9 mars 2022 - 03:00
Les conditions de travail des paramédics s’effritent
Par: Katy Desrosiers

Le président du secteur Sorel-Tracy du syndicat FTPQ-SCFP-7300 des paramédics, Maxime Godin Boulianne et son vice-président Bruno Ostiguy ont manifesté devant le bureau du ministre de la Santé Christian Dubé, à La Prairie, le vendredi 4 mars. Photo gracieuseté

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Avec les années, la population augmente et les appels aux paramédics aussi. Il n’est plus rare que ceux-ci doivent faire du temps supplémentaire et enfiler 16 heures de travail. Malgré tout, le nombre d’ambulances pour couvrir le territoire n’augmente pas.

Le président du secteur Sorel-Tracy du syndicat FTPQ-SCFP-7300 des paramédics, Maxime Godin Boulianne, constate que le quotidien des paramédics n’est plus ce qu’il était quand il a commencé il y a sept ans.

Le territoire, comprenant la MRC de Pierre-De Saurel, Contrecœur et Saint-Louis, compte sur une quarantaine de paramédics, trois ambulances le jour et deux la nuit. Ce qui est très peu, selon le président local du syndicat, surtout étant donné que les patients de Contrecœur doivent être transportés à l’Hôpital Pierre-Boucher à Longueuil et ceux de Saint-Louis à l’Hôpital Honoré-Mercier à Saint-Hyacinthe.

« C’est déterminé en fonction du nombre d’appels par année, mais ça fait des années qu’on n’a pas eu d’ajouts d’ambulances. Pourtant, la population de Contrecœur a doublé. La population augmente et est de plus en plus vieillissante. On a de plus en plus d’appels », note M. Godin Boulianne.

Il avoue que certaines journées, il est même impossible d’arrêter pour manger.

« Au début, on avait plus de pauses. Aujourd’hui, on ne mange pas, on répond à des appels un après l’autre, on se fait sortir de l’hôpital [car d’autres ambulances arrivent]. Il y a beaucoup de relève, des gens de Belœil, de Longueuil, qui répondent à des appels ici. Ça augmente les délais et ce n’est pas très bon pour les patients », déplore-t-il.

Les paramédics à temps partiel peuvent être appelés à travailler de jour, de soir, de nuit et de fin de semaine. Ceux à temps plein ont un horaire fixe, mais avec des quarts de travail de 12 heures la majorité du temps. Pour sa part, M. Godin Boulianne travaille de 7 h à 19 h.

Il admet qu’il termine rarement ses journées à 19 h puisqu’il y a souvent des appels de fin de quart. Avec le manque criant de paramédics, le temps supplémentaire obligatoire est aussi chose courante.

« On fait notre shift de 12 heures et notre superviseur nous appelle pour nous dire qu’on est obligé de faire un autre quatre heures parce qu’il manque quelqu’un sur l’autre quart de travail. Donc ton partenaire et toi, vous devez décider qui reste. On fait un 16 heures et on doit rentrer le lendemain », explique-t-il.

Un travail changé par la pandémie

Le paramédic ajoute que le travail a changé avec la pandémie. Entre autres, l’équipement à porter pour se rendre chez les patients est plus imposant, particulièrement lorsque le patient est positif à la COVID-19.

« On met des jaquettes, des masques N95, des lunettes, des gants. Des fois on doit mettre deux paires de gants parce que les gens ont la COVID. On rentre chez les gens qui sont atteints, on se rend dans leur chambre, on met nos genoux dans leur lit. On est vraiment dans leur milieu, dans leur environnement personnel », raconte M. Godin Boulianne.

Le syndicat déplore également que les paramédics doivent se battre pour que leur travail soit reconnu à sa juste part et pour obtenir les primes liées à la COVID annoncées par le gouvernement.

« On contribue au système, mais comme on est gérés par des compagnies privées, on ne nous reconnaît pas dans le système de santé », mentionne-t-il.

« Nos tâches se complexifient et s’accumulent sans cesse, mais nos conditions, elles, ne sont pas du tout représentatives du travail et l’énergie que nous mettons à assurer la sécurité de la population », conclut M. Godin Boulianne.

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