19 mars 2024 - 08:16
De beaux défis attendent l’équipe de l’Atelier
Le Recyclo-Centre innove avec le conditionnement des textiles post-consommation
Par: Stéphane Fortier

Le conditionnement de textile post-consommation est une innovation dans le domaine du recyclage. Photo gracieuseté

L’Atelier, un centre de travail adapté, est spécialisé dans la sous-traitance industrielle. Photo gracieuseté

Une grosse commande attend les employés de l’Atelier, soit la décontamination et le démantèlement des appareils réfrigérés. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Avec l’initiative novatrice de conditionnement de textiles post-consommation à Sorel-Tracy, une première au Québec, le Recyclo-Centre, a fait un grand pas dans l’économie circulaire à Sorel-Tracy.

Cette première ligne de conditionnement de textiles, qui se veut une solution à la valorisation des vêtements invendus en friperie, permettra de tester les meilleures pratiques et les meilleurs équipements pour trier et conditionner les vêtements. Le conditionnement du textile post-consommation se veut l’étape essentielle pour que les vêtements puissent s’en aller vers le défibrage, autrement dit, qu’ils retournent à l’état de la fibre. La fibre est ensuite prête à être valorisée et des preneurs potentiels avec des projets innovants ont déjà été ciblés.
« Il se fait du recyclage de textile au Québec, mais en se servant de grands morceaux de tissus, du tissu qui sortent des grands manufacturiers qui n’ont jamais été portés. Ici, on parle de vêtements de friperies, des invendus qui ont déjà été portés », de préciser Alexandra Gagné, directrice des opérations chez Recyclo-Centre.

Utilité

Mais à quoi pourrait servir cette fibre? « Pour l’instant, c’est difficile à dire. Ce sera discuté avec les clients potentiels. Il y a des entreprises qui développent des produits qui utilisent des textiles. Ce sera à déterminer, mais assurément, on parle d’éco-conception, qui respectera le principe d’économie circulaire », de répondre Alexandra Gagné.
Le Recyclo-Centre fait sa grande part avec le matériel dont ils disposent déjà. « Et nous encourageons les gens à magasiner au Recyclo-Centre. Ils contribuent à réduire la consommation de vêtements neufs et permettent à des gens d’intégrer ou de réintégrer le marché du travail », fait remarquer Mme Gagné.
Si l’Atelier embauche des personnes avec des limitations (voir texte ci-bas), Recyclo-Centre compte dans son équipe des gens qui veulent reconnecter avec le marché du travail, reprendre le contrôle de leur vie, se reprendre en main. En fait, le Recyclo-Centre est la référence pour les individus qui souhaitent s’élever en compétences transférables au marché du travail. La mission du Recyclo-Centre est de former et d’intégrer les personnes éloignées du marché de l’emploi par le biais d’une expérience de travail significative, valorisante et enrichissante dans un milieu qui œuvre à préserver l’environnement.
Alexandra Gagné encourage aussi les gens à continuer à venir porter des vêtements au Recyclo-Centre. « Les donateurs, que je veux remercier d’ailleurs, peuvent être assurés que leurs dons seront remis dans la communauté et les revenus dont nous en tirons permettent l’embauche de personnes qui veulent se réintégrer dans le marché du travail », spécifie Mme Gagné.
Actuellement, le Recyclo-Centre permet à une quarantaine de personnes d’occuper un emploi pendant six mois et embauche 25 employés permanents.

Le rôle de l’Atelier

 

 

Dans tout ce processus de conditionnement de textiles, il ne faut pas oublier qu’une étape cruciale d’inspection des textiles destinés au défibrage sera effectuée avant leur mise en ballot, visant à éviter tout oubli de points durs, en particulier de matières métalliques. Cette partie du travail est l’affaire de l’équipe de l’Atelier, un centre travail adapté. Justement, Catherine Mongeau, responsable des communications et du marketing, rappelle que l’organisme est à la recherche de contrats auprès des entreprises, dans le domaine de la sous-traitance industrielle légère.
« Et de belles annonces s’en viennent de notre côté », révèle Alexandra Gagné. Rappelons que ce projet pilote, réalisé dans le cadre du Programme de soutien à l’économie sociale (PSES) volet 2 du Chantier de l’économie sociale, bénéficie du soutien du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec ainsi que du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), rendu possible grâce à l’expertise de CHROMA conseil.

