22 février 2016 - 00:00
Le registre des armes d’épaule divise
Par: Louise Grégoire-Racicot
Plusieurs chasseurs de la région n’aiment pas l’idée de devoir enregistrer leur arme d’épaule. | Photo:Déposit photos

Plusieurs chasseurs de la région n’aiment pas l’idée de devoir enregistrer leur arme d’épaule. | Photo:Déposit photos

Le projet de loi 64 déposé en décembre par le gouvernement du Québec à l’effet de créer un registre des armes d’épaule soulève des réactions partagées dans la région.

Le Parti Québécois (PQ) l’appuiera, dit Stéphane Bergeron, son porte-parole. Mais il ne relève pas de la juridiction du Québec, s’objecte Philippe Rochat, un tireur sportif de Saint-Robert.

Alors que près de 35 000 personnes ont déjà signé une pétition en ligne contre ce projet, M. Bergeron y tient résolument, lui qui, comme ministre de la Sécurité publique sous Pauline Marois, en avait déposé un semblable (projet de loi 20).

Les chasseurs sont irrités par le burinage imposé des armes de collection. Ce contre quoi il s’objecte. « Le numéro d’enregistrement de l’arme suffit. »

S’enregistrer ne coûtera rien, croit-il, et le registre ne sera pas cher car on utilisera les plateformes informatiques existantes.

« Les gens enregistrent leurs armes à utilisation restreinte et prohibées au fédéral. Mais ce permis ne dit rien sur le chasseur, le nombre et le type d’armes qu’il possède. »

M. Bergeron est de ceux qui constatent que le nombre de décès, blessures et suicides par armes à feu a diminué au Canada, quand le registre complet existait. Ce registre ajoutera à l’arsenal législatif, dans la lutte contre les incidents impliquant l’usage des armes à feu, conclut-il.

Pas de juridiction provinciale

Tireur sportif, le Saint-Robertois Philippe Rochat ne se dit pas contre un registre d’enregistrement des armes. Mais « ce registre devrait être pancanadien, pas québécois », dit-il.

Selon lui, l’obligation pour les propriétaires d’armes à feu d’enregistrer leur arme et de détenir un permis de possession acquisition d’une arme (PAA) suffit largement.

« Les revolvers, pistolets et autres sont déjà enregistrés au fédéral, à la GRC. Au Québec, c’est géré par le contrôleur des armes à feu de la Sûreté du Québec. »

« Il serait plus judicieux de cibler ceux dont la santé mentale n’est pas à son meilleur, dans ce domaine de compétence provinciale », conclut-il.

Pas des voleurs

Même son de cloche de la part du secrétaire du Club de tir Balle d’argent de Sainte-Victoire-de-Sorel. Pour Norman Lilley, cette mesure dérange fortement 95% des membres de son club, des tireurs sportifs ou chasseurs. « Tout le monde se sent traité comme un voleur », dit-il.

Un registre exige paperasserie et démarches qui ne servent à rien, poursuit-il. « Pas un voleur ne commettra un crime avec une arme enregistrée. Il utilisera plutôt une arme de contrebande. »

Pour acheter une carabine, ajoute-t-il, il faut suivre un cours de maniement d’armes.

Vaudrait mieux, conclut-il, que le Québec investisse cet argent dans la santé ou l’éducation. « Cette loi en est une électoraliste plus que de sécurité. »

À l’écoute

Au contraire, réplique le député de Richelieu, Sylvain Rochon. Il a déjà rencontré des chasseurs de la région qui n’en sont pas heureux. « Ils se sentent mis au ban de la société. Je leur dis qu’on veut surtout assurer une meilleure sécurité publique. »

Il faut voir avec les associations comment implanter ce registre sans tracasseries pour eux, poursuit-il. « Moi, je veux qu’ils soient entendus en commission parlementaire à ce sujet. »

Au ministère de la Sécurité publique, on assure que le projet suit son cours.

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