26 juin 2024 - 08:13
L’enseignement de l’économie et la politique, les grands amours de Pierre Paquette
Par: Stéphane Fortier

Pierre Paquette est ici en compagnie du chef du Bloc québécois de l’époque, Gilles Duceppe. Photo gracieuseté

Pierre A. Paquette, qui a été député du Bloc québécois dans la circonscription de Joliette pendant 10 ans, est une autre personnalité politique qui est originaire de Sorel-Tracy et qui a connu également une belle carrière dans l’enseignement et le monde syndical.

Comme les gens le connaissent plus sous la dénomination de Pierre Paquette, il convient d’éluder le A afin d’alléger le texte. « Le A vient de mon père Adrien, nous dit M. Paquette d’entrée de jeu. C’était une façon de lui rendre hommage. »

Bien que Pierre Paquette soit né à Sorel-Tracy, comme bien d’autres personnalités politiques, il a quitté très tôt pour vivre à Montréal, son père y pratiquant le droit. « C’est ma mère qui est Soreloise. Elle était l’avant-dernière d’une famille de 13 enfants et il y a encore des membres de sa famille qui y vivent à Sorel dont des cousines ».

La famille Turcotte a joué un rôle important à Sorel-Tracy. « Mon grand-père, Joseph-Célestin-Avila Turcotte était armateur (propriétaire et président de la Sorel Harbour Tug Ltd.)et a été député libéral de Richelieu dans les années 1930. Chaque fois qu’un remorqueur de mon grand-père passait, il fallait hisser le drapeau de la marine marchande du Canada. Mon oncle, Gérard Cournoyer, a aussi été député », relate M. Paquette, qui a passé beaucoup de temps avec sa grand-mère Turcotte à Sorel-Tracy. « Elle me racontait tout un tas d’histoires sur ma famille. J’ai vraiment été privilégié de passer autant de temps avec elle », avoue Pierre Paquette.

Études et enseignement

À Montréal, Pierre Paquette fait ses études au Collège français. Il y complète un bac français, ce qui lui évite d’aller au cégep. « En 1973, je suis entré à l’Université de Montréal en Sciences économiques. Mon père voulait que je devienne avocat et moi, je voulais m’inscrire en philosophie. Les sciences économiques, c’était un compromis, mais j’ai toujours adoré l’économie. C’est une discipline qui me fascine encore aujourd’hui », soutient M. Paquette.

Peu de temps après avoir complété son baccalauréat, il est embauché par le Collège Maisonneuve pour y enseigner l’économie en même temps qu’il complète sa maîtrise à l’université. Il fait ensuite le saut dans le monde syndical, d’abord comme président du Conseil central du Montréal métropolitain et ensuite comme secrétaire général de la CSN jusqu’en 1999.

« Être originaire de Sorel-Tracy m’a beaucoup aidé. Des gens du milieu syndical connaissaient ma famille qui était associée au secteur industriel et j’étais déjà un fervent militant syndical. Cela m’a donné des entrées que je n’aurais pas eues autrement. »

Entretemps, il est approché par Lucien Bouchard pour se porter candidat pour le Bloc québécois. « J’ai refusé. Je ne voulais pas quitter la CSN à ce moment », justifie Pierre Paquette.

Celui-ci devient également animateur de l’émission Droit de parole à Télé-Québec en 1998 et 1999. « J’avais démissionné de la CSN et le réalisateur m’a appelé pour remplacer l’animatrice qui avait quitté. J’y donnais plus de réponses que je posais de questions », se souvient-il en souriant.

La politique

Dès l’âge de 12 ans, Pierre Paquette effectue des voyages dans l’Ouest canadien. « C’est là que j’ai réalisé combien nous étions différents du reste du Canada. Combien tant de choses nous séparaient », mentionne Pierre Paquette, justifiant ses convictions souverainistes.

Et le saut en politique? « Même si je trouvais qu’il était un peu tôt pour me retirer de la vie syndicale, quand Gilles Duceppe, avec qui j’avais travaillé à la CSN, m’a proposé de devenir vice-président du Bloc, j’ai accepté et piloté les quatre chantiers que le Bloc avait mis en marche soit la démocratie, la participation citoyenne, la mondialisation et la souveraineté. Nous avons ensuite développé notre propre plateforme. En 2000, une place s’est libérée dans la circonscription de Joliette et je me suis porté candidat. J’ai été élu à l’automne et, en 2004, j’ai récolté 64 % des voix. J’ai adoré être député, travailler des dossiers en comité et j’ai eu la chance de côtoyer des gens de très haut niveau. Gilles Duceppe nous demandait d’être très rigoureux dans notre travail », relate Pierre Paquette, qui a été critique du Bloc québécois sur la mondialisation, les institutions financières et le commerce international.

Le 12 avril 2007, il accepte de remplir le poste de leader parlementaire à la suite de la démission de Michel Gauthier. Réélu en 2008, il est emporté par la vague orange en 2011. « J’ai été déçu, mais en même temps, j’étais soulagé. Après 10 ans, j’avais le goût de faire autre chose. Je suis retourné dans l’enseignement et comme j’y avais gardé un lien d’emploi, même après 30 ans, je suis revenu au Collège de Maisonneuve et j’y ai enseigné jusqu’en 2022 », explique Pierre Paquette.

Entretemps, en 2014, Pierre Paquette tente un retour en politique. Invité pas Pauline Marois, il se présente dans la circonscription de L’Assomption pour le Parti québécois contre… François Legault. Le caquiste l’a finalement remporté avec plus de 7000 voix d’avance. « Je connaissais bien L’Assomption. J’avais vraiment l’impression que l’on pouvait gagner », se remémore Pierre Paquette.

Et aujourd’hui, briguerait-il de nouveau les suffrages? « Il faudrait une circonstance particulière, mais ce n’est pas moi qui m’imposerais, qui ferais les premiers pas », de répondre l’ancien député.

On peut dire aujourd’hui que Pierre Paquette est en semi-retraite puisqu’il donne encore des cours à l’occasion au Collège André-Grasset.

 

 

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