3 juin 2022 - 07:02
Taux de mortalité élevé chez les abeilles
Les apiculteurs de la région frappés de plein fouet cette saison
Par: Deux Rives

André Allard, qui a perdu plusieurs abeilles après cet hiver, ne voit pas encore la lumière au bout du tunnel. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Par la rédaction

En raison d’un virulent parasite et de changements de pratiques dans le domaine agricole, les apiculteurs de la région entrevoient une autre saison difficile cette année. Au cours des deux dernières décennies, ceux-ci ont fait face à plusieurs problèmes et certains enregistrent des pertes annuellement les obligeant à faire preuve d’ingéniosité afin de poursuivre leurs activités.

Le producteur de miel et apiculteur de Sainte-Victoire-de-Sorel, André Allard, estime qu’il a perdu entre 5 % et 25 % de ses colonies d’abeilles après l’hivernement au fil des ans. Selon lui, ces pertes sont dues à plusieurs facteurs, notamment le virus « varroa destructor ».

« Nous avons eu un méchant réveil en 2003 lors de l’apparition de ce virus et à cette époque, nous n’avions pas encore de produits pouvant nous aider qui étaient homologués. On vit maintenant avec ça depuis de nombreuses années. On ne fait pas face à un seul problème, mais à une multitude. Ils s’accumulent et affectent nos ruches. Nous avons eu un bel été l’an dernier, probablement que le varroa a pris de l’ampleur et a affaibli nos ruches. Ce printemps, en jasant avec d’autres apiculteurs, on constate que nous sommes tous affectés, certains bien plus que nous ici, avec des pertes de 50 % à 90 % de leurs ruches », mentionne-t-il.

Lueur d’espoir

Pour aider ses abeilles, dispersées dans 125 ruches, à survivre à ce parasite qui se nourrit des liquides organiques des abeilles mellifères les blessant et en les rendant plus fragiles, M. Allard a mis en place plusieurs stratégies dans les dernières années.

Il traite entre autres celles-ci dès leur sortie au printemps avec des huiles naturelles et au cours de l’été, il effectue un suivi plus intense. Cette situation est très différente de ses débuts dans les années 1980. D’ailleurs, l’apiculteur ne voit pas encore une lumière au bout du tunnel.

« Avant, nous avions peu de pertes et celles-ci étaient causées par notre négligence. Je vais me croiser les doigts pour les prochaines saisons. Mes confrères font eux aussi tout ce qu’il faut pour ne pas perdre leur cheptel, mais on a un peu de difficulté à mettre le doigt sur le bobo. On connaît plusieurs changements. L’agriculture a évolué et aujourd’hui, tout coûte très cher et c’est le modèle économique qui prime. On ne leur jette pas de pierres, mais les agriculteurs doivent suivre la parade même s’ils fournissent des efforts. Peut-être qu’éventuellement, nous serons plus capables de contrôler nos ressources, mais il n’y a rien de sûr », souhaite-t-il.

En attendant, M. Allard voit d’un très bon œil les changements s’opérant auprès du gouvernement du Québec qui encadrera mieux l’utilisation de pesticides comme les néonicotinoïdes, sans toutefois les interdire. De plus, la population est de plus en plus sensibilisée à l’importance des insectes pollinisateurs qui contribuent à la biodiversité et pour lesquelles nous devons laisser nos pelouses sans tonte au mois de mai.

« La rareté des abeilles affecte beaucoup la pollinisation et ainsi la production de fruits et de légumes. Il manque 1100 ruches à un de nos clients au Lac Saint-Jean pour compléter sa production cette année. Les abeilles et les ruches sont rendues chères sur le marché. Le succès du volume de production de plusieurs d’entre eux est relié directement à l’abeille domestique. On se doit de laisser celles-ci profiter des fleurs au printemps », conclut l’apiculteur.

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