C’est le cas de l’usine soreloise des Fromageries Bel qui ne parvient pas à rouler à plein régime et doit se tourner vers l’importation afin de remplir les tablettes des supermarchés québécois. « L’usine est officiellement en production depuis août 2020. Notre première intention était d’avoir une équipe complète de trois quarts de travail à la fin de l’année 2020. Pour l’instant, on doit se contenter de deux équipes. Le chiffre de nuit demeure impossible à combler », commente le directeur de l’usine Bel de Sorel-Tracy et vice-président aux opérations, Thierry Vialard.
« Le résultat de ce manque de main-d’œuvre, ajoute-t-il, est que nous devons encore importer de France de 30 % à 40 % de nos fromages Mini Babybel rouge. Ce qui est dommage, c’est que nous serions capables de fournir le marché avec l’usine de Sorel-Tracy. En se tournant vers l’importation, c’est également les agriculteurs de la région qui écopent en produisant moins de lait que ce que l’usine serait capable de recevoir. »
Le département des ressources humaines a pourtant usé d’imagination afin de pallier la situation. « Nous avons l’impression d’avoir drainé ce que l’on pouvait drainer sur le marché local. Nous avons tenté d’élargir nos recherches vers la Rive-Sud de Montréal, nous avons tenté de trouver des méthodes de transport pour les travailleurs, mais ça n’a pas vraiment fonctionné. Nous nous sommes également tournés vers l’immigration. Nous avons fait venir du personnel de nos usines du Maroc et de la Côte d’Ivoire. Nous avons des travailleurs étrangers qui sont arrivés en janvier. Cependant, ce fut à peine suffisant pour consolider notre deuxième équipe de jour », ajoute le directeur.
La pandémie n’a certes pas aidé dans le recrutement de personnel. « Puisque le malheur des uns fait le bonheur des autres, au début nous avions de bons espoirs de recruter du personnel puisque plusieurs personnes ont perdu leur emploi en raison du confinement. Cependant, le gouvernement a mis en place des programmes pour les aider, et c’est une bonne chose, mais on n’a pas eu le bassin d’employés disponibles que l’on croyait avoir. Il y a aussi le fait de ne pas pouvoir tenir de salon de l’emploi. Malgré les offensives sur le web afin de se faire connaître, il y a toujours une partie de la population qui est moins branchée et que nous ne pouvons pas rejoindre comme on pourrait le faire lors d’un salon de l’emploi. Espérons maintenant que la vaccination nous ramène vers une normalité et que l’on puisse se repositionner sur le marché de la main-d’œuvre », de conclure M. Vialard.