Il s’agit d’une autre hausse par rapport à l’année d’avant, alors que la DPJ avait retenu 277 signalements il y a deux ans.
La directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie, Marie-Josée Audette, ne s’inquiète pas de ces petites hausses dans les données. « Ça fait écho aux données en Montérégie et au Québec. La situation n’a pas vraiment changé à Sorel-Tracy et comme partout ailleurs, des enfants vivent avec un contexte de négligence. Le contexte socioéconomique ne va pas nécessairement en s’améliorant avec la difficulté de trouver des logements, la sécurité financière qui rend la vie plus difficile aux parents, etc. C’est pourquoi nos interventions sont primordiales », indique-t-elle.
Parmi les 301 signalements retenus cette année (sur les 1109 signalements reçus), 35 concernaient de l’abus physique ou un risque sérieux d’abus physique, 29 étaient pour des abus sexuels ou des risques sérieux d’abus sexuel, 41 pour du mauvais traitement psychologique, 162 pour de la négligence ou un risque sérieux de négligence et 34 pour des troubles de comportement sérieux.
Les plus fortes hausses par rapport à l’année précédente se situent au niveau de la négligence (+13) et du mauvais traitement psychologique (+12), tandis que les signalements pour abus sexuels ont diminué (-8).
Selon Marie-Josée Audette, Sorel-Tracy a un bon bassin de familles d’accueil. « C’est sûr qu’on veut toujours en prendre plus, mais on remarque dans votre région qu’on réussit souvent à garder l’enfant près de son école et de ses activités grâce aux familles d’accueil. C’est une grande force! Ça prouve que votre région est tissée serrée et c’est positif pour ces enfants », relate-t-elle.
Pénurie de main-d’œuvre
Comme dans plusieurs corps de métier, la DPJ de la Montérégie n’est pas épargnée par la pénurie de main-d’œuvre. Malgré tout, la région de Sorel-Tracy s’en tire plutôt bien, selon Mme Audette, même si la situation est toujours précaire.
« La situation est plus critique dans l’ouest de la Montérégie, soit à Valleyfield, Châteauguay et dans Soulanges. Dans l’est, plus précisément à Sorel-Tracy, la situation est stable, mais on n’est pas à l’abri d’un revirement non plus », note-t-elle.
En tout, un peu plus de 40 personnes travaillent dans la région de Sorel-Tracy, soit à l’étape évaluation-orientation, à l’application des mesures ou encore en soutien aux familles d’accueil. En date d’aujourd’hui, cinq intervenants sont manquants dans ces équipes.
Aussi, plusieurs intervenants assurent des responsabilités ou des tâches pour toute la Montérégie; par exemple, les intervenants du service de réception et traitement des signalements. Dans cette équipe de façon spécifique, plus de 15 intervenants sont manquants sur un total de 54.
Pour pallier cette pénurie, la DPJ fait appel à des étudiants. « Quatre personnes sont embauchées cet été, ce qui est une bonne nouvelle. Ça vient fidéliser des gens pour le futur », se réjouit Mme Audette, qui a un message à lancer à celles et ceux qui hésiteraient à postuler à la DPJ de la Montérégie.
« C’est un métier complexe oui, mais noble. On vient en aide à des enfants dans un contexte de vulnérabilité. Ça fait 34 ans que je travaille pour la protection de la jeunesse et c’est le plus beau métier au monde. On sent qu’on fait une différence dans la vie de ces enfants et de ces parents. »
Pour la prochaine année, la directrice a deux objectifs précis. « De un, on veut toujours réduire notre liste d’attente pour l’orientation et l’évaluation. On veut que la prise en charge soit plus rapide et des travaux sont déjà en branle pour moduler nos interventions, tout en gardant le cap sur la qualité des interventions. Aussi, on veut continuer à prendre soin de nos intervenantes. On veut les outiller et les former à faire face à toutes sortes de situations, surtout dans ce contexte de pénurie de main-d’œuvre », conclut-elle.