Mais si vous pensiez que les Éperviers de Sorel-Tracy et les 3L de Rivière-du-Loup avaient disputé un match interminable lors du premier match de la finale de la LNAH avec une durée de 108 minutes et 52 secondes, battant ainsi un record de la ligue, c’était de la petite bière, comparé au sixième match qui a nécessité six périodes de prolongation et qui a duré 161 minutes et 33 secondes.
Mark Beckstead a joué les héros, marquant le but décisif à 1:33 de la sixième prolongation grâce à un tir puissant qui a trompé la vigilance du gardien des 3L, Étienne Montpetit lequel, il faut bien l’admettre, a été phénoménal devant le filet, tout comme Philippe Desrosiers des Éperviers qui a été élu joueur le plus utile des séries éliminatoires 2025. En 15 rencontres, le cerbère de Sorel-Tracy a présenté une excellente fiche de 12-2-1 et un impressionnant taux d’efficacité de 0,945. Lors du sixième match, il a réalisé pas moins de 84 arrêts sur 86 tirs.
Après avoir remporté le cinquième match de manière décisive jeudi par la marque de 6 à 2 au Colisée Cardin, donnant les devants 3-2 aux Éperviers dans cette série finale, il y a eu ce sixième match le vendredi à Rivière-du-Loup, là où les Éperviers n’avaient pas encore connu la victoire en finale.
« On avait 11 victoires en banque et je savais que la 12e serait difficile à aller chercher. Malgré le retard de 2 à 0 en première période, nous avions pourtant bien fait. En troisième, on a pu égaliser les chances et j’ai dit au gars qu’il ne fallait pas aller chercher le troisième but à tout prix, désespérément, avant la fin de la période, que nous serions capables de jouer longtemps, mais je ne m’attendais pas à jouer longtemps à ce point-là », de dire l’instructeur-chef Christian Deschênes, avec ironie.
Des crampes en masse
« Je me disais qu’en début de prolongation, il fallait réduire les chances de marquer de l’adversaire, qu’il fallait rester attentif, concentré. Mais plus le temps passait, plus je perdais des joueurs à cause de crampes. Je pense, outre les joueurs, que la personne qui a travaillé le plus fort, c’est notre thérapeute, qui elle aussi, commençait à être épuisée », commente le coach.
Christian Deschênes raconte que lui et ses joueurs sont passés par toute la gamme des émotions. « Rendu à un certain stade, on avait l’impression que tout se passait au ralenti. »
Le restaurant de l’aréna, devant fermer à cause de l’heure tardive, les Éperviers n’ont eu d’autre choix que d’aller au ravitaillement dans les dépanneurs du coin, se procurer, entre autres, des boissons énergisantes et autres produits contenant des électrolytes, histoire de s’assurer que les joueurs aient assez d’énergie et pour éviter des cas d’hypoglycémie, notamment. « Nous ne voulions pas perdre des joueurs et mettre leur santé en péril », mentionne Christian Deschênes.
Ce dernier se souvient que lui et le coach adverse se regardaient, se demandant quand tout cela finirait. Qui aurait pensé que Mark Beckstead mettrait fin à ce duel à 3 h 15 du matin? « Vous savez, ces joueurs ne s’entraînent pas la semaine. Ils ont leur travail ou ils sont étudiants. Lundi, leur routine recommençait. Ils ne s’en allaient pas se faire dorer dans le sud pour se reposer comme les professionnels », rappelle Christian Deschênes.
L’instructeur-chef des Éperviers rappelle que c’est toujours spécial de remporter un championnat. « On ne s’habitue pas. C’est tellement d’efforts, tellement un incroyable dépassement de soi. Et la victoire, tu y gouttes, tu la savoures. La plupart des joueurs n’avaient jamais gagné un championnat. On pense toujours que ces chances vont revenir, mais on ne sait jamais quand cela se manifestera », de conclure Christian Deschênes, qui n’avait plus de voix le lendemain de la victoire des siens.
Il s’agit donc du troisième titre de l’histoire de la concession et pour Christian Deschênes, les précédents remontent à 2018 et 2019. Le capitaine André Bouvet-Morrissette et le Sorelois Charles Tremblay sont les seuls joueurs à avoir pris part aux trois conquêtes. Le défenseur sorelois Julien Bahl, quant à lui, faisait partie de l’alignement en 2019 ainsi qu’en 2025.
Rappelons que pour remporter la coupe, les Éperviers ont successivement éliminé les Marquis de Jonquière, le National de Québec, puis les 3L de Rivière-du-Loup.
« Je leur ai dit que s’ils ne scoraient pas, on passerait la nuit ici »
Immédiatement après avoir reçu le trophée de joueur le plus utile des séries, le gardien de but Philippe Desrosiers, tel un coéquipier exemplaire, a vanté l’équipe devant lui.
« Au cours des périodes de prolongation, je n’ai jamais pensé que j’allais accorder un but. Je me sentais en confiance grâce au travail de notre défensive. C’est toute l’équipe qui mérite le trophée de joueur le plus utile », raconte Philippe Desrosiers, en entrevue.
« J’ai visionné la prolongation et honnêtement, je trouve qu’on a bien joué. J’avais confiance que nous gagnerions, mais pas que cela soit aussi long », ajoute le gardien.
Daniel Archambault, l’entraîneur adjoint de Christian Deschênes, a demandé à Philippe, à la cinquième période de prolongation, de parler aux joueurs. « Je leur ai dit que s’ils ne scoraient pas, on passerait la nuit ici parce qu’il était hors de question que j’accorde un but. Les gars ont ri. Cela a détendu l’atmosphère », raconte le portier des Éperviers.
Lorsque Mark Beckstead a compté le but vainqueur, Philippe Desrosiers a ressenti une grande vague de bonheur, cela va de soi. Ce dernier a également eu de bons mots pour son adversaire des 3L, Étienne Montpetit. « Il a été redoutable », souligne-t-il.
Et l’année prochaine? « Je serai de retour si je figure dans les plans de Christian », annonce humblement Philippe Desrosiers.