13 juin 2023 - 07:55
Le soleil rouge
Par: Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

La semaine dernière, l’odeur âcre de la fumée était perceptible dans l’air que nous respirions et le soleil rougeoyait dans un ciel jaunâtre. Nous sommes pourtant à des centaines de kilomètres des feux de forêt qui ravagent l’Abitibi, le Nord-du-Québec et la Côte-Nord. Nous pensions qu’un ou deux pauvres petits degrés Celsius de plus en moyenne sur toute l’année auraient peu d’impact sur nous. Détrompons-nous.

Savoir que 7500 personnes ont dû quitter Chibougamau en quelques heures marque quand même les esprits. C’est comme si on avait demandé à toute la population de Saint-Roch-de-Richelieu, Saint-Ours, Sainte-Victoire-de-Sorel et Saint-Robert de quitter leur domicile. En pleine nuit.

Conséquence directe de nos feux de forêt, le smog presque opaque qui enveloppait la ville de New York et celle de Washington en rendant l’air irrespirable nous procurait des images frappantes. Nous vivons dans une époque où nous avons besoin d’images. Celles-là seront-elles suffisantes pour générer un changement dans notre attitude?

Pour la toute première fois, à la fin de la semaine dernière, nous avons entendu le premier ministre François Legault admettre qu’il faudra investir plus pour l’adaptation aux changements climatiques. Comme nous tous, il a été confronté aux réalités de ces feux de forêt qui non seulement ont un impact direct sur les populations de ces régions, sur leur vie quotidienne, sur leur santé et sur leurs biens, mais qui ont brûlé, au Québec seulement, plus de 1600 km2 de forêt depuis le début du printemps. Il a clairement été touché par la situation.

Mais une petite phrase prononcée par monsieur Legault m’a inquiété. S’il admet « qu’il va falloir en faire plus » pour s’adapter aux changements climatiques, il lance la balle dans le camp des municipalités en disant qu’elles devront aussi contribuer.

Qu’est-ce que ça veut dire pour les municipalités de notre région, donc pour nous tous?

Les municipalités n’ont pas toutes les mêmes ressources. Parions que Chibougamau ou Chapais n’ont pas les mêmes moyens financiers que certaines villes riches du sud du Québec. Qu’est-ce que cela voudra dire pour elles à l’avenir?

La question se pose aussi pour nos propres municipalités. Sorel-Tracy ne roule pas sur l’or et son assiette fiscale est certainement moins importante, toutes proportions gardées, que celles de Sainte-Julie, Saint-Bruno ou Mont-Saint-Hilaire.

Est-ce que cela devrait nous préoccuper ou inquiéter nos élus? Sûrement. La façon dont nos municipalités sont financées, avec les taxes foncières, génère des inégalités importantes selon les territoires où elles se situent et les populations qui y habitent. Serons-nous égaux devant les grands bouleversements climatiques? J’en doute. L’argent du gouvernement du Québec, c’est le nôtre. Celui des municipalités aussi. Mais dans le premier cas, tout le Québec contribue à la cagnotte. Dans le second, ce ne sont que ceux qui y habitent qui le font. Placer le fardeau de l’adaptation aux changements climatiques, même en partie, sur le dos des municipalités, c’est confirmer qu’il est acceptable pour le Québec que des inégalités perdurent devant les catastrophes qui arriveront de plus en plus fréquemment.

Exigeons du gouvernement qu’il ne se limite pas à une approche budgétaire étroite et qu’il s’assure de la sécurité et de la santé de tous les Québécois. Également. Peu importe où ils vivent.

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