27 juillet 2021 - 07:13
Taux d’occupation élevé à l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sorel
Les infirmières dénoncent une situation qu’elles jugent critique
Par: Jean-Philippe Morin

L’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sorel déborde, ce qui crée une surcharge pour les infirmières et infirmières auxiliaires, qui ont lancé un cri du cœur la semaine dernière. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Les infirmières de l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sorel n’en peuvent plus d’effectuer du temps supplémentaire obligatoire (TSO). Elles ont organisé deux sit-in, les 18 et 20 juillet derniers, afin de manifester leur mécontentement et faire part de leur épuisement à l’employeur.

Si le sit-in du dimanche n’a duré qu’une heure, celui de mardi a duré cinq heures en tout. Ce sont les infirmières elles-mêmes qui ont décidé de retourner sur le plancher, vers 13 h. La semaine dernière, l’urgence était occupée, à un moment, à 129 % de capacité (17 lits pour 22 patients).

« C’est vraiment triste ce qui se passe à Sorel présentement. On espère que ça va revirer de bord assez vite », indique la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Est (FIQ SPSME), Brigitte Petrie, qui a d’ailleurs écrit une lettre ouverte destinée à la PDG du CISSS de la Montérégie-Est, Louise Potvin, le 22 juillet, afin de dénoncer la situation. Elle est disponible dans son intégralité ici.

« Mardi matin [le 20 juillet], avant le sit-in, les infirmières étaient rendues à 62 TSO en 10 jours. Et ça continue toujours. C’est une toute petite équipe de 20-25 infirmières et infirmières auxiliaires, alors leur tour revient vite. Le sit-in n’est pas très populaire à Sorel habituellement, alors que c’est une pratique courante dans d’autres établissements. Elles ont choisi ce moyen pour s’exprimer. De notre côté, on n’encourage pas les sit-in [NDLR : puisqu’il s’agit d’une manœuvre illégale], mais on accompagne nos membres là-dedans », ajoute Mme Petrie.

Le manque de main-d’œuvre perdure depuis longtemps, mais surtout depuis juin, donc avant les vacances, soutient Brigitte Petrie. Des rencontres étaient prévues, la semaine dernière, entre le syndicat et les employées.

« On comprend leur message, on le martèle. On sait que c’est tout le Québec qui a ce problème, mais on veut vraiment protéger nos infirmières. Des rencontres sont prévues au niveau national entre la FIQ et le ministre. Si ça continue comme ça, on ne traversera pas l’été, il reste encore un mois et demi! Déjà, des infirmières nous disent qu’elles vont aller voir leur médecin pour se faire arrêter ou veulent carrément démissionner », déplore-t-elle.

La FIQ SPSME demande donc à ses membres de bien évaluer si elles ont la capacité d’effectuer du TSO. Selon Mme Petrie, l’employeur est en mode action depuis le 18 juillet afin de trouver des solutions en comité de direction.

« Un plan d’action devrait être proposé au personnel. D’ici ce temps, des solutions comme le détournement d’ambulances et la création de corridors de services avec d’autres hôpitaux sont envisagées, mais des TSO ont toujours lieu malgré tout. Maintenant qu’il y a moins de COVID, les gens ont moins peur d’aller à l’urgence, mais il faut marteler qu’il y a peut-être d’autres solutions que l’urgence », conclut la présidente du syndicat.

Une campagne éducative

Le CISSS de la Montérégie-Est ne nie pas que la situation est difficile à l’Hôtel-Dieu de Sorel, notamment en raison de la pénurie de main-d’œuvre et des vacances.

L’organisation travaille à minimiser ces impacts et une des façons pour y arriver est le lancement, le 21 juillet dernier, d’une campagne éducative sur les réseaux sociaux.

Celle-ci vise à sensibiliser la population aux alternatives à l’urgence pour des problèmes de santé mineurs. Sur la thématique de « Le Saviez-vous? », sept capsules offrent différentes options telles que le service Info-Santé 811, le service Info-Social 811, les CLSC qui offrent un accès privilégié à des IPS (infirmières praticiennes spécialisées), infirmières et intervenants, les médecins de famille, les pharmaciens communautaires, etc.

« Chaque année, la période estivale est difficile dans nos urgences, notamment en raison des vacances. Cette année ne fait pas exception à la règle. Plusieurs personnes se rendent dans les urgences pour des problèmes de santé mineurs puisqu’ils ne connaissent pas les alternatives. Cette campagne vise ainsi à éduquer la population » , soutient le Dr Jocelyn Dodaro, chef du département des urgences du CISSS de la Montérégie-Est.

Le CISSS croit qu’en orientant mieux les usagers qui ont besoin de répondre à des besoins de santé mineurs, on améliore aussi l’accès aux soins pour les personnes qui nécessitent d’être pris en charge rapidement.

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