24 septembre 2024 - 08:07
Bloc d’énergie refusé
L’entreprise Les Forges de Sorel n’a pas dit son dernier mot
Par: Stéphane Fortier

Louis-Philippe Lapierre-Boire, président-directeur général de l’entreprise Les Forges de Sorel, entend bien refaire une nouvelle demande pour un bloc d’énergie. On le voit ici devant la toute nouvelle presse hydraulique. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

La nouvelle presse hydraulique aidera l’entreprise à décarboner ses activités. Photo NathB

Malgré le refus de Québec essuyé par l’entreprise Les Forges de Sorel à propos de l’obtention d’un bloc d’énergie pour son projet de conversion et remplacement des fours au gaz naturel pour les procédés de forgeage et traitement thermique, le président-directeur général (PDG) Louis-Philippe Lapierre-Boire n’a pas l’intention de baisser les bras et entend bien récidiver dans sa demande.

Un tel bloc d’énergie donnerait 16 mégawatts voire 20 mégawatts supplémentaires, lesquels contribueraient à réduire son empreinte carbone, donc réduire les gaz à effet de serre.

D’entrée de jeu, il convient de rappeler qu’en 2024, le seul projet retenu en Montérégie parmi toutes les demandes de raccordement au réseau d’Hydro-Québec a été celui de l’entreprise Tiandingfeng (TDF) Canada qui compte s’établir à Sorel-Tracy.

Le 16 juin dernier, après deux ans d’attente, l’entreprise Les Forges de Sorel recevait une lettre de refus. « On nous a donné comme raison qu’il n’y avait plus de blocs d’énergie disponibles. C’est un peu court comme raison étant donné la multiplicité des critères exigés pour qu’une demande soit acceptée. Nous aurions dû avoir droit à une grille d’évaluation, mais nous n’avons eu droit à aucun détail », déplore Louis-Philippe Lapierre-Boire, PDG de l’entreprise.

« Il y a eu une mauvaise compréhension de la valeur et de l’impact économique de notre projet s’il ne se concrétisait pas. Cet aspect a-t-il été évalué? Si ce projet ne se concrétise pas, on devra payer de plus en plus cher de crédit carbone. Actuellement, on paye 40 $ pour une tonne de CO2 et en 2030, cela pourrait être 100 $ la tonne. Bon an mal an, nous émettons 40 000 tonnes de CO2 par année. Faites le calcul », fait-il remarquer, en ajoutant qu’ils sont les seuls en Amérique à devoir assumer un coût supplémentaire de ce genre.

« Chaque année, je deviens de moins en moins compétitif pour cette raison et pourtant, nous sommes dans un marché où nous avons la possibilité d’être plus verts », se désole M. Lapierre-Boire.

Le PDG précise que malgré ce refus, les pertes d’emplois ne seront pas nombreuses. « Nous avons des plans alternatifs. Actuellement, nous sommes en mesure de réaliser plein de choses. Nous allons réduire nos gaz à effet de serre, de toute façon, en s’associant avec d’autres partenaires, d’autres entreprises, aller chercher l’énergie ailleurs. On va trouver notre chemin, car il est important pour nous de protéger nos emplois. Toutefois, si je ne fais rien, je perds en compétitivité », insiste-t-il.

Actuellement, l’entreprise compte 300 employés. Au plus fort, on parle de 320 à 340 employés, qui sont payés entre 40 $ et 50 $ l’heure pour la plupart.

Être mieux armé la prochaine fois

L’entreprise les Forges de Sorel entend bien refaire une nouvelle demande pour un bloc d’énergie, car M. Lapierre-Boire et son personnel croient fermement à la décarbonation. « La première demande a été formulée par notre entreprise seule. Je pense que cela aurait probablement aidé en se dotant de partenaires économiques. Il est possible que nous aurions eu plus d’accès, en amont, avec les gens du ministère », pense le PDG, tout en émettant quand même des doutes. « On ne pensait pas qu’on en avait besoin à ce moment. On ne pensait pas que cela aurait été une joute politique, on ne pensait pas que l’on devait avoir à politiser la demande. Arriver avec une coalition, c’est comme faire du lobbying », poursuit-il.

Deux années se sont écoulées avant d’avoir une réponse. « On s’est dit que si on faisait une nouvelle demande, ce serait plus long, qu’on aurait perdu notre tour et notre place sur la liste d’attente serait loin au bas de la liste. Mais cette fois, on a bien l’intention d’impliquer des partenaires, ne pas arriver au front tout seul », fait remarquer M. Lapierre-Boire, qui mentionne avoir rencontré la Chambre de commerce récemment.

En plus, une rencontre entre Hydro-Québec et l’entreprise est prévue sous peu.

L’union fait la force

Pour Vincent Deguise, préfet de la MRC de Pierre-De Saurel et maire de Saint-Joseph-de-Sorel, où se situe l’entreprise, se doter de partenaires pour faire une telle démarche est une meilleure idée que de faire cavalier seul. « C’est une force supplémentaire. Ici, dans la région, on s’est habitué à travailler de cette façon. Supporter les initiatives régionales se veut une force de frappe importante dans l’optique d’une démarche auprès de nos institutions », assure M. Deguise.

En même temps, collaborer c’est bien beau, mais encore faut-il connaître les projets qui sont en marche, selon lui. « Nous sommes toujours prêts à vendre les projets de nos entreprises et je crois qu’une entreprise doit bien s’entourer pour faire quelque démarche que ce soit quand on s’adresse au politique », pense le préfet.

De son côté, le député de Richelieu, Jean-Bernard Émond, s’est engagé à appuyer l’entreprise soreloise. « Les Forges de Sorel occupe une place importante dans notre économie régionale, et l’entreprise peut compter sur mon appui. J’ai eu plusieurs rencontres avec les dirigeants et nous continuerons de les accompagner dans leurs projets de développement, comme nous l’avons fait récemment avec Investissement Québec pour l’acquisition de la presse principale, un investissement de plus de 19 M$ », a indiqué le député caquiste.

La presse hydraulique, une fierté

Parlant de cet investissement majeur, la nouvelle presse de 6700 tonnes arrivée récemment aux Forges de Sorel fait la fierté de tous. « Cette presse est là pour les prochains 85 ans. Nous sommes très excités et très satisfaits. C’est un gros jalon de notre entreprise. C’est la pièce centrale et la plus grosse pièce des Forges. Elle va nous rendre plus compétitifs et plus efficaces et elle prend beaucoup moins d’énergie », souligne Louis-Philippe Lapierre-Boire.

L’augmentation de la force de la presse permettra d’effectuer plus de déformations par chauffe et ainsi diminuer le temps de chauffage total par pièce réduisant l’empreinte carbone de cette étape du procédé. Le nouveau design et le type de fabrication rendront l’équipement plus rigide, améliorant la précision et diminuant les pertes.

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