28 septembre 2022 - 09:52
Pénurie de main-d’œuvre chez les enseignants
L’épuisement professionnel est redouté par le syndicat
Par: Stéphane Martin

La présidente du syndicat de l’Enseignement du Bas-Richelieu, Lisette Trépanier, craint que des enseignants soient épuisés à force de prendre des groupes supplémentaires. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le syndicat de l’Enseignement du Bas-Richelieu tient à nuancer les propos de la direction du Centre de services scolaire (CSS) de Sorel-Tracy qui affirme dans les médias qu’il n’y a actuellement aucun poste vacant chez les enseignants réguliers.

Un article paru la semaine dernière dans le SorelTracy Magazine rapportait que la pénurie de main-d’œuvre chez les enseignants se faisait moins sentir dans le CSS de Sorel-Tracy. « Il est certain que la pénurie de personnel touche l’ensemble de la province et les différents corps d’emploi. […] À l’heure actuelle, aucun poste régulier au niveau des enseignants n’est vacant. Il n’y a que très peu de postes à temps partiel ou en remplacement qui sont touchés », laissait savoir la directrice des Services du secrétariat général et des communications, Laurence Cournoyer.

« Je comprends les dirigeants du Centre de services de parler ainsi, car c’est vrai sur papier, mais sur le terrain, c’est une autre histoire. Il y a plusieurs enseignants qui font plus que 100 % de leur tâche. Ce sont des gens généreux avec un grand cœur qui ont accepté de prendre des groupes supplémentaires qui, autrement, se seraient retrouvés sans enseignant. Ils le font pour ne pas abandonner les élèves. C’est une plus grosse tâche qu’ils acceptent, mais ils ne feront pas ça toute leur carrière, car ils s’exposent à l’épuisement professionnel », rétorque la présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu, Lisette Trépanier.

Enseignants non qualifiés

Selon Mme Trépanier, une autre problématique soulevée est l’abondance d’enseignants non qualifiés qui œuvrent au sein du CSS.

« Sur des chaises d’enseignants, on retrouve des techniciennes en éducation spécialisée (TES) et des éducatrices en service de garde. Il y a déjà des pénuries dans ces champs d’activités. L’enseignante qui a un groupe difficile et qui a besoin d’une TES n’y a pas accès parce que les TES sont assises sur des chaises d’enseignantes. »

Loin de lancer la pierre à ceux qui acceptent la tâche d’enseignant sans être pleinement qualifiés, Mme Trépanier relève toutefois certaines lacunes. « Ils n’ont pas la formation sur la gestion de classe, sur la façon d’évaluer et de faire les bulletins. Les enseignants qualifiés me disent être épuisés d’aider leurs collègues. Ils se sentent obligés d’aller voir les moins formés pour leur donner un coup de main. La tâche est déjà très lourde et a été malmenée depuis des années, tous gouvernements confondus. »

En cette campagne électorale provinciale, la présidente syndicale espère un futur gouvernement plus à l’écoute de la classe professorale. « On souhaite un gouvernement qui prouve qu’il fait de l’éducation une priorité. La première chose à faire est d’écouter les enseignants qui sont sur le terrain et qui savent ce qu’il manque et ce qui ne va pas. Souvent, on étudie les grands principes avec un paquet de monde qui ne provient pas de l’enseignement. Il faut revenir à la base pour que les gens aient à nouveau le goût de venir en enseignement et demeurent un peu plus longtemps dans le réseau avant de prendre leur retraite », de conclure Mme Trépanier.

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