21
Le présumé complice de Claude Demers plaide coupable pour extorsion
Par: Jean-Philippe Morin

Luc Thibeault, cet homme qui aurait été embauché par l’ex-ambulancier Claude Demers pour collecter un locataire en défaut de paiement en l’intimidant, a plaidé coupable à un chef d’extorsion le 18 mars dernier, au palais de justice de Sorel-Tracy.

La victime au dossier, qui était en défaut de paiement envers Claude Demers, a eu la surprise de sa vie lorsque Luc Thibeault s’est présenté à son logement le 25 février dernier, en lui mentionnant qu’il était maintenant propriétaire de sa dette de 4600 $ qu’il devait au Tribunal administratif du logement (TAL).

« L’accusé indique à la victime qu’il veut un premier paiement de 200 $ d’ici le 29 février et un paiement par semaine par la suite. S’il manque un paiement, la dette recommence à zéro », a narré le procureur de la Couronne, Me Frédéric Ouellet, lors de sa lecture de l’exposé conjoint des faits.

Luc Thibeault mentionne alors au locataire « qu’il n’est pas là pour faire de la violence, mais que s’il refuse de payer, des gens moins compréhensifs lui rendront visite pour régler ça. ». L’accusé a également mis en garde la victime de ne pas contacter la police.

Le locataire contacte tout de même la Sûreté du Québec, qui déclenche une enquête. Le 29 février, un agent d’infiltration donne rendez-vous au suspect dans le stationnement des Promenades Saint-Bruno afin de lui remettre le premier versement de 200 $. Il lui dit qu’il est là pour payer la dette du locataire, qui « capote sa vie ». « Il n’a pas besoin de capoter. S’il paie ses dettes, il n’aura pas de problème », a répondu Luc Thibeault à l’agent d’infiltration.

Dans des échanges, l’accusé admet qu’il fait de la collecte depuis 30 ans. « L’accusé mentionne que «si ça paye, ça marche», mais que si l’entente de paiement ne fonctionne plus, «ça ne lui dérange pas de débarquer là avec des chums dans la cour et de péter le Dodge dans l’entrée« », souligne le procureur de la Couronne.

Aussitôt la transaction terminée, le Groupe tactique d’intervention (GTI) arrête Luc Thibeault. Claude Demers est également arrêté à Sorel-Tracy.

Dans une entrevue après leur mise en accusation, la victime, qui préfère ne pas être identifiée, a indiqué au journal Les 2 Rives être soulagée de ces arrestations. « J’ai vraiment fait le saut quand cet homme est venu à ma porte. […] Je dois de l’argent pour un loyer impayé, ce n’est pas une dette de drogue. Demers aurait pu agir légalement, mais il s’est tourné de bord et a vendu ma dette à un collecteur. Je crains pour ma sécurité et celle de ma famille. »

En liberté

En attendant la sentence qui lui sera imposée, Luc Thibeault, qui était incarcéré depuis son arrestation le 29 février, a retrouvé sa liberté, mais il doit respecter de nombreuses conditions. Il ne peut notamment pas se trouver dans le district de Richelieu, sauf pour ses présences à la cour. Il n’a également pas le droit de communiquer avec Claude Demers, ni de s’approcher ou de communiquer avec la victime ou sa famille.

Quant à Claude Demers, son sort devant la justice n’est toujours pas scellé. Il sera de retour au palais de justice de Sorel-Tracy le 29 avril prochain, tout comme Luc Thibeault qui en sera pour sa part à l’étape des représentations sur sentence.

Rappelons que Claude Demers est connu à Sorel-Tracy pour avoir écopé d’une peine de trois ans et demi de prison en 2017 pour attouchements et agression sexuelle sur cinq victimes, dont trois mineures. Son affaire avait été médiatisée à l’époque puisque les attouchements avaient été effectués dans le cadre de ses fonctions de paramédic dans l’ambulance et de sauveteur à la piscine Laurier-R.-Ménard.

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