31 juillet 2018 - 07:00
Suivi de la Une du mardi 24 juillet
Les cormorans toujours considérés nuisibles par le ministère de la Faune
Par: Stéphane Martin

Les cormorans continuent d'être actifs sur l'île Plate malgré l'opération du ministère de la Faune le 16 juillet dernier. (Photo : gracieuseté/Roxanne Mandeville)

C’est bel et bien de l’abattage systématique de cormorans à aigrettes afin d’en contrôler la population qui a été effectué le 16 juillet par le ministère de la Faune sur le banc de sable près de l’île Plate, à Sainte-Anne-de-Sorel.

C’est ce que confirme Philippe Brodeur, biologiste au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

« Annuellement, c’est une soixantaine d’oiseaux, surtout des adultes, qui sont abattus dans le secteur. L’opération revient depuis 2012 et a pour but de faire diminuer l’abondance de cet oiseau qui est considéré comme un grand prédateur pour la perchaude. »

Les biologistes profitent de cet abattage pour étudier le contenu des estomacs des oiseaux, mais ce n’est pas le but premier de l’opération. De l’épandage d’huile dans les nids afin de rendre les œufs non viables est également effectué depuis 2008.

« En 2004, on comptait environ 1 000 couples nicheurs et aujourd’hui, la population a chuté de 90% », ajoute M. Brodeur.

Le cormoran à aigrettes, ce mal-aimé

Détesté des pêcheurs parce qu’il avale une énorme quantité de poissons, le cormoran à aigrettes ne serait qu’une partie du problème du déclin de la perchaude dans le lac Saint-Pierre.

« C’est important de démystifier tout ça, argumente Philippe Brodeur. La prédation du cormoran n’est pas à l’origine de l’effondrement de la population de perchaudes, mais elle exerce une pression supplémentaire sur une population déjà fragilisée. La perchaude a souffert de la perte de ses habitats, entre autres, par la conversion des terres agricoles dans les plaines inondables et la perte des herbiers aquatiques. Les cormorans ne sont qu’une partie du problème. On en convient, mais tant que la population de la perchaude ne sera pas en hausse, l’abattage demeure pertinent. »

Le cormoran à aigrettes ne semble pas nuire à la population de la perchaude sur d’autres plans d’eau. Le biologiste a une explication à ce sujet.

« C’est le cas aux lacs Saint-François et Saint-Louis. Il faut comprendre que ces bassins sont en excellente santé et que les conditions d’habitat sont favorables comparativement au lac Saint-Pierre. »

Selon le dernier rapport de l’État du stock de perchaudes du lac Saint-Pierre réalisé en 2017 par l’Université du Québec à Trois-Rivières, les mesures de protection déployées au cours des dernières années ont permis à la perchaude de se maintenir, mais à un niveau d’abondance relativement faible.

À l’exception de l’archipel, où l’abondance de la perchaude est demeurée faible, mais stable, la situation de l’espèce montre certains signes d’amélioration depuis 2012. Cette année-là, Québec a instauré un moratoire de cinq ans – qu’elle a prolongé de cinq ans en 2017 – empêchant les gens de pêcher la perchaude dans le lac Saint-Pierre.

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