« C’est sûr qu’il y a eu une baisse au niveau de l’achalandage au CJE à cause de la COVID. On faisait des rencontres au téléphone ou par Teams et ç’a pris un certain temps avant que ça redevienne comme avant. Depuis septembre 2022, les jeunes sont de retour, prennent des rendez-vous et viennent nous rencontrer pour de l’aide dans leur recherche d’emploi », explique la conseillère en emploi au CJE, Sylvie Chalifoux.
Même dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, où les choix d’emploi sont plus nombreux pour les jeunes, ils n’hésitent pas à demander conseil, assure Mme Chalifoux. « Ils viennent nous voir parfois pour valider leur CV ou pour se pratiquer en entrevue. On cible avec eux des entreprises en fonction de leurs intérêts et de leur choix de carrière. On voit souvent qu’ils préfèrent avoir un moins bon salaire, mais être placés dans un emploi qui va leur servir pour le futur. Par exemple, un futur enseignant peut aller dans un camp de jour. »
Les conseils peuvent varier en fonction de la clientèle. Par exemple, pour un élève de troisième secondaire qui recherche un premier boulot, le CJE pourrait cibler une entreprise plus près de chez lui, facilement accessible à vélo. « Est-ce que le jeune est sociable? Aime-t-il mieux le service à la clientèle ou est-il plus manuel? On y va en fonction de son intérêt, et étant en contexte de pénurie de main-d’œuvre, il a plus de choix qu’avant », ajoute la conseillère en emploi du CJE.
Des changements
Sylvie Chalifoux travaille depuis une quinzaine d’années comme conseillère en emploi, dont sept au CJE. Elle a vu plusieurs changements au fil des années. « Avant, il fallait un CV impeccable, être très performant en entrevue. Aujourd’hui, c’est plus : « es-tu prêt à commencer demain?« (rires) Malgré ça, les jeunes viennent encore nous voir. La clientèle pose plus de questions et veut valider plus d’informations », constate-t-elle.
Un autre changement à travers les années est l’abondance de travail donné aux jeunes en raison de la pénurie de main-d’œuvre. « J’ai remarqué que souvent, des employeurs vont donner plus d’heures que prévu aux étudiants par manque de main-d’œuvre. Aussi, ils peuvent prendre moins de temps pour leur montrer le travail à faire. Notre rôle est aussi de sensibiliser les jeunes à ça. Si tu as 14, 15, 16 ans, on va t’expliquer les bases de la Loi sur les normes du travail, comme les abus à dénoncer. C’est important de bien les outiller », soutient Mme Chalifoux.
La conseillère en emploi donne d’ailleurs des ateliers dans des classes de troisième secondaire dans le cadre du cours Projet personnel d’orientation (PPO). « Je leur demande de lever la main s’ils travaillent et dans 95 % des cas, ils la lèvent. C’est parfois 10 heures par semaine, mais j’ai vu des 15, 20 et même 25 heures. La pénurie est tellement présente que ça peut faire décrocher des jeunes et le marché de l’emploi devient alléchant pour eux. Il faut faire attention à ça aussi », conclut-elle.