Par l’Atelier d’abord

La belle innovation initiée par Recyclo-Centre, soit le conditionnement de textiles, passera d’abord par les mains habiles des employés de l’Atelier, un centre de travail adapté qui embauche des personnes ayant une limitation physique et/ou intellectuelle. L’un complète l’autre dans tout le processus de recyclage de ces petites entreprises qui, chaque jour, démontrent que, lorsque la volonté est là, tout est possible.
« Nous travaillons en synergie avec le Recyclo-Centre et nos travailleurs adaptés, dans le cadre de ce projet, procéderont au retrait des points durs (boutons, fermetures éclairs, etc…) des textiles reçus, certains étant conservés en vue de leur revente ultérieure », précise Florence Lemaire, directrice générale adjointe de l’Atelier.
Le travail de conditionnement de l’Atelier est déterminant dans ce cas-ci. Si, en bout de ligne, la matière devient attrayante pour les recycleurs locaux ou pour d’autres projets de surcyclage, ce sera en grande partie dû au personnel de l’Atelier et du Recyclo-Centre. « Et à l’Atelier, nos employés sont d’autant plus motivés, puisque comme la question de l’environnement est à la mode par les temps qui courent, ils se sentent des plus impliqués dans cette cause », fait remarquer Mme Lemaire.

L’Atelier demeure sur son erre d’aller

Depuis sa naissance en 2021, l’Atelier ne cesse de progresser. « Nous faisons de la sous-traitance industrielle. Tout ce qui est démantèlement, assemblage et emballage. À titre d’exemple, nous faisons des mises à jour et recyclons les moules pour la Fromagerie Bel. Nous faisons de l’assemblage de casques de protection pour Rio Tinto. Nous pouvons aussi faire du déchiquetage de papiers confidentiels pour les entreprises et les particuliers. Nous le faisons pour Desjardins une fois par année. Malgré cela, être connu des entreprises est notre maillon faible. Nous devons nous faire connaître du milieu industriel pour obtenir plus de sous-contrats. Cela nous permettrait d’embaucher plus de personnes ayant des capacités limitées, tant physiques qu’intellectuelles », souhaite Florence Lemaire, qui précise qu’à l’Atelier, il y a une belle diversité de LGBTQ+, car l’Atelier, qui a un principal contrat avec GoRecycle Québec, est une bel exemple d’ouverture à tous les niveaux.

Grosse commande

Lorsqu’on entre dans le grand hangar de l’Atelier, on est impressionné par le nombre des refroidisseurs d’eau empilés pêle-mêle dans l’entrepôt grâce à un gros contrat obtenu par le Recyclo-Centre et l’Atelier.
« Nous sommes chargés de la décontamination et le démantèlement des appareils réfrigérés. Il faut enlever les gaz (fréon) avant de toucher à la machine. Auparavant, ces appareils se retrouvaient au site d’enfouissement. Ce gaz était laissé dans les machines et pouvait se propager dans la nature », explique Mme Lemaire.
Le plastique de ces appareils pourrait aussi se voir donner une vie nouvelle. D’ailleurs, on ne parle pas seulement que de refroidisseurs à eau, mais aussi de réfrigérateurs, congélateurs, déshumidificateurs et des climatiseurs qui seront dépollués. Incidemment, les citoyens sont invités à venir déposer leurs vieux appareils réfrigérants au Recyclo-Centre.
Actuellement, l’Atelier est en mode développement et cela prend du monde pour remplir toutes les obligations présentes et à venir. L’entreprise compte une vingtaine d’employés avec limitations qui travaillent une quinzaine d’heures au minimum par semaine et regroupe une dizaine d’employés permanents.
« C’est une belle opportunité pour les personnes ayant une limitation, de s’intégrer au marché du travail et leur permettre de se sentir partie prenante dans le développement de notre société et de la protection de l’environnement. Ils n’y a pas de pression chez nous, les gens vont à leur rythme, mais ils sont efficaces, minutieux et des plus dynamiques et travaillants », se permet d’ajouter la directrice adjointe, qui lance un appel au entreprises susceptibles d’utiliser leurs services.
Pour en savoir plus, on se rend sur https://www.cqea.ca/trouver-une-entreprise/rechercher-un-produit-ou-un-service/latelier-centre-de-travail-adapte ou on visite la page Facebook https://www.facebook.com/lateliercta.

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