29 juin 2022 - 08:10
Menacé d’expropriation par la Municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel
L’entrepreneur Gaétan La Madeleine déplore les actions du conseil municipal
Par: Alexandre Brouillard

Gaétan La Madeleine et son père, Maurice La Madeleine, sont préoccupés par le processus d’expropriation entamé par la Municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel. Photo Pascal Cournoyer | les 2 Rives ©

Faute d’entente avec le propriétaire et entrepreneur Gaétan La Madeleine concernant l’achat de son terrain situé au 1, rue Marianne à Sainte-Anne-de-Sorel, la Municipalité a entamé, à son grand désarroi, une démarche d’expropriation à son endroit.

Depuis qu’il s’est porté acquéreur, il y a plusieurs mois, du terrain et de l’ancienne maison du docteur Normand Sullivan située au 1, rue Marianne à Sainte-Anne-de-Sorel, pour y construire un immeuble à logements multiples, Gaétan La Madeleine a vécu plusieurs litiges avec la Municipalité, qui ont récemment culminé avec un processus d’expropriation.

Rappelons que depuis l’hiver dernier, les deux parties souhaitent s’entendre sur un échange de terrains et établir un montant forfaitaire pour que la Municipalité puisse procéder au réaménagement du parc Henri-Letendre et pour que Gaétan La Madeleine soit en mesure de construire son bâtiment.

La situation se retrouve maintenant dans un cul-de-sac, puisque l’offre de la Municipalité issue de l’évaluation d’une firme spécialisée ne correspond pas aux attentes de l’entrepreneur. Selon ce dernier, la Municipalité lui a offert un montant d’environ 350 000 $, lui qui espérait plutôt un montant avoisinant les 700 000 $.

« M. La Madeleine n’est pas d’accord avec les résultats de la firme d’évaluation. C’est malheureux, mais quand il n’y a pas d’entente, la Municipalité y va avec le mécanisme d’expropriation. […] C’est un terrain avec une importance extrême pour la collectivité. Il faut penser aux générations futures », indique le maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Michel Péloquin.

Dérouté par la décision de la Municipalité d’entreprendre des démarches d’expropriation, Gaétan La Madeleine assure que son projet n’aurait pas empêché les citoyens d’accéder au fleuve. « Le bord de l’eau appartient à tout le monde, mentionne-t-il. Dans le respect, j’aurais permis aux citoyens d’accéder au terrain. J’avais même proposé à la Municipalité de ne pas clôturer le terrain pour faciliter l’accès au fleuve. »

Un montant inacceptable, selon l’entrepreneur

Lorsque récemment convoqué par la Municipalité au centre de services municipaux pour prendre connaissance de la valeur du terrain établie par la firme, Gaétan La Madeleine s’est dit « très déçu ».

« Mes deux bras sont tombés, lance l’entrepreneur. Depuis que je suis propriétaire de l’endroit, j’y ai investi environ 700 000 $. L’évaluateur engagé par la Municipalité ne m’a même pas contacté pour savoir ce que j’ai fait avec le terrain. J’ai fait faire un test de sol, tout gazonné, etc. »

Gaétan La Madeleine compte d’ailleurs faire évaluer son terrain par une firme spécialisée dans les prochains jours.

En plus du prix, M. La Madeleine déplore les divisions proposées par la Municipalité. « Sainte-Anne-de-Sorel aurait 23 000 pieds carrés au bord de l’eau, tandis que moi j’aurais 26 000 pieds carrés. Ce n’est pas suffisant pour construire mon projet », soutient-il.

Questionné concernant le montant de l’évaluation présenté à l’entrepreneur, Michel Péloquin affirme ne pas pouvoir répondre aux questions portant sur ce sujet. « Il a sa méthode de calcul à lui et c’est justement là-dessus que ça ne fonctionne pas. On ne s’entend pas sur les méthodes de calculs », indique-t-il.

Quant aux divisions des terrains proposées par la Municipalité, le maire prétend n’avoir jamais vu ces données. « C’est la première fois que j’entends parler de ça », assure-t-il.

Une succession d’événements

L’objectif de la Municipalité est d’agrandir considérablement le parc Henri-Letendre et protéger la vue panoramique sur le fleuve Saint-Laurent et une partie de ses îles.

Le 10 janvier dernier, le conseil municipal sainte-annois avait franchi une étape importante vers son objectif en adoptant à l’unanimité un projet de règlement modifiant le zonage de deux lots adjacents au parc situé à l’angle des rues du Quai et de la Rive.

Pour réaliser ce projet, la Municipalité devait aussi s’entendre avec Gaétan La Madeleine qui possède le lot requis au 1, rue Marianne. Toutefois, ce dernier avait été dans l’obligation de mettre son projet sur pause en mai 2021, lorsque la Municipalité avait décidé d’imposer une réserve foncière.

Le maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Michel Péloquin, avait alors indiqué au journal Les 2 Rives que le projet de l’entrepreneur était « inacceptable pour plusieurs raisons ». Parmi les considérants, il citait entre autres un possible problème de cohabitation avec la descente de bateau et un risque d’augmenter considérablement le trafic dans le quartier.

Irrité et menotté par la réserve foncière, Gaétan La Madeleine avait tout de même soumis une nouvelle proposition au conseil municipal dans l’espoir de construire son logement pour aînés. « Le CCU [Comité consultatif d’urbanisme] de la Municipalité approuvait mon plan après m’avoir renvoyé trois fois à la table à dessin. Le plan respectait le PEAI [Plan d’implantation et d’intégration architecturale] », assure-t-il.

Une nouvelle proposition que Michel Péloquin avait jugé pertinente. « Presque l’ensemble des aspects négatifs disparaissent. […] Je crois que c’est une option gagnant-gagnant », avait soutenu le maire en janvier dernier.

Par ailleurs, lorsque rejoint par le journal en janvier 2022, l’entrepreneur se disait ouvert à négocier pour échanger lesdits terrains, si la Municipalité ajoute une compensation financière pour la perte de l’accès au bord du fleuve Saint-Laurent.

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